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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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en juger par sa tresse. Il était entouré de deux ou trois autres officiers plus jeunes également à cheval, mais Jamie n’avait d’yeux que pour leur chef.
    Effrayée par le piétinement des chevaux, une nuée de sauterelles s’éleva du champ, pluie de grêlons à l’envers. L’une d’elles atterrit sur sa joue et il la chassa d’une gifle. Son cœur battait à se rompre.
    Il avait reconnu l’homme uniquement grâce à son uniforme de brigadier-général. Il avait déjà rencontré Simon Fraser de Balnain à deux ou trois reprises quand ils étaient tous deux enfants dans les Highlands. Simon avait quelques années de moins que lui et il se rappelait un joyeux gamin aux joues rondes qui trottait derrière les grands en agitant une crosse deux fois haute comme lui. Ces souvenirs concordaient mal avec l’homme trapu debout sur ses étriers et sabre brandi, cherchant à rallier ses troupes paniquées par la seule force de sa personnalité.
    Ses aides de camp s’agitaient autour de lui, s’efforçant de le protéger, l’implorant de se retirer et de se mettre à l’abri. Il nevoulait rien entendre. Jamie vit plusieurs visages se tourner vers la forêt. Les Britanniques se doutaient que celle-ci était truffée de tirailleurs et voulaient se mettre hors de leur portée.
    Arnold surgit sur sa petite jument brune à travers le dense sous-bois, le visage illuminé par une joie féroce. Il décrivait de grands moulinets.
    — Il est là ! cria-t-il. Le brigadier-général ! Visez le brigadier-général, mes garçons ! Cinq dollars à celui qui dégomme ce gros porc de sa selle !
    Des coups de feu lui répondirent aussitôt. Jamie vit Daniel Morgan se tourner brusquement vers Arnold les yeux brûlant de fureur, puis se diriger vers lui aussi vite que ses membres arthritiques le lui permettaient.
    Arnold frappa du poing sur sa cuisse.
    — Encore ! Essayez encore !
    Il croisa le regard de Jamie et lui lança :
    — Vous… tuez-le ! Vous le pouvez, non ?
    Jamie haussa les épaules et, calant son fusil contre son épaule, tira délibérément haut. Le vent venait de tourner et la fumée de son arme lui piqua les yeux. Il aperçut néanmoins l’un des jeunes officiers près de Simon Fraser qui sursautait et plaquait une main sur son crâne, se tordant sur sa selle pour voir son chapeau rouler dans les blés.
    Jamie eut envie de rire tout en se rendant compte avec un serrement de cœur qu’il avait failli sans le vouloir toucher le malheureux en pleine tête. Le jeune homme – oui, il était jeune, grand et mince – se dressa sur ses étriers et agita un poing en direction de la forêt.
    — Vous me devez un chapeau, monsieur !
    Le rire perçant d’Arnold résonna dans la forêt et ses hommes se mirent à huer et à croasser comme des corbeaux.
    — Viens donc ici, blanc-bec, et je t’en offrirai deux !
    Tirant sur ses rênes, Arnold fit cabrer son cheval et hurla :
    — Vous n’êtes qu’une bande de bigleux ou quoi ? Il n’y en a pas un parmi vous foutu de m’abattre ce général ?
    Quelques coups retentirent entre les branches mais la plupart des hommes avaient vu Daniel Morgan se diriger vers Arnold tel un arbre animé, noueux et implacable. Ils attendaient.
    Arnold avait dû le voir lui aussi mais il l’ignora. Il dégaina un pistolet et tira vers Fraser sans espoir de pouvoir l’atteindre à cette distance, effrayant son cheval qui coucha ses oreilles. Morgan, qui l’avait presque rejoint, dut faire un bond de côté pour ne pas être piétiné. Il trébucha et s’étala à plat ventre.
    Sans l’ombre d’une hésitation, Arnold sauta à bas de selle et se précipita pour aider son aîné à se relever, se confondant en excuses sincères. Jamie remarqua au passage que Morgan ne semblait guère amadoué. Il se demanda même s’il n’allait pas envoyer un coup de genou dans les bourses du général, rhumatismes ou pas.
    La monture du général était entraînée à la guerre mais la détonation juste au-dessus de ses oreilles l’avait paniquée. Elle dansait sur place en roulant des yeux affolés ; ses sabots martelaient le tapis de feuilles mortes.
    Jamie attrapa ses rênes au vol, puis lui fit baisser la tête et souffla dans ses naseaux pour la calmer. Elle s’ébroua et piaffa mais cessa de s’agiter. Il caressa son encolure en faisant claquer sa langue et elle redressa légèrement les oreilles. Il vit que sa main s’était remise à saigner mais son bandage ne

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