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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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d’avancer, Jamies’arrêta net, lâcha ma main, pivota sur ses talons, rebroussa chemin et, ôtant son chapeau, le planta dans les mains du lieutenant Ransom en déclarant poliment :
    — Il me semble que je vous dois un chapeau, lieutenant.
    Là-dessus, il fit demi-tour et revint vers moi, laissant le jeune homme contempler avec perplexité le tricorne bosselé qu’il tenait. Un regard en arrière m’apprit qu’il cherchait Jamie des yeux mais ce dernier m’entraînait sur le sentier d’un pas rapide comme si nous avions les Peaux-Rouges à nos trousses. L’instant suivant, nous étions hors de vue derrière un rideau de jeunes sapins.
    Je sentais Jamie vibrer comme un arc ; il haletait.
    — Tu as perdu la raison ? lui demandai-je.
    — Probablement.
    — Mais qu’est-ce que… commençai-je.
    Il se contenta de secouer la tête tout en me tirant derrière lui jusqu’à ce que nous soyons hors de portée de vue et d’ouïe de la maison. Un tronc abattu qui avait jusque-là échappé aux bûcherons était couché en travers du chemin et Jamie se laissa brusquement tomber dessus, la tête dans les mains.
    — Tu te sens mal ? m’inquiétai-je. Que se passe-t-il ?
    Je m’assis à ses côtés et posai une main dans son dos.
    — Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer, Sassenach .
    Quand il ôta ses mains, je constatai qu’il faisait un peu des deux. Ses cils étaient mouillés mais les commissures de ses lèvres étaient légèrement retroussées.
    — J’ai perdu un parent et j’en ai trouvé un autre, tout ça en même temps… Et quelques instants plus tard, je me suis rendu compte que, pour la seconde fois dans ma vie, j’avais été à deux doigts de tuer mon fils.
    Il se tourna vers moi, l’air impuissant.
    — Je sais bien que je n’aurais pas dû le faire, mais c’est que… tout à coup, je me suis dit : Et si je ne le ratais pas la troisième fois ? J’ai senti qu’il fallait absolument que… que je lui parle. D’homme à homme. Au cas où ce serait la seule et unique fois, tu comprends ?
     
    Le colonel Grant lança un regard intrigué vers le chemin où une branche tremblante indiquait le passage du rebelle et de sa femme, puis il tourna les yeux vers le chapeau dans les mains de William.
    — Qu’est-ce que c’était que cette histoire ?
    William s’éclaircit la gorge.
    — Apparemment, le colonel Fraser était le… euh… fils de pute qui m’a dépouillé de mon chapeau hier durant la bataille. Il m’a… dédommagé.
    Il espérait avoir parlé avec un détachement hautain.
    Une pointe d’humour adoucit les traits tirés du colonel.
    — Vraiment ? Comme c’est aimable de sa part.
    Il se pencha au-dessus de l’objet en question.
    — Vous croyez qu’il est plein de poux ?
    De la part d’un autre homme, à un autre moment, cela aurait été interprété comme de la calomnie. Mais, s’il était toujours le premier à dénigrer le courage, les aptitudes et les dispositions des continentaux, Grant n’émettait là qu’une question pratique. La plupart des Anglais et des Hessiens étaient infestés de poux, les simples soldats comme les officiers.
    William inclina le tricorne, examinant son intérieur à la faible lumière. Il était chaud dans ses mains mais il ne vit rien bouger le long des coutures.
    — Je ne crois pas.
    — Dans ce cas, mettez-le, capitaine Ransom. Nous devons montrer l’exemple à nos hommes.
    William le coiffa, la sensation de chaleur sur son crâne lui paraissant étrange, avant de comprendre ce que Grant venait de dire.
    — Capitaine… ? répéta-t-il d’une voix faible.
    Un soupçon de sourire effleura le visage las du colonel.
    — Félicitations. Le brigadier-général… dit-il avec un regard vers la maison sans plus sourire, voulait vous nommer capitaine après Ticonderoga mais… Enfin. Le général Burgoyne a signé l’ordre hier soir après avoir entendu plusieurs témoignages sur la bataille. Il semblerait que vous vous soyez distingué.
    William inclina la tête, gêné. Il avait la gorge nouée et ses yeux brûlaient. Il ne se souvenait pas de ce qu’il avait fait… hormis qu’il avait échoué à sauver le brigadier-général.
    — Merci.
    Il ne put s’empêcher de jeter un œil vers la maison à son tour. La porte avait été laissée ouverte.
    — Savez-vous si… il… Non, peu importe.
    — S’il l’a su ? demanda doucement Grant. Je le lui ai dit et je lui ai montré l’ordre.
    Trop ému pour

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