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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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dans ma nuque. J’avais une envie folle d’ôter ma cape mais je craignais de faire le moindre mouvement susceptible d’attirer l’attention du jeune homme, qui pourrait ensuite se tourner vers Jamie.
    Ce dernier était totalement immobile. Je voyais ses épaules tendues sous sa veste humide. Il serrait les mains du brigadier-général et seuls les reflets dansants du feu sur son crâne roux donnaient une illusion de mouvement.
    — Je ferai tout ce que tu me demandes, Shimi mac Shimi . Dis-moi quels sont tes désirs.
    Quelqu’un renifla près de moi et, en me tournant, je vis une petite femme, aussi délicate et fraîche qu’une poupée de porcelaine en dépit de l’heure et des circonstances. Ses yeux brillaient de larmes. Elle les essuya en les tapotant avec le coin de son mouchoir, m’aperçut et m’adressa un petit sourire tremblant. Elle me chuchota avec un accent allemand :
    — Je suis si soulagée que votre mari soit venu, madame. C’est… sans doute un grand réconfort pour notre cher ami d’avoir un parent à son chevet.
    Il en a même deux, pensai-je en m’efforçant de ne pas regarder vers William, subitement angoissée à l’idée qu’il me reconnaisse et décide de venir me parler. Cela pourrait virer au désastre si…
    La baronne, car ce ne pouvait être que l’épouse de von Riedesel, sembla vaciller légèrement. Ce n’était sans doute qu’un effet du reflet des flammes dans l’âtre mais je sautai sur l’occasion. Je posai une main sur son bras et lui dis :
    — J’ai besoin d’air. Vous voulez bien m’accompagner ?
    Les médecins se rapprochaient de la table, attentifs comme des vautours, et les chuchotements en gaélique furent soudain interrompus par un horrible gémissement de Simon Fraser.
    — Vite, qu’on apporte une chandelle ! cria l’un des médecins.
    La baronne ferma les yeux et je la vis déglutir péniblement. Je pris sa main et l’entraînai rapidement à l’extérieur.
     
    Cela ne dura pas longtemps mais il me semblait qu’une éternité s’était écoulée quand les hommes sortirent enfin, la tête basse.
    Il y eut une brève altercation devant la maison. Les hommes parlaient à voix basse par respect pour le mort mais les esprits étaient néanmoins échauffés. Jamie se tenait à l’écart. Il avait remis son chapeau qu’il portait bas sur son visage mais un des officiers britanniques se tournait régulièrement vers lui pour lui demander son opinion.
    Le lieutenant William Ransom était lui aussi dans son coin, conformément à son rang. Il paraissait trop affecté pour participer à la querelle. Je me demandai s’il avait déjà vu quelqu’un mourir… puis me rendis compte à quel point cette pensée était absurde.
    Cependant, les morts sur le champ de bataille, pour violentes qu’elles soient, sont très différentes de l’agonie d’un être cher. Et à en juger par la réaction de William, SimonFraser n’avait pas été que son commandant. Il avait été son ami.
    Occupée par ces observations furtives, je n’avais pas prêté beaucoup d’attention au sujet de la dispute, à savoir que faire du corps du brigadier-général, et aucune aux deux médecins qui étaient sortis de la maison et discutaient entre eux. Du coin de l’œil, j’en vis un glisser une main dans sa poche et en sortir une pincée de tabac qu’il déposa dans la paume de son collègue. L’autre le remercia et ils allaient se séparer quand ce que dit l’un des deux capta mon attention aussi sûrement que s’il s’était transformé en torche humaine :
    — A tout à l’heure, donc, docteur Rawlings.
    — Docteur Rawlings ? répétai-je.
    L’homme en question se tourna vers moi.
    — Oui, madame ?
    Il était courtois mais avait l’air d’un homme épuisé luttant contre l’envie d’envoyer tout le monde au diable. Je reconnus cette impulsion et compatis mais, ayant parlé, je ne pouvais plus reculer.
    — Je vous demande pardon, dis-je un peu gênée. J’ai entendu votre nom malgré moi et je me demandais… J’ai connu un docteur Rawlings.
    L’effet fut immédiat. Il se redressa d’un coup et son regard s’anima.
    — Vraiment ? Où donc ?
    — Euh…
    J’hésitai un moment. En fait, je n’avais jamais rencontré Daniel Rawlings, même si j’avais l’impression de le connaître. Je cherchai à gagner du temps en répondant :
    — Il s’appelait Daniel Rawlings. C’est peut-être un de vos parents ?
    Il m’agrippa le bras.
    —

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