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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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gouttait pas encore ; ce n’était donc pas très grave. Par-dessus la courbe solide de l’encolure de la jument, il pouvait voir Morgan. Il s’était remis sur pied et repoussait brutalement Arnold qui essayait d’épousseter sa veste.
    — Vous êtes relevé de votre commandement, monsieur. De quel droit donnez-vous des ordres à mes hommes ?
    — Oh, assez avec ce jeu de petits soldats ! s’impatienta Arnold. Je suis général. C’est un général… et je le veux mort ! Il sera toujours temps plus tard de faire de la politique. Nous sommes en guerre, bon sang !
    Jamie perçut une forte exhalaison douceâtre de rhum par-dessus les odeurs de fumée et de blé écrasé. Peut-être avait-elle un rapport avec la situation, quoique, d’après ce qu’il savait d’Arnold, il n’y avait pas grande différence entre l’homme sobre et l’homme en proie à un délire éthylique.
    Le vent soufflait en bourrasques chaudes, chargé de fumée et de bruits confus : le crépitement des mousquets ponctué par le fracas de l’artillerie sur sa gauche. A travers le vacarme, il entendait toujours Simon Fraser et ses officiers appelant lesHessiens et les Anglais à se rassembler, ainsi que des cris de douleur provenant de plus loin, là où les Hessiens tentaient une percée à travers les lignes du général Enoch Poor.
    La colonne du général Ebenezer Learned menaçait les Hessiens par le haut ; Jamie apercevait les uniformes verts des Allemands se débattant parmi une masse de continentaux et se faisant progressivement refouler vers l’arrière du champ. Certains cherchaient à s’échapper et à rejoindre le brigadier-général Fraser. Un mouvement attira son attention : c’était le jeune homme qui avait perdu son chapeau un peu plus tôt. Il remontait le champ au grand galop en brandissant son sabre.
    Le brigadier-général s’était légèrement éloigné de la forêt. Il était presque hors de portée des tirailleurs de Morgan mais Jamie, lui, était bien placé et pouvait facilement l’atteindre. Il baissa les yeux. Il avait lâché son fusil pour s’occuper de la jument. Il l’avait rechargé machinalement après son premier tir. La cartouche à moitié vide était toujours repliée dans sa main qui tenait les rênes. Amorcer l’arme ne prendrait qu’un instant.
    Il inspira profondément, s’efforçant de se calmer et de transmettre ce calme à la jument, puis lui murmura :
    — Sheas, a nighean. Cha chluinn thu an còrr a chuireas eagal ort . C’est fini. Tu n’entendras plus rien qui te fasse peur.
    Il n’y avait pas réfléchi plus tôt quand il avait tiré en s’arrangeant pour rater Fraser. Il pouvait abattre n’importe quel homme dans ce champ mais pas celui-ci. Il lança à nouveau un regard vers le jeune homme sur son cheval, sa redingote rouge vif contrastant avec l’océan de vert, de bleu et de homespun. Il pinça les lèvres. Pas celui-là non plus.
    Ce devait être le jour de chance du jeune homme. Il avait traversé la colonne de Learned au galop, prenant la plupart des continentaux par surprise. Ceux qui le virent étaient trop occupés à se battre ou dans l’incapacité de faire feu : ils avaient déchargé leur arme et étaient en train de fixer leur baïonnette.
    Jamie caressa la jument d’un air songeur, sifflant doucement entre ses dents tout en contemplant la scène. Le jeune officier était arrivé à la hauteur des mercenaires hessiens et était parvenu à attirer l’attention de plusieurs d’entre eux. Puis il rebroussa chemin, se frayant un passage à grands coups desabre et entraînant un flot d’uniformes verts dans son sillage. Les Hessiens le suivaient au trot, comblant l’espace vide tandis que les hommes de Poor tentaient de s’y engouffrer par la gauche.
    Absorbé par ce spectacle fascinant, Jamie en avait oublié la joute verbale entre Dan Morgan et le général Arnold. Un cri au-dessus de leurs têtes les fit subitement taire :
    — Hourra, je l’ai eu !
    En relevant les yeux, Jamie aperçut Tim Murphy perché dans un chêne, exultant de joie. Le canon de son fusil était calé dans la fourche d’une branche. Il fit volte-face et vit Simon Fraser avachi sur sa selle en se tenant les côtes.
    Arnold poussa un cri de triomphe et Morgan leva la tête vers Murphy, approuvant à contrecœur.
    — Bon tir, Murphy, grogna-t-il.
    Simon Fraser semblait sur le point de tomber de sa monture. L’un de ses officiers essaya de le rattraper, appelant

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