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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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– la seule qui brûlât encore sur le couvercle d’un bahut.
    –  Vous voulez seul arrêter cet homme ?
    – Oui, messire. Quand je dis seul, j’inclus dans ce pourchas tous les hommes de ma mesnie.
    – Êtes-vous assuré d’aboutir ?
    Un sourire tremblait sur les lèvres du comte. Il doutait et trouvait présomptueux ce jeune hobereau dont il ne savait rien hormis qu’il avait obtenu la confiance du roi et mis à mort un arbalétrier impertinent.
    – Nul ne peut préjuger de cette réussite, monseigneur, mais qui ne tente rien n’a rien. Vous êtes tenu d’assister au sacre et aux liesses qui succéderont à ce couronnement. Je n’ai point le goût de ces cérémonies. Laisser fondre le temps, c’est donner à ce Rebolledo le loisir de disparaître.
    Tristan jugea qu’il en avait assez dit. Insister eût été peut-être se trahir. Il commençait à redouter un renouveau de questions désagréables quand pour mettre fin sans doute à l’entretien ou laisser au comte de la Marche le soin d’un choix pour le moment indiscernable, Audrehem marcha jusqu’à la fenêtre.
    – Bien… bien, fit Jean de Bourbon, indécis, les yeux mi-clos.
    Tristan, inquiet, regarda la chambre simple, aux murs chaulés dans un angle de laquelle, sur un tréteau de bois, reposaient, pliés, des vêtements de grand prix. Dehors, déjà, passaient des porteurs de bannières dont ce fameux tendon y caldera, marque distinctive du chevalier pour rallier ses gens, et la chaudière pour indiquer qu’ils étaient à sa solde et qu’il les nourrissait 400 . Mêlé au clapotement des fers, le crépitement des pas des Burgalais ne cessait d’augmenter. Toute la cité, sauf sa juiverie, se rassemblerait à l’entour de la cathédrale.
    Un sourire détordit la bouche du comte :
    – Soit !… Que cet homme abominable devienne votre gibier.
    – Je vous en regracie, monseigneur. Cependant, afin que nul ne vienne entraver mon action, j’aimerais avoir quelques mots de vous attestant que je suis votre homme.
    Jean de Bourbon fit glisser ses mains le long de sa chemise, et cela signifiait : « Voyez dans quel état je suis… Comment voudriez-vous que j’aie de quoi écrire ? » Mais Audrehem se détourna promptement et mit un terme à l’embarras du comte :
    – Mon neveu a ce qu’il faut : parchemin, encre, écritoire. Il me les a confiés. Je les vais chercher.
    « Il est vrai qu’à distribuer des lettres de rémission sans discernement », se dit Tristan, « il convient qu’il ait de quoi pourvoir à cette œuvre pie ! »
    Le maréchal s’en alla et revint porteur de l’indispensable attirail qui, dans son fourniment de guerrier, jouxtait ses armes. Tristan ne s’étonna point de voir que cet homme dont l’absence, à Brignais, avait accéléré la défaite – et contribué au trépas de milliers de guerriers dont Jacques de Bourbon et son aîné – disposait de grands rectangles de francin 401 et d’un bâton de cire d’un beau rouge. Et tandis que Jean de Bourbon, assis au chevet de son lit, l’écritoire sur les genoux, s’appliquait à grands crissements de plume, tandis qu’Audrehem approchait la chandelle près de s’éteindre, il soupira soulagé.
    – Messires, dit-il, j’aimerais que cette mission soit tenue secrète… si ce n’est trop vous demander. Il y a dans l’entourage de Bertrand Guesclin, des hommes de gros appétit. Moi, je ne vous demande rien.
    – Ah ? fit Audrehem émerveillé par une générosité qui dépassait son entendement.
    – Le plaisir de saisir au corps un malandrin tel que ce Rebolledo suffira bellement à me défrayer de mes peines… si toutefois j’en éprouve…
    – Il vous faudra manger ! objecta Audrehem.
    – Messire, j’ai de quoi et notre réputation fera le reste.
    Il jouait sur les mots ; il ne fut pas compris.
    – Ce que je fais, messire Arnoul, vous le feriez aussi…
    C’était bien dit, songea-t-il, tandis que, sur la cire chaude, Jean de Bourbon appuyait l’anneau sigillaire qu’il portait au médius dextre.
    – Si je ne vous connaissais, Castelreng, votre honnêteté me paraîtrait suspecte.
    – Messire Arnoul, votre confiance me touche.
    Tristan reçut le parchemin scellé. Il lut au-dessus du paraphe du comte : autorise le porteur… por ce que nos volons qe nostre cher et féal Tristan de Castelreng, capitaine de nostre compagnie… reçoive aide… Donné souz nostre privé seal, à Burgos, le dimanche XXIX Jour

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