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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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pourtant atteindre le milieu. Les deux autres tinrent compagnie à celles de son compère.
    – C’est mieux, dit Ogier d’Argouges.
    Le troisième archer écorna le noir de deux sagettes. Sa troisième se ficha dans le premier cercle, à l’opposé des quatre autres.
    On battit des mains. Pierre IV semblait content. Calveley s’inclina vers lui :
    – Permettez-vous, sire, que mon fidèle archer participe avec une seule sagette à ce challenge ?
    Le roi n’hésita pas. N’était-on pas en plein soulas 301  ?
    – Je me dois de vous dire, majesté, que Shirton est le meilleur archer d’Angleterre.
    – Eh bien, chevalier, qu’il nous le prouve !
    Sur un signe de Calveley, Shirton se plaça en hâte entre deux archers, bornoya et banda son arc l’espace d’un éclair. Son trait frémit en atteignant la cible en son centre.
    C’était un coup merveilleux. Le roi, debout, battit des mains devant tant de sûreté. Guesclin, immobile, en fut comme offensé.
    – Y a-t-il un Breton qui veuille supplanter cet Anglais ?… Toi, Couzic !
    Il pointait l’index vers la table des subalternes. Un index qu’une fureur injustifiée autant qu’immodérée faisait trembler. Le soudoyer qui avait conservé ses mailles peut-être pour les imbiber de graisse, marcha vers Shirton et les Aragonais.
    –  Prête-lui ton arc, toi, là-bas. Il n’a pas le temps d’aller chercher le sien !
    L’Aragonais aux sagettes bleues s’exécuta de mauvaise grâce. Il alla tirer sa meilleure flèche de la mouche et l’offrit au Breton.
    – Montre-leur ce que sont les archers de Bretagne !
    Couzic s’inclina sous le poids d’une volonté certainement inhabituelle. Il mit du temps à chercher son coup.
    – À trop vouloir plaire à son maître, commenta Ogier d’Argouges, ce chien de la Motte-Broons ou d’ailleurs va…
    Le trait partit et fit choir la flèche rouge qui avait pénétré dans la mouche. On battit des mains jusqu’à ce qu’on s’aperçut que la sagette bretonne était en dehors du noir.
    – Tu me paieras cela, Couzic, gronda Guesclin.
    Un autre candidat se présenta : Lionel. Tristan s’y était attendu.
    –  Tudieu ! enragea Ogier d’Argouges, sa hautaineté m’indispose.
    – Essaie, dit Pierre IV impassible, bien que je n’aime point l’arbalète qui fut proscrite par deux conciles.
    Le jeune routier lança un regard à Tristan, puis à son beau-père.
    – Il se moque, dit Ogier d’Argouges, et mérite une leçon. Il est avide d’une renommée qu’il ne mérite pas…
    Le jeune routier manœuvra le cranequin de son arme, encocha son carreau et s’agenouilla afin que son coude senestre prît appui sur son genou.
    – Holà ! Holà ! protesta Shirton irrité par cette précaution supplémentaire.
    Le carreau jaillit et vibra. Si grande était la force du coup qu’il pénétra complètement le bois et renversa le support de la cible. Quand Guesclin eut relevé celle-ci, l’on vit que le trait empenné de cuir s’était planté à un doigt de la sagette de Shirton. Les dames applaudirent, entraînant les hommes et les gens d’Église excepté Pierre IV occupé à boire. « Il commence à regretter cet entremets », songea Tristan, cependant que Lionel, levant triomphalement son arbalète, demandait :
    – Personne d’autre ?
    Il s’attendait à ce qu’aucun convive, après lui, n’osât exprimer son adresse. Le regard qu’il portait sur Ogier d’Argouges signifiait : « Vois comme je suis habile ! Toi, tu ne m’as rien appris ! » Tristan sentit la main d’Inès quitter sa cuisse en même temps qu’il voyait son beau-père marcher en direction de Shirton.
    – Prête-moi ton arc.
    – Volontiers.
    Quelqu’un s’esclaffa : Guesclin.
    – Quel étrange chevalier tu fais, Argouges !… Ne sais-tu pas qu’il est indigne, pour des gens de notre espèce…
    – Je ne suis pas de ton espèce.
    – … de tenir un arc !… C’est déchoir.
    – Meurtres, viols, pillages me semblent des déchéances pires que celle de tenir une arme des plus simple, adonques plus noble qu’une arbalète.
    Le chevalier normand se tourna vers Lionel, pâle et es yeux exorbités par une curiosité craintive. Il réprouvait que le défi qu’il avait imprudemment lancé eût été élevé par un père abominé.
    – J’ai un long bow enfardelé sur mon sommier. Celui dont tu m’as fait présent jadis, Shirton. Le temps ne manque de l’aller quérir.
    – Il ne

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