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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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cœur.
    — Rejoignons Raymond… Cherche, Saladin… Cherche Adelis !
    Le chien agita la queue, remua les oreilles et fut pris d’un halètement prouvant qu’il avait compris. Il renifla le mur, l’arrosa d’un jet et s’élança vers la ville basse en s’assurant parfois qu’il était suivi.
    « Où s’en est-elle allée ?… La verrai-je enfin ? » À mesure que ce désir grossissait, Ogier désespérait de ne pouvoir le satisfaire. Parfois, il entrevoyait une chevelure blonde ; bien vite, il déchantait. Une ribaude, encore, accrochée à son bras :
    — Mon cher ange, viens-tu ?
    Devant lui Saladin, toujours flairant, mais avec de plus en plus d’incertitude. Ces gens nombreux mélangeaient trop d’odeurs. Pour eux, la liesse était déjà commencée. Nobles dames lassées de leur oisiveté ; Chauvinoises avenantes ; chevaliers traînant leur épée dans un cliquetis d’éperons ; manants préparant on ne savait quoi… Certains hommes avaient dans les feux de leur regard et les rides de leur bouche, cette lourdeur, cette violence muselée où l’on reconnaissait des truands vagabondant dans l’espérance de couper quelque cordon d’escarcelle, ou des gens d’armes en quête d’un seigneur cossu.
    Ogier parvint devant une église – Saint-Léger, peut-être. Il accosta une jouvencelle et lui décrivit Adelis. «  Non, messire. » Et comme Saladin renonçait à chercher, il le siffla. L’un près de l’autre, ils partirent vers l’Âne d’Or.
    « Merdaille !… Elle ne peut s’être envolée ! » Il acceptait difficilement une telle complication le jour où la Providence, enfin, favorisait ses espoirs. Cette absence le privait d’un aplomb et d’une sérénité dont il avait besoin. Il ne pouvait croire qu’Adelis l’eût quitté. Parce que… Eh bien, oui : parce qu’elle l’aimait. En d’autres lieux et circonstances, cette certitude aiguë, lancinante, eût assaisonné d’intentions effrénées son impatience ; il n’éprouvait que le désir de la revoir, et si son cœur battait, ses sens restaient paisibles. Comme un écuyer le croisait, aussi dédaigneux que Renaud d’Augignac auquel il ressemblait, il évoqua le jour où Adelis l’avait soigné, au retour de son combat contre cet infâme. À défaut d’être amants, ils étaient familiers ; ils mangeaient et dormaient côte à côte dans les granges et les dortoirs. Parfois, d’un regard, ils se donnaient courage. Il importait qu’il la retrouvât !
    « Dieu tout-puissant, faites que je la voie ! »
    Il avait donc fallu cette absence pour qu’il découvrît à quel point Adelis lui était précieuse ! De quel nom baptiser son goût pour cette fille ? Affection ? Amitié ? Simple concupiscence que son esprit rêveur enfleurissait à plaisir ?… Qu’importait ! Adelis lui manquait, et la crainte de la perdre – soit qu’elle s’en fût allée de son plein gré, soit qu’il lui fût arrivé malheur – anéantissait le contentement où l’avait plongé, après le trépas de Ramonnet et l’aide ultime de Kergœt, sa rencontre avec Isambert.
    « Raymond, peut-être, l’aime mieux que moi ! »
    Justement, il arrivait au galop :
    — Rien, messire !… Par le sang de Notre-Seigneur, qu’est-elle devenue ?
    Son espoir à lui aussi s’amenuisait, et sa voix dilatée de rage, d’impuissance, révélait un chagrin grandissant.
    — J’ai cherché du côté des pavillons. Je me suis même arrêté devant le buron de Guesclin… Ses Bretons m’ont ri au nez quand je leur ai demandé s’ils l’avaient vue.
    — Cherche encore. Elle n’est pas en ville. Je vais aller jusqu’à la Vienne.
    — Elle est pourtant de taille à se défendre !
    — Oui, Raymond… Garde espoir… Viens, Saladin… Cherche ! Cherche !
    Ogier repartit. La respiration parfois lui manquait. Au moindre éclat de rouge, de noir, il s’émouvait. En vain. Il se savait un air incertain et blessé. À force de les froncer, ses sourcils lui faisaient mal. Terrible, cette absence ; cette sorte de dénuement. Un seul remède : la voir… Mais la voir où  ? Des manants, des seigneurs à cheval passaient ; ils les voyait à peine, les yeux fixés sur Saladin, le museau dans les herbes ou sur la terre molle que parfois un sabot ferré de neuf écorchait.
    — Cherche, cherche, beau chien !
    Il se retourna. Quatre hommes d’armes entraient à l’Âne d’Or.
    Que faisait Adelis pendant qu’ils

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