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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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la seule option qui nous reste est de l’enterrer.
    — Mmphm.
    J’en déduisis qu’il était d’accord mais avec quelques réserves. Je relevai les yeux vers lui.
    — Quoi ?
    — Eh bien… hésita-t-il. Quand le petit Fergus a perdu sa main… eh bien… Jenny a proposé qu’on lui organise une cérémonie.
    Je me mordis la lèvre.
    — Oui, pourquoi pas ? Uniquement pour les intimes ou inviterons-nous tout le monde ?
    Avant qu’il ait pu répondre, j’entendis Ian à l’extérieur. Il parlait à quelqu’un. L’instant suivant, le rabat de la tente se souleva et sa tête échevelée apparut. Il avait un œil au beurre noir et une grosse bosse sur le front mais paraissait radieux.
    — Oncle Jamie ? J’ai quelqu’un à te présenter.
     
    Quelque part après la troisième bouteille, Jamie demanda :
    — Comment se fait-il que tu sois arrivé ici, a charaid  ?
    Nous avions fini de dîner depuis longtemps et le feu se mourait lentement. Hamish s’essuya les lèvres du revers de la main et lui tendit la bouteille.
    — Ici ? Tu veux dire, ici au milieu de nulle part ? Ou ici, à me battre contre le roi ?
    Il le dévisagea d’un regard bleu direct, si semblable au sien que Jamie sourit en le reconnaissant.
    — La seconde de ces questions répond-elle à la première ?
    Ce fut au tour de Hamish de sourire.
    — Oui, sans doute. Tu as toujours été aussi vif qu’un colibri, a Sheaumais . De corps et d’esprit.
    Constatant à mon expression que je n’avais peut-être pas l’esprit aussi rapide, il m’expliqua :
    — Ce sont les troupes du roi qui ont tué mon oncle ; ce sont elles qui ont massacré tous les guerriers du clan, qui ont ravagé nos terres, ont livré nos femmes et nos enfants à la famine, ont brûlé ma maison et m’ont envoyé en exil ; ce sont elles encore qui ont laissé la moitié des gens qui étaient avec moi mourir de froid, de faim et de fièvre.
    Il parlait calmement mais la passion brûlait au fond de son regard.
    — J’avais onze ans quand ils sont venus au château et nous en ont chassés. J’en avais douze quand ils m’ont fait prêter serment d’allégeance au roi, ayant décrété que j’étais un homme. C’est vrai que, le temps d’arriver en Nouvelle-Ecosse, j’en étais devenu un.
    Il se tourna vers Jamie.
    — Ils t’ont fait prêter serment, toi aussi, a Sheaumais  ?
    — Oui, mais un serment prêté sous la contrainte ne lie pas un homme et cela ne l’empêche pas de connaître son droit.
    Hamish tendit la main et Jamie la serra bien que les deux hommes ne se regardent pas.
    — Non, dit Hamish. Cela ne l’en empêche pas.
    Peut-être pas, mais je savais qu’ils pensaient tous les deux à ce que disait ce serment : Que je sois étendu dans une tombe non consacrée, séparé à jamais de mes amis et de ma famille . Et tousles deux devaient se dire, tout comme moi, qu’il était fort probable que c’était là la fin que le destin leur réservait.
    Ce serait sans doute aussi la mienne.
    Je m’éclaircis la gorge. Songeant à tous ceux que j’avais rencontrés en Caroline du Nord et sachant qu’il en allait de même au Canada, je demandai :
    — Mais les autres, les Highlanders qui sont loyalistes ?
    Hamish regardait fixement le feu, les traits profondément creusés par les ombres.
    — Ah, les autres… Ils se sont battus courageusement mais leur cœur a été détruit. Ils ne désirent plus que la paix et qu’on les laisse dans leur coin. Hélas, la guerre ne vous laisse jamais tranquille, n’est-ce pas ?
    Il se tourna vers moi et, l’espace d’un instant troublant, je vis à sa place Dougal MacKenzie, cet homme violent et impatient qui avait tant aimé la guerre. Sans attendre ma réponse, il poursuivit :
    — La guerre a retrouvé leur trace, une fois de plus. Ils n’ont eu d’autre choix que de se battre. Mais tout le monde peut constater que l’armée continentale n’est qu’un ramassis de gueux pitoyables… ou l’était.
    Il releva la tête et contempla les feux de camp, les tentes, la lueur des étoiles tamisée par un vaste voile de fumée et de poussière, le tout saturé d’odeurs de poudre et d’ordures.
    — … Ils ont pensé que les rebelles seraient écrasés en un clin d’œil. Indépendamment de tout serment, quel fou se serait lancé dans une aventure aussi risquée ?
    Un homme qui n’avait encore jamais eu l’occasion de se battre, pensai-je.
    Il adressa à Jamie un petit sourire du coin des

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