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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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tours d’argent.
    –  D’où et de qui tiens-tu cela ?
    – D’où ? De Gratot. De qui ? De votre épouse.
    – Je n’ai jamais vu Luciane broder quoi que ce soit.
    – Ermeline de Montsurvent a commencé à tirer l’aiguille avec elle. Puis Marie de Giverville et Béatrix d’Orbec s’y sont mises. Les auriez-vous oubliées ?
    – Non, certes !
    – Eh bien, messire, leur riole (541) , c’était de coudre cette estranière quand nul d’entre nous ne pouvait s’en douter. Votre épouse aussi y a mis du sien. Elle m’a dit, avant notre départ : «  Ne lui remets ceci que lorsque vous serez en Espagne. » J’ai préféré attendre que nous soyons proches de Barcelone, puisque c’est là que nous devons être reçus par le roi d’Aragon… Vous n’avez rien à envier ni à votre beau-père ni aux autres… Je serai fier de la porter au bout de l’une de nos lances !
    Ogier d’Argouges souriait. Tristan ne savait que dire, mais son sang s’était réchauffé. Autour d’eux, les bannières s’élevaient toujours.
    – Bon sang ! dit Jean Lemosquet, on ne voit que des chaudrons !
    Un rire. Un homme s’éloigna du comte de Dénia. Il était grand et vêtu d’une armure telle qu’en forgeaient les plattners d’Angleterre et d’Allemagne : de larges épaules, un poitrail de fer sur lequel il avait fait peindre ses armes, des cubitières et genouillères accrochées aux mailles des bras et des chausses et des souliers de cuir cloutés. Pour bassinet, une calotte de fer munie d’un nasal triangulaire.
    – Je suis Juan Nunez de Lara… Je viens d’Alarcon. Je porte, comme vous le pouvez voir : de gules, con dos calderas jaqueladas de sable y oro, puestas en palo ; y salientes de cada una de ellas, siete serpientes de sino-ple…
    –  Sept serpents de sinople dans des chaudrons ! dit Paindorge.
    – Que signifient ces chaudrons ? demanda Ogier d’Argouges.
    – Messire, la marque distinctive du chevalier est le pendon y caldera, la bannière pour rallier ses gens, et la chaudière pour indiquer qu’ils sont à sa solde et qu’il les nourrit. C’est pour cela qu’on voit souvent des chaudières dans les armes des grandes maisons issues des ricos hombres de Castille et d’Aragon.
    – Et les serpents ?
    Le visage de l’Espagnol se plissa malicieusement. Il sourit de voir un chevalier si peu informé de la signification de cette espèce de meuble.
    – Les couleuvres sont souples et rusées.
    Était-ce une bonne explication ? Tristan l’accepta en s’inclinant, bien qu’il n’en fût point satisfait. Juan Nunez de Lara désigna la bannière des Castelreng :
    –  Vos tours prouvent que vous êtes solide… durablement, et vos lions, messire Argouges, que vous êtes hardi… Mais il nous faut nous mettre en haie pour que le comte s’assure que nous sommes aptes à le suivre…
    Don Alfonso passa devant les hommes rangés tout au long du chemin. Avec un sourire tantôt large, tantôt faussement amical, il releva les manquements aux règles en usage dans l’Aragon, les défauts des harnois ou la façon de les porter. Il eût pu s’exprimer dans sa langue natale ; par orgueil, il usait – bellement – du français :
    – Dresse plus haut cette bannière, Sanche… N’as-tu pas de fautre à ton étrier, Pablo, ou crains-tu d’en appuyer l’arestuel sur le dessus de ton pied ? Toi, Mariano, depuis quand n’as-tu point fourbi ton plastron ?… Et toi, Adolfo, ne peux-tu trouver un mailleur pour boucher ce trou dans ta camisole de mailles ?… Quel beau cheval, messire Castelreng !
    –  Il se nomme Alcazar.
    – Il porte bien son nom. Sa robe est une perle…
    Se dirigeant vers les cranequiniers, le comte cita Lionel et les siens en exemple, ce qui était pour le moins exagéré car ces treize garçons puaient la truanderie. Sans s’attarder devant eux, il commanda aux quatre archers de sa suite de tirer leurs trompettes des housses suspendues à l’arçon de leur cheval, ce qu’ils firent ensuite d’avoir poussé leur arc dans leur dos, près de leur carquois. Alors, on se forma en bel et bon arroi, les trompettes devant avec injonction de ne sonner que lors des traversées de villages.
    On partit trois par trois, les ricos hombres en tête, leurs escuderos derrière, puis Guesclin devançant la Fleur de la Chevalerie de France : Bourbon, Villaines, Audrehem et les autres, les écuyers de ces prud’hommes et leur charroi ; puis les

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