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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Raymond, car il nous la faut venger elle aussi.
    Ogier acquiesça volontiers. De quelles épreuves ce vendredi à naître serait-il composé ?

VIII
    Il avait suffi d’une nuit et d’un matin pour que les tentes fussent devenues trois ou quatre fois plus nombreuses dans le grand champ de Chauvigny, entre la lice et la Vienne.
    — Une centaine de trefs et d’aucubes [336] , messire ! De toutes tailles et toutes couleurs. Certaines de ces maisonnelles doivent être en samit tant elles brillent !… Voyez les Bretons : ils semblent des hurons avec leur cahute où, par ma foi, la feuillée l’emporte sur le drap !
    — Ne te moque pas trop, Thierry. Notre pavillon ne vaut pas grand-chose. Plantons-le là-bas, à l’écart. Nos chevaux seront toujours à l’ombre de ce boqueteau ; nous pourrons aller les abreuver aisément à la rivière… Pendant que je t’aiderai, Raymond va aller en ville.
    — En ville ?
    — Oui, l’ami. Tâche de savoir où nous procurer de la cévade [337] et du foin. Trouve également les échoppes où la vitaille est bonne et au moindre prix. Voilà mon escarcelle… Prends une de nos besaces et apporte-nous de quoi manger à midi et ce soir… Adelis, les gars, va nous manquer aussi pour accommoder la pitance !
    — Hé oui, messire !
    Raymond semblait apaisé bien que son regard, trop souvent fuyant, ne divulguât point ses pensées. Tourné vers la cité, Champartel considéra les châteaux blancs et fiers en soupirant. Trois plis barraient son front. À quoi pensait-il ? À la joute ? Les innombrables leçons de Gratot suffiraient-elles pour qu’il se maintînt longtemps en selle ? Il ne pourrait affronter les meilleurs que s’il éliminait auparavant le fretin des commençailles : les novices et les lourdauds. À moins qu’à la montre des heaumes, il ne lui vînt l’envie de défier quelque grand seigneur…
    — Vois aussi, Raymond, recommanda l’écuyer, s’il n’y a pas là-haut quelque imagier disponible. Il faut un marteau sur mon écu. Sinon, rapporte un pinceau et des couleurs. Du rouge et du blanc, en guise d’argent, à moins que cette teinte existe. Puisque les juges m’ont laissé le choix, mes armes seront : de gueules au marteau d’argent.
    Sachant les chevaux las, le sergent partit lentement, sans se retourner. Thierry le suivit du regard :
    — Il a du chagrin, messire. Il s’était amouré d’Adelis, mais ça, ni vous ni moi ne l’avions deviné… et je crois bien qu’elle n’en savait rien.
    Ogier refusa d’engager l’entretien. Par lâcheté. Il avait mal dormi sans que la paille de Morthemer en fût cause. Belle et charnelle, Adelis avait hanté son sommeil.
    — Allons, Champartel, aide-moi à monter la tente…
    Ils assemblèrent et chevillèrent bout à bout les quatre tronçons de leur estace [338] qu’ils fichèrent profondément dans le sol. Ensuite, autour du cercle tracé par l’écuyer à partir de ce centre, ils enfoncèrent à coups de maillet les trente paissons [339] d’acier aux anneaux desquels ils attachèrent les cordes de soutien. Ogier dressé à l’intérieur sur la pointe des pieds, l’écuyer agissant au-dehors, ils déplièrent et fixèrent le drap gris et fané. Lorsque la voûte en fut ajustée, après qu’Ogier eut noué la dernière aiguillette, Thierry pénétra dans l’édifice où il demeura le dos courbé par crainte d’en endommager l’équilibre.
    — Il y a des trous. Souhaitons qu’il ne pleuve pas !… Je crois bien que lorsque nous aurons mis à l’abri tout ce qui nous appartient, un seul d’entre nous pourra gésir là-dedans !
    Après avoir tiré sur quelques cordes pour en éprouver la tension, ils sortirent.
    — Quand un de nous dormira, les autres veilleront sur les chevaux. J’ai vu de la truandaille.
    — Nous sommes trop peu. Il nous faudrait Bressolles.
    — Va donc débâter son genet.
    L’écuyer s’en alla ; il revint aussitôt apportant les trois lances. Les sacs, les selles furent déposés peu à peu autour d’elles, de façon à les maintenir debout. Une fois les chevaux soulagés, l’écu d’Ogier fut mis en montre au seuil du pavillon. Thierry semblait soucieux :
    — J’ai peur, messire, qu’avec Facebelle parmi eux, et l’odeur de tous ces roncins attachés près d’ici, nos chevaux ne se querellent…
    — Mets la jument à l’écart. Sépare Marchegai d’Artus et fais en sorte qu’ils puissent ruer sans s’atteindre. Il ne

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