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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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idéalistes ou des êtres profondément désespérés pour se lancer dans pareille aventure. Un homme sain d’esprit au fait de ce qu’était une armée aurait tourné le dos, consterné. Lui-même était souvent atterré.
    Mais oui, même seul, il serait venu quand même. La vie d’un homme ne pouvait se résumer à assurer sa subsistance au jour le jour. L’objectif était noble, plus noble peut-être que n’en avaient conscience tous ceux qui se battaient pour lui. Et s’il devait mourir en le défendant… il quitterait au moins ce monde en sachant qu’il avait contribué à l’améliorer. Après tout, il ne laisserait pas sa femme sans défense, contrairement aux autres épouses. S’il lui arrivait quelque chose, Claire saurait où aller.
    Il était de nouveau dans la rivière, faisant la planche et méditant, quand il entendit une exclamation de surprise émise par une voix féminine. Il se redressa aussitôt, ses cheveux mouillés lui collant au visage. En les écartant, il vit Rachel Hunter sur la berge, les mains plaquées sur ses yeux et tremblant de tout son corps.
    — Vous vouliez me voir, Rachel ? dit-il tout en cherchant ses vêtements.
    Elle tourna son visage dans sa direction, les mains toujours sur les yeux.
    — Ami James ! Ta femme m’a dit que je te trouverais ici. Je te demande pardon mais… Je t’en supplie, viens tout de suite !
    Sa voix se brisa et elle laissa retomber ses mains tout en gardant les paupières closes.
    — Mais que…
    — C’est Denny ! Les Anglais l’ont pris !
    Jamie sentit son sang se glacer.
    — Où ? Quand ? demanda-t-il en enfilant ses culottes. C’est bon, vous pouvez regarder maintenant.
    — Il est parti avec un autre homme, et ils se sont fait passer pour des déserteurs.
    Il se tenait sur la berge à ses côtés, sa chemise sur le bras. Il vit qu’elle tripotait fébrilement les lunettes de son frère dans la poche de son tablier.
    — Je lui avais pourtant dit de ne pas recommencer !
    — Moi aussi, maugréa Jamie. Vous en êtes sûre ?
    Elle acquiesça, pâle comme un linge et roulant d’immenses yeux affolés. Elle ne pleurait pas ; pas encore.
    — L’autre homme… Il vient de rentrer au camp et est accouru pour me prévenir. Il… il a dit que c’était un coup de malchance. Ils ont été conduits devant un capitaine. Le même qui avait menacé Denny de le faire pendre la fois dernière ! L’autre homme a pu s’enfuir mais ils ont attrapé Denny et, cette fois… cette fois…
    Elle peinait à reprendre son souffle. Il posa une main sur son bras pour l’apaiser.
    — Allez trouver l’autre homme et envoyez-le à ma tente afin qu’il m’explique exactement où se trouve votre frère. Je vais aller chercher Ian. Nous vous le ramènerons.
    Il exerça une légère pression sur son bras pour la forcer à lever la tête vers lui, ce qu’elle fit, mais elle était si distraite qu’elle parut à peine le voir.
    — Ne vous inquiétez pas. Nous vous le ramènerons, répéta-t-il. Je vous le jure, sur le Christ et sa mère.
    — Tu ne jureras point… Oh, et puis au diable !
    Elle plaqua une main sur sa bouche, ferma les yeux, déglutit, puis les rouvrit et relâcha ses épaules.
    — Merci, dit-elle enfin.
    Jamie lança un regard vers le soleil bas. Les Britanniques préféraient-ils pendre les gens au coucher ou au lever du soleil ?
    — Nous le ramènerons, dit-il une dernière fois plus fermement.
    Vivant ou mort.
     
    Le commandant du camp avait fait dresser une potence au centre du terrain. C’était une structure rudimentaire en bois brut et, à en juger par son délabrement, elle avait été démontéeet déplacée à de multiples reprises. Néanmoins, l’effet était efficace et le nœud coulant donna la chair de poule à Jamie.
    L’observant de derrière un écran de jeunes chênes, il chuchota à son neveu :
    — Nous avons joué au jeu du déserteur une fois de trop. Ou trois.
    — Tu crois qu’elle a déjà servi ?
    — Ils ne se donneraient pas autant de mal rien que pour impressionner les gens.
    Lui-même l’était. Il se garda d’indiquer à Ian les traces sur le poteau principal où les pieds d’un supplicié (ou des suppliciés) avaient désespérément battu, arrachant des fragments d’écorce. Le gibet de fortune n’était pas assez haut pour que la chute brise la nuque du pendu ; celui-ci mourait lentement, étranglé.
    Par réflexe, il se toucha la gorge, songeant à Roger Mac. Il se souvenait

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