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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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désespérément à l’aide. Un autre faisait avancer et reculer son cheval, ne sachant ni quoi faire ni où aller. Jamie serra le poing et sentit une décharge de douleur traverser sa main mutilée. Il posa sa paume à plat sur la selle. Simon Fraser était-il mort ?
    C’était impossible à dire. Ayant surmonté leur mouvement de panique, ses aides de camp vinrent se placer de chaque côté de lui pour le soutenir tant bien que mal tandis que des vivats retentissaient dans la forêt.
    Jamie balaya le champ du regard à la recherche du jeune homme au sabre. Ne le trouvant pas, il ressentit une pointe d’angoisse… Puis il l’aperçut, engagé dans un combat avec un capitaine de milice à cheval. Ce n’était pas un duel d’une grande subtilité ; il tenait autant de la force des montures que de celle des hommes. Pendant qu’il l’observait, les chevaux furent séparés par la masse des fantassins autour d’eux. L’officier britannique ne revint pas à la charge ; il avait un autre objectif en tête : entraîner la petite compagnie de Hessiens qu’il avait arrachée à la mêlée un peu plus haut. Puis il se tourna vers la forêt et vit ce qui se passait. On tirait le cheval du brigadier-général hors du champ de bataille, la silhouette oscillante de Simon Fraser formant une tache rouge sur le blé piétiné.
    Le jeune homme se hissa debout dans ses étriers quelques instants, se rassit, puis éperonna sa monture, filant vers le brigadier en laissant aux Hessiens le choix de le suivre s’ils le pouvaient.
    Jamie était suffisamment proche pour voir la tache d’un rouge plus sombre qui s’étalait au milieu du torse de Simon Fraser. S’il n’était déjà mort, il n’en avait plus pour longtemps. Le chagrin et la fureur devant un tel gâchis lui brûlaient la gorge. La fumée le faisait larmoyer. Il cligna des paupières et secoua violemment la tête pour éclaircir sa vision.
    Une main lui arracha les rênes. Arnold l’écarta de la jument avec rudesse dans une bouffée de rhum et grimpa en selle, le visage rendu aussi rouge que les feuilles d’érable par l’excitation et la fièvre de la victoire. Il beugla :
    — Avec moi, les enfants ! Sus à la redoute !
    Jamie constata alors que la forêt grouillait de miliciens ; toutes les compagnies qu’Arnold avait rassemblées dans sa course folle vers le champ de bataille.
    Ses hommes poussèrent un cri de guerre et se ruèrent derrière lui, brisant des branches et se bousculant dans leur précipitation.
    — Suivez-moi ce foutu cinglé, marmonna Morgan.
    Jamie se tourna vers lui, surpris. Morgan regardait Arnold s’éloigner d’un air mauvais.
    — Il passera en cour martiale, vous pouvez me croire. Autant qu’il ait un témoin fiable. Ce sera vous, James. Allez-y !
    Sans un mot, Jamie ramassa son fusil et partit au petit trot, émergeant de la forêt sous une pluie de feuilles dorées et brunes. Il gardait le regard rivé sur la silhouette râblée d’Arnold sautillant sur sa selle et agitant son chapeau. Il s’enfonça dans les blés.
     
    Ils le suivirent. Une horde hurlante, une cohue armée. La monture d’Arnold avait du mal à se frayer un chemin entre les hommes à pied. Jamie voyait les grandes taches sombres de transpiration sur le dos de sa veste bleue étirée sur ses larges épaules. Il suffirait d’un tir de l’arrière, dans la confusion de labataille… Mais ce ne fut qu’une idée fugace qu’il chassa dans l’instant.
    Arnold éperonna son cheval et partit soudain au galop avec un cri de triomphe. Jamie le vit contourner la redoute et disparaître. Il comptait sans doute l’attaquer par-derrière, ce qui était du suicide. Elle était remplie de grenadiers allemands dont il pouvait apercevoir les coiffes pointues derrière les murs. Peut-être Arnold voulait-il se sacrifier en créant une diversion pendant que ses hommes la prenaient d’assaut par-devant, sa mort lui paraissant un prix acceptable à payer pour une telle victoire.
    La redoute faisait cinq mètres de hauteur, avec un mur en terre surmonté d’une palissade en rondins. Entre la terre et la palissade se trouvaient des rangées de pieux effilés pointés vers l’extérieur.
    Une pluie de balles crépitait sur le sol devant la fortification. Jamie courut en zigzag, évitant les projectiles qu’il ne pouvait voir.
    Une fois devant la redoute, il chercha à extraire un des pieux des abattis. Il gratta la terre des pieds et se fit un petit monticule

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