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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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canard ni une oie. Ces derniers possédaient une odeur caractéristique, mélange musqué de sécrétions huileuses, de plumes et de plantes aquatiques en décomposition. Des perdrix, peut-être, une grouse ou… Je me réjouis d’avance à l’idée de déguster une tourte au pigeon.
    — Non, c’est un livre.
    Il sortit un petit paquet enveloppé dans un vieux morceau de toile cirée et le déposa fièrement entre mes mains.
    — Un livre ? répétai-je.
    Il acquiesça, m’enjoignant d’ouvrir mon présent.
    — Oui, des mots imprimés sur du papier, tu t’en souviens ? Je sais que ça fait longtemps.
    Je lui lançai un regard torve et, ignorant les grondements de mon estomac, déballai le paquet. C’était un exemplaire usé de Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme… vol. I . En dépit de ma déception d’avoir reçu de la littérature plutôt que de la nourriture, je fus contente. Cela faisait effectivement très longtemps que je n’avais pas mis la main sur un bon roman et, si je connaissais l’histoire de celui-ci, je ne l’avais jamais lu.
    Je le retournai délicatement entre mes mains.
    — Son précédent propriétaire devait l’apprécier.
    Le dos était élimé et la reliure en cuir brillante d’usure. Il me vint soudain un doute.
    — Jamie… tu ne l’as pas récupéré sur un cadavre, hein ?
    Dépouiller les ennemis tombés au combat de leurs armes, leur équipement et leurs vêtements réutilisables n’était pas considéré comme du pillage. C’était une désagréable nécessité mais tout de même…
    Il secoua la tête tout en fouillant à nouveau dans sa besace.
    — Non, je l’ai trouvé au bord d’un ruisseau. Quelqu’un a dû le laisser tomber dans sa fuite.
    Voilà qui était déjà mieux, même si j’étais certaine que celui qui l’avait perdu regrettait la disparition de son précieux compagnon. J’ouvris le livre au hasard et plissai les yeux. La typographie était minuscule.
    — Sassenach .
    — Hmm ?
    En relevant la tête, je constatai que Jamie m’observait avec un mélange de compassion et d’amusement.
    — Tu as besoin de lunettes, c’est ça ? Je ne m’en étais pas rendu compte.
    Mon cœur fit un petit bond.
    — Mais pas du tout. Je vois très clair !
    — Vraiment ?
    Il vint se placer près de moi et me prit le livre des mains. Il l’ouvrit au milieu et le tint devant moi.
    — Lis ça.
    Je me penchai en arrière et il approcha le livre.
    — Arrête ! Comment veux-tu que je lise quelque chose d’aussi près !
    Il l’écarta de mon visage.
    — Dans ce cas, cesse de bouger. Et là, tu arrives à lire ?
    — Non, répondis-je agacée. Recule-le. Encore. Encore !
    Je fus enfin obligée de reconnaître que je ne pouvais distinguer les lettres avec netteté qu’à une cinquantaine de centimètres au moins.
    — Quand même, c’est écrit très petit ! dis-je, déconfite.
    Je m’étais déjà rendu compte que ma vue n’était plus ce qu’elle avait été mais d’être si brutalement confrontée à la preuve que je pouvais désormais rivaliser avec les taupes était assez déprimant.
    Jamie regarda le livre d’un œil d’expert.
    — C’est du Caslon en corps huit. L’interligne laisse à désirer et le blanc de fond n’est ni fait ni à faire. Quoi qu’il en soit…
    Il referma le livre d’un coup sec et me dévisagea en arquant un sourcil.
    — Tu as besoin de lunettes, a nighean , répéta-t-il doucement.
    — Hmph !
    Je lui repris le volume, l’ouvris et le lui présentai.
    — Lis donc, toi. Si tu peux !
    Surpris et sur ses gardes, il saisit le livre et regarda une page. Il éloigna légèrement sa main. Puis encore un peu. J’attendis, ressentant ce même mélange d’amusement et de compassion. Quand il tint finalement le livre à bout de bras, il lut :
    — Ainsi, la vie d’un auteur, quoi qu’il en pût penser lui-même, était plus vouée à la guerre qu’à la composition  ; comme pour tout autre militant, son succès devant l’épreuve dépendait moins de son esprit que de sa RÉSISTANCE. »
    Il referma le livre en pinçant les lèvres.
    — Oui, bon… Au moins, je peux encore viser juste.
    — Et je peux distinguer une herbe d’une autre à son parfum, ajoutai-je en riant. Heureusement, car je doute qu’il y ait un fabriquant de lunettes de ce côté-ci de Philadelphie.
    — J’en doute aussi mais, une fois que nous serons à Edimbourg, je connais l’homme qu’il te faut. Je t’en ferai

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