Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
demanda :
    — D’où vient ce feuillage ?
    — Thierry me l’a donné. Il est sorti à l’aube avec Gosselin.
    — Il peut être heureux que j’aie dormi ; je l’en aurais empêché, même si c’était pour toi et pour elle.
    —  Le maçon les accompagnait.
    — Ah ! bon.
    Abandonnant Aude consternée, Ogier décida de se coucher. Rejoignant son père en conversation avec Bressolles, il dit en lui donnant l’accolade :
    — Demain, vous monterez Passavant. Nous partirons à l’aube… Êtes-vous toujours décidé à venir voir ce qui se passe aux abords du manoir de Blainville ?
    Godefroy d’Argouges hocha la tête : il viendrait.
    Sans doute songèrent-ils mêmement à leurs chevauchées brèves ou prolongées d’autrefois. Au même instant, le mot cheval leur vint aux lèvres.
    — Un bon cheval Passavant ?
    — Un bon cheval, Père.
    Des scrupules les blessaient encore. Ils n’osaient recouvrer leur aisance perdue. L’un se rappelait ses conseils, ses semonces ; l’autre s’en souvenait aussi. L’un se sentait moins redouté, voire déprécié ; l’autre s’obligeait à sourire avec une indulgence dont il n’eût point juré qu’elle était sincère.
    — Et Clopinel ? Maugis ? Broieguerre ? demanda tout à coup Ogier.
    — Ces bons chevaux sont morts. Vieillesse, oisiveté… Je n’avais plus le cœur de seller l’un ou l’autre pour qu’ils se meuvent entre les murs. Asselin, Lesaunier, Jourden et Aguiton s’en sont occupés.
    — Vous eussiez dû continuer de les monter. Lors du siège de Rechignac, j’ai chevauché Marchegai dans la cour.
    La réponse à ce reproche insidieux vint aussitôt, et la voix qui la fournit n’était pas si dolente qu’Ogier s’y attendait – au contraire :
    — À quoi bon chevaucher si l’on n’est chevalier.
    La mort née de l’ennui avait frappé ces trois roncins aux membres puissants et au caractère aussi souple que leurs foulées. Il fallait trouver une astuce pour clore ce lugubre inventaire.
    — Que pense le seigneur de Marigny ? Est-il marri de votre infortune ?
    — Il me sait innocent des maux dont on m’accuse. Il me l’a dit. Pour ne point se compromettre, il demeure sur ses terres et m’a enjoint de n’y point revenir.
    — J’avais pour intention de lui rendre visite. J’y renonce… Il y a des méchancetés que l’on peut donner comme avérées. D’autres plus hypocrites et qui sans doute font plus de mal à celui qui les subit que les vilenies assenées droitement. Vous êtes le féal d’un seigneur sans pitié.
    Ogier savait qu’il pouvait s’entretenir avec son père sans lui accorder, désormais, des égards exagérés. Dès son entrée dans Gratot, le voyant tel qu’il était devenu, il s’était arrogé le privilège de se montrer son égal.
    — Il vous faudra sortir de votre inaction. Vous battre au besoin. Je suis allé à l’armerie. J’y ai déposé une épée. Venez la voir.
     
    *
     
    Après qu’Ogier eut déposé à plat, sur les paumes de son père, l’arme dont Guillaume de Rechignac s’était départi sans regret apparent, Godefroy d’Argouges, le souffle brisé, ne prononça qu’un mot : « Dieu ! » pour exprimer son ébahissement.
    Il soupesa l’épée tout en l’examinant du pommeau à la pointe et inversement, les yeux mi-clos, le nez si proche de la lame que l’acier s’embuait.
    — D’où tiens-tu cette merveille ?
    — C’est le dernier présent de mon oncle Guillaume.
    — Elle est digne d’une messe.
    Ogier acquiesça.
    Déposées sur les autels, parfois à perpétuité, certaines épées participaient au saint sacrifice. Elles étaient bénies par le prêtre, sanctifiées quelquefois au même titre que des reliques ou des êtres humains trépassés. Les plus belles figuraient parmi les trésors des abbayes et des églises, dans des chapelles qu’elles enluminaient de leur présence. Certaines honoraient les gisants des seigneurs qui les avaient maniées. Elles avaient évidemment des noms. Lors des cérémonies d’investiture ou de couronnement, ainsi que des obsèques en grand bobant [134] , elles étaient portées, présentées selon un rituel observé avec soin.
    — Père, c’était l’épée d’Hermann de Salza, un grand maître de l’Ordène teutonique [135] . Je ne sais d’où Guillaume la tenait et n’ai point osé le lui demander. Il m’en a fait don de bon cœur.
    C’était une œuvre d’émaillerie où les nielles

Weitere Kostenlose Bücher