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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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manque pas d’arbres ! Et avant de t’éloigner, passe-moi la fardelle où Kergœt enfermait son armure…
    Cette housse en peau de cerf excitait d’autant plus la curiosité d’Ogier qu’il avait dû en différer l’inventaire. La veille au soir, dans l’écurie de Morthemer, il faisait trop sombre ; quant à ce vendredi, ils avaient quitté le château bien avant le lever du soleil. Ni la baronne ni sa nièce n’étaient donc apparues ; en revanche, flanqué de Leignes et du portier Lucas, Guy II les avait rejoints en vacillant sur ses béquilles : « Pourquoi partez-vous comme des mécréants ?… Avez-vous trouvé mon hospitalité déplaisante ? » Il était offensé. À juste raison.
    — Tu as vu, Thierry, comment le baron s’est courroucé contre moi !
    — Nous ne pouvions user nos forces en chevauchées inutiles… Et nous avons besoin d’être à Chauvigny. Croyez-vous qu’Adelis ait été occise par des gens du complot ?
    — Je ne sais… Nous ne saurons jamais sans doute comment et par qui elle fut meurtrie.
    — Qui sait ?… Mais ouvrez donc cette fardelle !
    Ogier s’assit sur une selle et dénoua les cordons de cuir du grand sac tandis que Thierry, sans bouger, surveillait d’un œil les chevaux.
    — Ce doit être l’armure noire qu’il portait au siège de Rechignac.
    C’était elle. Ogier tendit à l’écuyer le heaume piriforme dont le mézail, percé d’une vingtaine de trous, avait souffert d’un coup de taille. Il posa ensuite à ses pieds la cuirasse complète et ses tassettes, les canons des bras aux épaulières épaisses, puis les gantelets, les cuissards, genouillères et jambières où çà et là des heurts avaient écaillé la peinture.
    — Oh ! messire, s’exclama Thierry en se penchant. Qu’est-ce que vous tenez là ?
    Ogier venait de saisir, au fond du sac, un bouclier dont l’étrangeté l’ébahissait autant que l’écuyer.
    — Une taloche, Champartel. Seigneur, je n’en avais jamais vu de pareille.
    C’était une défense concave, de dix pouces de large et de quinze de long, arrondie sur les bords et constituée d’une plaque de bois solide – du poirier sans doute – revêtue d’un quadrillage en relief d’os et de corne de cerf. Après l’avoir examinée de près, Ogier la tendit à Thierry :
    — Crois-moi : cet échiquier singulier doit avoir des vertus que nous ignorons… mais qu’il me semble deviner.
    La targe se fixait au côté senestre de l’armure par deux grosses tresses de cuir, l’une passant sur l’épaule, l’autre en dessous.
    — Cet écu m’a l’air bien étroit, messire.
    — Certes, mais rien, en protection, ne doit pouvoir égaler cette merveille. Le rochet [340] ennemi ne peut glisser là-dessus comme sur un écu ordinaire. Du fait de cet arrêt brutal, la hampe se rompt tandis que l’homme qui t’a frappé se trouve repoussé de lui-même à fond de selle… Crois-moi : je renonce à mon écu pour les joutes car voilà ce qu’il me fallait. Peu de chevaliers doivent en posséder. Il me faut y peindre mes armes…
    Champartel eut une moue dubitative :
    — Je préfère l’écu que votre père m’a donné. Au moins, il me protégera de la joue à la hanche.
    — Ce que je peux te dire aussi, Thierry, c’est que Kergœt entretenait ses défenses : fers et cuirs y sont gras… Qu’allais-tu ajouter ?
    — L’armure…
    — Que veux-tu que j’en fasse ? Elle paraît à ta taille : je te l’offre ainsi que sa Gloriande. Tu donneras ton haubert et tes armes à Raymond.
    — Vous me voyez comblé de joie… Éperdu de gratitude… Il me reste à devenir chevalier !
    À l’inverse du sergent, l’écuyer, au moins, révélait ses pensées.
    — Je pourrais te traiter d’outrecuidant, mais je ne doute pas que tu gagnes un jour les éperons.
    Revenant aux réalités de ce jour de soleil et de vent aigre, Ogier sourit :
    — Tu endosseras plus tard cette armure. Remets-la dans ce sac et viens voir les chevaux avec moi.
    Tous étaient tranquilles. Les mouches, rares, les agaçaient à peine. Ils examinèrent les fers de Facebelle, Veillantif, Marchegai, Marcepin et Artus, sans oublier le genet de Bressolles. Ils tenaient bon. De retour devant la tente, l’inspection fut consacrée aux selles. Panneaux, troussequins, étrivières, étriers se révélèrent solides.
    — Très bien, Thierry. Tantôt, nous fourbirons mon armure : je la veux étincelante… Ensuite, nous

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