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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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fussent placés sous le signe de Son infaillibilité plutôt que sous celui de Sa Bienveillance. En s’approchant de la fenêtre, il vit que ses hommes étaient prêts et que les chevaux piaffaient. À l’écart, un genet à la robe noire semblait s’en défier.
    – Simon est trop jeune encore pour avoir un cheval. Teresa le prendra en croupe.
    Tristan considéra l’enfant occupé à regarder sa sœur comme une idole.
    – Simon, dit-il, oublie dès maintenant quels sont vos liens. Tu es un enfant perdu que nous avons recueilli dans une rue de Burgos. Tu conserves ton nom, elle s’appelle Roland. Si tu l’oublies, tu mettras en danger sa vie, la tienne et la nôtre… Le temps venu, je lui don nerai des parents, un passé. Je trouverai une raison pour expliquer sa présence parmi nous.
    –  Oui, messire, dit l’enfant.
    – Toi, tu continueras de parler l’espagnol. Ta sœur n’en doit plus dire un mot.
    Tristan se sentait rongé d’impatience. Comme Paindorge qui, les bras croisés, le chaperon de travers et l’épée au côté, allait et venait devant la porte close.
    – Allons, le temps des adieux est venu.
    Tourné vers le vieux drapier qui, tête basse, ne retenait plus ses sanglots :
    –  Messire, votre Dieu tient vos enfants dans ses mains ; le nôtre tient notre destin dans les siennes. Nom sommes sous une double protection. Un jour on vous dira que nous sommes vivants…
    Tristan poussa la porte entre-close et entendit un bruit de sabots. C’était Alcazar qui venait à lui, l’œil vif et sur la bouche un semblant de sourire.
    – Messire, votre Floberge, dit Paindorge et s’approchant. J’en ai fourbi la lame ce matin. Dans ce pays, l’usage en est obligatoire… Tout est prêt. Où allons-nous ?
    – À Tolède.
    Tristan n’osa regarder en arrière, sachant qu’aux fenêtres, Joachim Pastor et ses serviteurs l’observaient. Il s’adressa à ses compères :
    – Oyez, dit-il, nous allons à Tolède. Je vous dirai pourquoi quand nous cheminerons.
    Il ceignit sa ceinture d’armes et la boucla.
    – Je n’ai jamais eu à me plaindre de vous. Si quelque défaillance de l’un ou de l’autre nous porte préjudice, sachez-le dès maintenant : je me montrerai inflexible.
    Serrano acquiesça le premier, puis les autres, Lebaudy en second. Tristan s’approcha du genet, peu farouche, et porteur d’un bissac au pommeau de sa selle et d’un autre, au troussequin.
    –  Bien, dit-il, tu n’es pas enharnaché comme un prince.
    Puis aux Lemosquet :
    – Jean et Yvain, vous prendrez Simon en croupe alternativement. Je vous laisse le choix…
    Yvain leva la main :
    – Je m’en charge maintenant.
    Tristan se tourna vers Teresa pour l’inviter à monter en selle. Il se ravisa, furieux contre lui-même :
    – Bon sang ! Il vous faut changer de pourpoint… Robert, passe-lui le tien. Prends le sien et fourre-le dans ton bouge 403 . Choisis l’un des miens, n’importe lequel, et quand tu l’auras endossé, vérifie si le bât de Carbonelle a été bien attaché. Nous devons avancer sans le moindre incident jusqu’à la vesprée… voire jusqu’à Tolède.
    Pour la soustraire à la curiosité des hommes, il se plaça devant Teresa qui lui montra son dos. Quand elle se détourna pour lui tendre le vêtement et saisir celui le l’écuyer, il entrevit, sous une fine chemise, un sein petit, rondelet, virginal.
    – Roland, murmura-t-il en souriant, il faudra, dès que tu le pourras, bandeler ces fruits-là sans trop les aplatir… Tu les délivreras chez ton oncle.
    Et la gorge serrée :
    – Il est des trésors que nul ne doit entrevoir ces jours-ci. Pas même moi.
    *
    Après avoir quitté la juiverie, vide et silencieuse, ils durent chevaucher à contre-courant de la foule jusqu’à une porte qu’ils franchirent sans que les sergents du guet se fussent informés de ce qu’ils étaient et des raisons qui les poussaient à quitter la cité alors que tant de gent vivant hors des murs affluaient dans l’intention, peut-être bientôt déçue, d’apercevoir les nouveaux suzerains.
    –  À quoi pensez-vous ? demanda Paindorge. !
    – La multitude est sotte. Elle aime à voir de près les despotes et à s’en faire voir. Elle les acclame avant que de gémir sous leur joug. Et disparaissent-ils, soit occis par des ennemis de palais, soit de mort naturelle, soit encore effrayés par quelque armée victorieuse ou près de l’être, qu’elle est toute prête à

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