Les fils de la liberté
elle parvint à son but. Encouragé par cette leçon de persévérance, le roi reprit les armes et mena l’Ecosse à l’indépendance. (N.d.T.)
24
Chapeau bas !
7 octobre 1777
« … Fort bien, ordonnez à Morgan d’ouvrir le jeu. »
Général Horatio Gates
Par un tranquille matin d’automne, vif et doré, un déserteur britannique pénétra dans le camp américain. Il déclara que Burgoyne s’apprêtait à envoyer une force de reconnaissance afin de tester la résistance de l’aile droite américaine. Elle serait composée de deux mille hommes.
Alors qu’il remplissait sa cartouchière avec des gestes vifs, Jamie me raconta :
— Les yeux de Granny Gates ont failli jaillir hors de leurs orbites. On le comprend !
Le général Arnold, qui se trouvait présent quand la nouvelle arriva, insista auprès de Gates pour qu’il envoie des troupes contrer cette avancée. Fidèle à sa réputation, Gates préférait attendre d’en savoir plus et, quand Arnold demanda la permission d’aller voir par lui-même ce que mijotaient les Britanniques, il lui jeta un regard glacé et rétorqua : « J’ai peur de vous faire confiance, Arnold. »
— A partir de là, les choses se sont gâtées, me confia Jamie avec une grimace. Au bout du compte, Gates excédé a fini par lui lancer, je cite : « Général Arnold, je n’ai aucune mission à vous confier. Vous n’avez rien à faire ici. »
Je sentis un frisson me parcourir. Serait-ce là l’élément déclencheur ? Ce qui retournerait Benedict Arnold contre la cause pour laquelle il s’était battu ? Jamie devina mes pensées et haussa les épaules.
— Au moins, pour une fois nous n’y sommes pour rien.
— Voilà qui est réconfortant ! Tu feras attention, n’est-ce pas ?
— Oui, ne t’inquiète pas.
Cette fois, il était là en personne pour me donner un baiser d’adieu.
La reconnaissance britannique avait un double objectif : vérifier où étaient les Américains exactement, car le général Burgoyne n’en avait pas une idée précise (cela faisait longtemps que les déserteurs américains avaient cessé de venir), et rapporter du fourrage pour les dernières bêtes qu’il leur restait. C’est ainsi que les compagnies de tête s’arrêtèrent dans un beau champ de blé.
William envoya ses fantassins s’asseoir en doubles rangées parmi les épis tandis que les fourrageurs coupaient le blé et le chargeaient sur des chevaux. Un lieutenant des dragons, un Gallois du nom d’Absolute, lui fit des signes depuis l’autre côté du champ et l’invita à une partie de jeux de hasard dans sa tente le soir même. William s’apprêtait à lui répondre quand l’homme à ses côtés poussa un râle et s’effondra. Il n’avait pas entendu la balle mais se jeta aussitôt à terre en criant à ses hommes d’en faire autant.
Il ne se passa plus rien. Ils attendirent quelques minutes puis se relevèrent prudemment et reprirent leur travail. Bientôt, ils commencèrent à apercevoir de petits groupes de rebelles courant entre les arbres. William se convainquit qu’on les encerclait. Il en fit part à un autre officier qui lui assura que les rebelles avaient décidé de rester derrière leurs lignes de défense, en attendant l’attaque.
Il fut bientôt contredit quand, vers le milieu de l’après-midi, un large groupe d’Américains jaillit des bois sur leur gauche tandis qu’un canon crachait des boulets de six et douze livresqui auraient provoqué des dégâts considérables s’ils n’avaient été arrêtés par les arbres.
Les fantassins s’égaillèrent en dépit des appels de leurs officiers. Absolute courait derrière ses hommes à travers les blés, quant à William, il retint l’un de ses caporaux par le bras.
— Rassemblez-les ! hurla-t-il.
Sans attendre de réponse, il saisit la bride du cheval de l’un des fourrageurs, un hongre bai qui rechigna de surprise. Son intention était de galoper jusqu’au camp pour chercher des renforts.
Il n’en eut pas le temps. A peine fut-il parvenu à faire faire demi-tour à sa monture que le brigadier-général faisait irruption dans le champ.
Jamie Fraser était accroupi dans le bosquet en lisière du champ de blé avec plusieurs hommes de Morgan, tirant de-ci de-là. Il avait rarement vu une bataille aussi intense. La fumée du canon flottait au-dessus des blés en formant un nuage dense et étouffant. Il aperçut le cavalier, un officier haut gradé à
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