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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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l’appelaient don Alfonso. Il était fils de l’infant En Père et petit-fils du roi Jaime II d’Aragon. Il était déjà comte de Dénia et le Ribagorza et s’était fait le protecteur du poète chevalier Pere March. Dénia était situé sur la côte, entre Valence et Alicante, et le comté de Ribagorza était un vaste domaine ayant comme limite est le cours de la Voguera Ribagorzana, dans les montagnes du Haut Aragon.
    – Vous êtes riche, vous, lui dit un jour Guesclin.
    – Mes terres, messire, me fournissent l’été l’or dont on fait du pain, les rubis dont on fait du vin… La sagesse me semble la plus importante des richesses.
    – Votre cousin, dit le comte de la Marche, me semble dans un état semblable à celui de vos rios l’été : à sec.
    –  Rassurez-vous tous, messires : il vend ses biens patrimoniaux. Avec ces nouvelles ressources, il pourra solder douze mille hommes.
    Calveley, dont le gros roncin brun arzel piétait auprès du Malaquin d’Ogier d’Argouges, se montra confiant à l’inverse de Guesclin qui, d’un clin d’œil à ses cousins Alain et Henri de Mauny, leur avait signifié qu’on allait bientôt se servir soi-même et qu’à l’impossible, nul n’était tenu.
    –  Messires, dit le comte de Dénia, vos piétons nous retardent, et votre charroi. Je vous propose de les abandonner à la sur veillance de quelques capitaines et de chevaucher très en avant vers Barcelone afin de rassurer le roi sur votre venue… Prenez vos écuyers, quelques hommes d’armes…
    – Bonne idée ! interrompit Guesclin.
    Le comte de Dénia désigna quelques hommes :
    – Vous, messire Carbolay (536) vous, comte de la Marche, vous, messire de Villaines…
    Le doigt de l’Aragonais se porta sur la poitrine d’Ogier d’Argouges, et Tristan se sentit lui aussi désigné. Quand ce fut achevé, il s’aperçut que la conduite des routiers serait assurée par la plupart des Bretons supplantés, il fallait s’en douter, par la malandrinade : Briquet, Carsuelle, Bagerant, Lamit, le Petit-Meschin, Espiote et quelques autres.
    – C’est un crime, dit-il, de partir devant eux. Ils vont recommencer leurs actes… Au lieu d’une France amie, la souffrance mortelle !
    – Certes, dit Ogier d’Argouges. Mais dis-toi bien, mon gendre, que si nous demeurions, nous ne pourrions annihiler toutes ces volontés de pillage que nous voyons luire dans leurs yeux. Jamais le roi de France n’aurait dû avoir cette idée abjecte de lancer le fléau qui putréfie son royaume dans un autre pays pour servir une cause immonde ! Notre seul réconfort est que nous sommes venus contre notre gré… Tiens, regarde. Je suis certain que le Breton va le prendre avec nous.
    Lionel parolait avec Guesclin et demandait à se joindre à ses hommes. Quelques phrases glissèrent dans l’oreille bretonne. Un « Ah ! Tiens » fut suivi d’un rire et d’un coup d’œil oblique.
Il est question de nous, dit Tristan, inquiet.
    Ogier d’Argouges acquiesça sans mot dire, Tristan poursuivit :
    – Ça y est !… Il accepte dans son herpaille (537) ces douze gars du Pierregord !
    – Eh bien, dit Paindorge qui n’était jamais loin, nous redoublerons de prudence. Et s’ils nous cherchent, ils le regretteront !

IV
     
     
     
    Quand les prud’hommes, leurs compagnons et leurs sommiers furent en vue de Badalona, le comte de Dénia décida d’un arrêt pour que chacun se vêtît de son mieux.
    – Nous devons, messires, déclara-t-il hautement, accomplir dans Barcelone une entrée digne de notre bachelerie (538) .
    –  Est-ce loin ? demanda le comte de la Marche. Nous ne voyons rien devant hormis ce gros rocher…
    – C’est la Puntigalâ, messire, dit un seigneur qui semblait être un ami de don Alfonso. Quant à Barcelone, nous en sommes à deux lieues. Vous pouvez dès maintenant hisser vos bannières car nous allons traverser quelques villages, et rien n’est meilleur pour le peuple que de voir passer devant lui des chevaliers en grand bobant (539) .
    Une aigle noire au bec et avillons sanglants s’éleva dans le ciel. Bien que n’étant pas l’écuyer d’Ogier d’Argouges, Lebaudy, prompt et fier, hissa la bannière aux lions d’or affrontés sur fond d’azur. Paindorge se précipita vers Carbonelle. Il tira d’un bouge (540) qui lui appartenait une bannière qu’il déploya joyeusement :
    –  Voyez, messire !
    Émerveillé Tristan reconnut ses armes : de gueules à deux

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