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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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d’autres personnes pouvaient peut-être apporter un réconfort au brigadier-général. Jamie en faisait partie. Je lui chuchotai :
    — Il n’en a plus pour longtemps. Si tu veux lui dire quelque chose…
    Il hocha la tête et s’avança. Un colonel britannique se tenant près du lit de mort improvisé le regarda d’un air surpris et soupçonneux mais un autre officier lui glissa un mot à l’oreille et il recula d’un pas pour le laisser approcher.
    Je me rendis soudain compte qu’il y avait beaucoup de monde dans la pièce. Je me tins en retrait, pour ne pas gêner.
    Jamie et l’officier britannique échangèrent quelques propos à voix basse. Un jeune officier, probablement l’aide de camp du brigadier-général, était agenouillé dans l’ombre de l’autre côté de la table, tenant la main du mourant. Il gardait la tête baissée et paraissait profondément affligé. Je laissai retomber ma cape sur mes épaules. S’il faisait frais au-dehors, l’air à l’intérieur était étouffant et malsain, comme si la fièvre qui dévorait le brigadier-général sous nos yeux s’était propagéedans la pièce, estimant sa proie insuffisante. Il était rempli de miasmes, de la puanteur des entrailles putrides, de sueur rance et de l’odeur de poudre qui s’accrochait aux vêtements des hommes.
    Jamie s’agenouilla à son tour pour s’approcher de l’oreille de Fraser. Les yeux du brigadier-général étaient fermés mais il était conscient. Je vis les muscles de son visage remuer quand Jamie commença à lui parler. Il tourna la tête et ouvrit les paupières. Ses yeux ternes s’animèrent momentanément en le reconnaissant.
    — Ciamar a tha thu, a charaid ? demanda doucement Jamie. « Comment te sens-tu, mon cousin ? »
    Les lèvres du brigadier-général remuèrent.
    — Tha ana-cnàmhadh an Diabhail orm , répondit-il d’une voix rauque. Feumaidh gun do dh’ìth mi rudegin nach robh dol leam . « J’ai une indigestion d’enfer. J’ai dû manger quelque chose qui ne m’a pas réussi. »
    Les officiers britanniques s’agitèrent en entendant parler en gaélique et le jeune aide de camp de l’autre côté de la table redressa brusquement la tête.
    Il ne pouvait être plus surpris que moi.
    La pièce sombre sembla tanguer et je me laissai tomber contre le mur, pressant les mains contre le bois en quête de quelque chose de solide à quoi me raccrocher.
    Ses traits étaient tirés par la fatigue et le chagrin. Il était couvert de suie et de sang qui formaient des traînées sur son front et ses joues là où il s’était essuyé du revers de la manche, lui donnant des airs de raton laveur. Cela ne changeait rien. Ses cheveux étaient d’un châtain sombre, son visage plus étroit, mais j’aurais reconnu ce long nez et ces yeux bleus félins n’importe où. Jamie et lui étaient agenouillés de part et d’autre de la table, à moins de deux mètres de distance. Il était impossible de ne pas remarquer la ressemblance, si…
    — Ellesmere…
    Un capitaine d’infanterie s’avança et toucha l’épaule du jeune homme. Il se pencha sur lui, lui murmura quelque chose en faisant un petit signe de la tête. Il semblait lui demander de s’éloigner un moment afin de donner au brigadier-général un peu d’intimité s’il le désirait.
    Je concentrai mon attention sur Jamie en priant de toutes mes forces : Ne relève pas les yeux ! Pour l’amour de Dieu, ne relève pas les yeux !
    Il ne bougea pas. Il avait peut-être entendu le nom ou entraperçu le visage maculé de son fils de l’autre côté de la table. Il garda la tête baissée, ses traits cachés dans l’ombre. Puis il s’approcha encore de son cousin Simon et lui murmura à l’oreille.
    Le jeune homme se leva, aussi lentement que Dan Morgan par un froid matin d’hiver. Son ombre vacilla un instant sur le mur en bois brut derrière lui, haute et grêle. Il ne prêtait pas attention à Jamie ; chaque fibre de son corps était concentrée sur le mourant.
    Dans un effort visible, Simon Fraser prit la main de Jamie entre les siennes.
    — Je suis content de te revoir sur cette terre, Seaumais mac Brian , murmura-t-il. Je suis heureux de mourir parmi mes camarades que j’aime. Mais diras-tu quelque chose pour moi à ceux de notre sang en Ecosse ? Dis-leur…
    L’un des officiers parla à William qui s’écarta à contrecœur, répondant à voix basse. Mes mains étaient moites et je sentais la transpiration perler

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