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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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comme Blainville les considérait avec un intérêt tout aussi hautain que celui du juge Amaury, Ogier put surprendre, au ras du chaperon vermeil, le froncement des sourcils sous l’effet d’une sorte d’étonnement, aussitôt suivi d’une inclination de la tête, indice de réflexion.
    « Et s’il me reconnaissait ? Certains Coutançais, autrefois, prétendaient que je ressemblais à mon père… Si ce démon avait tout de même croisé Briatexte, et que celui-ci l’ait prévenu ? »
    Thierry toussota :
    — Messire, le voilà donc encore ! C’est comme si vous vous cherchiez l’un l’autre.
    — C’est vrai.
    — Il vous sera possible de lui porter quelques coups en champ clos. Toutes courtoises qu’elles sont, vos armes lui fourniront un acompte sur le châtiment que vous lui réservez !
    Ogier soupira. Dimanche. Lundi. Durant ce laps de temps, où en serait-il de sa quête ? L’incertitude, le découragement peut-être l’oppresseraient. « Montfort aurait dû m’en dire davantage ! » Il enragea de s’être retenu de secouer le Breton pour qu’il lui livrât tous ses secrets.
    Froide, piquante, la sueur mouillait son dos. Il s’aperçut qu’il tremblait non seulement de courroux et d’impuissance, mais de crainte : le regard du Normand l’avait inquiété.
    « S’il m’a reconnu ou cru me reconnaître, je suis à sa merci. Ce linfar est au-dessus des lois, moi en dessous. Sans procédure, il peut me faire enchartrer [307] … Et s’il ne me reconnaît pas, je peux l’être par d’autres : soit quelque compagnon de Briatexte – qui m’aurait vu à Rechignac –, soit quelque chevalier du Pierregord… L’un d’entre eux peut croiser mon chemin et s’écrier : “ Argouges !… Que faites - vous en Poitou ?” devant témoins ! »
    Il serra les dents. Comment contourner les difficultés accumulées sur son chemin ? Comment vaincre l’adversité ? À Gratot, l’entreprise paraissait aisée : trouver les comploteurs, surprendre leurs propos. Une fois leurs dispositions établies, captiver l’un d’entre eux pour confirmer ses dires. Trouver le roi ou à défaut son fils. Révéler les noms et les intentions de ces hommes. Proclamer, en dernier lieu, la fourberie de Blainville, et pour forcer l’incrédulité de Philippe VI ou du duc Jean, exhiber devant le félon suffoqué, le parchemin de Montfort lequel, authentiqué, serait d’un poids décisif. Ensuite, exciper de son bon droit d’affronter le traître. À l’épée, jusqu’à la mort…
    — Il vient vers nous, messire, dit Thierry.
    Rigoureux comme la Justice qu’il incarnait et exerçait si mauvaisement, Blainville s’approchait, grave, dédaigneux. L’attention d’Ogier demeura fixée sur ce visage couperosé dont les yeux à fleur de tête semblaient de glace.
    — Ainsi, vous revoilà… Lancelot !… Et toujours ce regard impertinent !
    — Messire, sachez que le vôtre me déplaît tout autant !
    Le venin qu’Ogier portait en lui, à l’usage exclusif de cet abominable, était d’une virulence telle que sa réponse, qu’il avait voulue plus courtoise sinon plus humble, s’en était trouvée infectée.
    Blainville heurta ses mains gantées de rouge.
    — Et hardi comme un chien de troupeau !… Par Dieu qui fit la mer, n’oubliez pas dimanche, lance au poing, jusqu’à ce que l’un de nous fléchisse !
    Il disparut, laissant dans son sillage un parfum musqué.
    — En selle… Debout, Saladin… Allons, Raymond… En avant !
    Ogier prit les devants. S’approchant de Ramonnet, il hurla tout en enlevant Marchegai :
    — Place, piéton !… Remue-toi, à moins que tu ne sois un étron !
    Il vit, sous le chapel de Montauban, la face du sergent blêmir et sa bouche s’ouvrir pour un cri indigné. Il pressa son cheval et franchit le seuil du château tandis que Saladin courait, ivre de soleil.
    — Par ma foi, s’écria Champartel après qu’ils eurent mis leurs montures au pas, je suis bien aise de quitter cet endroit !
    — Blainville… commença Raymond tout en écourtant la bride de Facebelle. Il vous rencontre trop, maintenant… Hélas ! pour le châtier, messire…
    — J’attendrai.
    Étaient-ils dupes de cette fermeté ? Raymond et Thierry semblaient soucieux et craintifs.
    « Si ce complot existe, c’est un bien gros morceau… Qui sont ces hommes ? Quels visages ? Ils peuvent se grouper ici ou là sans que quiconque n’en sache rien… Et si,

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