Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
un ton léger.
    — De toute façon, ils ne peuvent pas vous vaincre si vous refusez de capituler.
    L’ombre sur son visage se dissipa et il me sourit.
    — Oh, ils ne me vaincront pas, madame Fraser. Faites-moi confiance !
    — Je n’y manquerai pas. Attendez, je vais vous donner le quinquina, monsieur… euh…
    J’hésitai, ne connaissant toujours pas son identité. Il s’en rendit compte et se frappa le front.
    — Pardonnez-moi, madame Fraser. Que devez-vous penser d’un homme qui fait irruption chez vous en réclamant des médicaments et ne se donne même pas la peine de se présenter convenablement ?
    Il saisit le petit paquet d’écorces que je lui tendais puis retint ma main et la baisa délicatement.
    — Major général Benedict Arnold. Pour vous servir, madame.
     
    Jamie suivit des yeux le général qui s’éloignait avec un léger froncement de sourcils, puis il se tourna vers moi et son expression changea aussitôt.
    — Tu te sens mal, Sassenach  ? On dirait que tu es sur le point de tourner de l’œil.
    — Tu ne crois pas si bien dire, répondis-je en cherchant à tâtons le tabouret derrière moi.
    Je me laissai tomber dessus et aperçus le nouveau flacon de laudanum sur la table. Je le saisis, trouvant son poids rassurant dans le creux de ma main.
    — Je m’étais mentalement préparée à me retrouver tôt ou tard face à George Washington ou à Benjamin Franklin.Même à John Adams. Mais certainement pas à lui… Et le pire, c’est que je l’ai trouvé sympathique.
    Jamie était perplexe. Il lança un regard au flacon en se demandant visiblement si je n’y avais pas goûté.
    — Pourquoi ne te serait-il pas sympathi… Ah ! Tu sais quelque chose à son sujet ?
    — Oui, hélas. Il n’a pas encore trahi… mais il le fera.
    Jamie jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer qu’on ne pouvait pas nous entendre. Puis il s’assit sur le tabouret des patients et, prenant ma main, dit à voix basse :
    — Raconte-moi.
    Il y avait des limites à ce que je pouvais lui dire et, une fois de plus, je regrettai de ne pas avoir prêté plus d’attention aux cours d’histoire de Bree. En effet, ils constituaient la base du peu que je savais sur la révolution américaine.
    — Il a combattu dans notre… dans le camp américain pendant un certain temps et était un brillant soldat même si je ne sais pas trop pourquoi. Toutefois, il a fini par être déçu par les insurgés et a décidé de passer à l’ennemi, faisant des avances aux Britanniques. Pour cela, il a utilisé un intermédiaire du nom de John André. André a été capturé et pendu mais je crois qu’Arnold est parvenu à s’enfuir en Angleterre. Le fait qu’un général américain ait retourné sa veste a eu un tel retentissement que le nom de « Benedict Arnold » est devenu synonyme de « traître ». Ou le deviendra. Plus tard, quand quelqu’un commettra une terrible trahison, les Américains le traiteront de « Benedict Arnold ».
    Je me sentais nauséeuse. Quelque part, en ce moment même, un major John André vaquait tranquillement à ses occupations sans la moindre idée de ce qui l’attendait.
    Une pression sur mes doigts m’arracha à mes méditations sur le triste sort du major André et me ramena à des questions plus urgentes.
    — Quand ? me demanda Jamie.
    — C’est là le problème. Je ne sais pas. Pas tout de suite, enfin je ne crois pas.
    Jamie réfléchit un instant en fixant le sol. Puis il déclara doucement :
    — Je vais le surveiller.
    — Non !
    Nous nous dévisageâmes un long moment, le souvenir de Charles-Edouard Stuart entre nous. Il ne nous avait pas échappé que tenter d’infléchir le cours de l’histoire, si tant était que cela fût possible, pouvait avoir des conséquences d’une gravité imprévue. Nous ignorions les circonstances qui feraient d’Arnold, du patriote indubitable qu’il était, un transfuge en devenir. Sa querelle avec Gates était-elle le grain de sable qui formerait le cœur d’une perle traîtresse ?
    — On ne sait jamais quel menu détail peut affecter l’esprit de quelqu’un, observai-je. Regarde Robert Bruce et son araignée 2 .
    Cela le fit sourire.
    — Je serai très discret, Sassenach . Mais je l’aurai à l’œil.
    ----
    2 . Selon la légende, le roi Robert VII Bruce, réfugié dans une grotte, observa une araignée tentant de tisser sa toile entre deux parois trop éloignées. Après d’innombrables échecs,

Weitere Kostenlose Bücher