Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
Gloriande.
    L’épée du malandrin s’abattit sur la lame du défunt Kergœt, prête à la recevoir, tandis que des protestations, des appels à la sagesse éclataient de partout, et qu’au loin, les longues guisarmes des hommes du guet apparaissaient.
    — Holà ! pas maintenant…
    — Attendez la joute et le tournoi !
    — Il n’est plus temps de se chercher querelle !
    Ogier entendait, mais à peine, mordant avec délices dans un plaisir sans égal : Lerga au bout de son arme ! Désir de tuer, d’avilir, de rendre devant témoins une sûre justice. Or, les protestations s’enflaient.
    — Non ! Attendez demain, dans la lice !
    Voix coupante que cette dernière, celle d’un grand seigneur sans doute.
    — Cesse, cria Lerga. Ils ont raison : nous nous mesurerons demain, et je t’assure…
    Il reprit haleine. Il écumait de malerage. Abaissant son épée, il demanda :
    — Comment t’appelles-tu ?
    — Ogier de Fenouillet, chevalier.
    Les spectateurs se dispersaient aussi rapidement qu’ils s’étaient assemblés. Ogier les voyait à peine ; leurs commentaires lui paraissaient vides d’intérêt.
    Lerga recula, mit son arme au fourreau et releva la tête :
    — À bientôt, damoiseau !
    Dans ses yeux brillaient des lueurs meurtrières qu’Ogier feignit de prendre en dérision. Et tandis que l’Espagnol menaçait de ses poings les derniers curieux en hurlant : « Place ! Place ! », il restitua Gloriande à Thierry.
    — Heureusement que je l’avais dégainée, messire, dès le commencement ! Et c’était peu facile avec nos bassinets dans les mains… Une commère les a tenus… Ah ! là là… Vous vous conduisez comme un marmouset… Méfiez-vous de préjudicier votre entreprise… et vous également !
    Sans contester leur pertinence, Ogier n’eut que faire de ces reproches : il s’était tourné vers la jouvencelle et demeurait figé, comme ébloui. Il fut près de protester quand Thierry lui restitua son bassinet, puis songea :
    « Que va-t-elle penser de ce poing ? »
    Elle s’avançait vers lui d’une façon si simple et majestueuse qu’il lui trouva des grâces, un air de Cour. Son pas souple et dansant, son sourire, dont il n’eût su dire s’il était le signe d’une courtoisie naturelle et constante ou l’expression d’une douce reconnaissance à son égard, firent sur son courroux encore inapaisé l’effet d’un baume. Il s’adoucit et sourit à son tour.
    — Messire, je vous sais bon gré de votre aide.
    Elle était rousse, de ce roux des châtaigniers en novembre. Ses tresses épaisses répandaient leur clarté sur des joues un peu creuses et un cou velouté, cerclé d’une chaînette d’or. Elle avait des mains très blanches, aux ongles roses ; à chacun de ses annulaires, une bague jetait parfois une étincelle, l’une pourpre, l’autre violette.
    — Vous avez fourni à ce pernicieux une leçon méritée, messire, mais je crains qu’il ne cherche à se venger d’une façon cauteleuse [379] . Venez… On nous regarde… les francs-archers du guet…
    En effet, deux arbalétriers les observaient.
    Ogier suivit la jouvencelle jusqu’au renfoncement d’une porte, sans s’étonner d’admirer non seulement sa beauté, mais aussi ce maintien cérémonieux qu’il eût trouvé désagréable chez toute autre.
    — Je suis, gentil sire, damoiselle Blandine Berland.
    Touchant son cœur du plat de sa dextre, le garçon s’inclina :
    — Ogier de Fenouillet, pour vous servir.
    Elle devait lui arriver à l’épaule, cependant, elle paraissait grande tant sa taille était élancée, tout en courbes douces, harmonieuses. Captive d’un corselet de soie turquoise, sa gorge tendait ses deux boutons sous un col garni de bisette de Flandre brodée à petits points d’églantines. Plus bas, sous la ceinture de cuir brun aux fermoirs d’argent champlevé, s’évasait une jupe de velours de Gênes d’un vert sombre, dont la traîne devait mécontenter le chapelain de sa famille. Et sous les cannelures des tissus visibles et dérobés, il devina des jambes pures, des fesses minces et des agréments plus secrets, audace coutumière mais dont, cette fois, il rougit comme d’un larcin commis au détriment de la pucelle.
    — Jamais je n’aurais pensé qu’un malandrin m’assaillirait ainsi, devant moult passants et prud’hommes !
    — C’est un Navarrais, damoiselle… Il a des alliés près du trône… Il se croit tout

Weitere Kostenlose Bücher