Les fontaines de sang
posteriori de relations coupables avec son beau-frère, Fadrique. On verra ce qu’il en fut, mais voici ce qu’écrivit La Roca :
Esta princesa fué castisima, pero ay delitos que si ser efe-tivos, solo ser intentados basta para ser capitales, porque en los que son de lésa Magestad, en la intenciôn esté el delito. ademâs de que ay honores tan escrupulosos, que no saben dar total mente por libre a la parte, aunque inocente, si es complice, porque fin culpa de la voluntad, resta siempre rece-loso el entendimiento.
Le second hagiographe, Josef Ledo del Poso, publia en 1780 un ouvrage dans lequel il blanchit tous les crimes de Pèdre, affirmant qu’il fut « un législateur intègre, un vaillant capitaine, un parfait chrétien, un juge sévère, un père tendre, un monarque désirable (apetecible), un roi qui ne céda à aucun autre, digne des surnoms de Bon, Prudent et Justicier ».
Sans commentaires.
Les motivations du mariage de Pèdre et de Blanche n’étaient pas les mêmes dans les deux camps. Pour ce qui concerne la Castille, le grand favori, Alburqerque, et la reine mère avaient résolu de marier le prince pour le manœuvrer plus aisément. Pendant la session des Cortès de Valladolid, en 1352, des ambassadeurs s’étaient rendus à Paris pour demander, au nom de Pèdre, la main de Blanche. Née en 1338, elle était la fille de Pierre I er , duc de Bourbon, et d’Isabelle de Valois, sœur de la reine de France, Jeanne de Bourbon. Elle était donc très jeune quand, le 2 juillet 1352, fut signé le contrat de mariage avec Pèdre, assorti d’un traité d’alliance avec la France 409 . Les ultimes formalités eurent lieu à Atienza, entre Soria et Madrid.
On vantait la beauté de Blanche, sa douceur et sa grâce.
En réalité, c’était la troisième jeune fille à qui Alburqerque et la reine mère avaient pensé. La première avait été, dès 1335 (574) , Jeanne de Plantagenêt, fille aînée d’Édouard III. La seconde Blanche de Navarre, fille de Philippe d’Évreux, roi de Navarre (vers 1345). Jeanne de Plantagenêt devait mourir en 1348, à Bordeaux, victime de la peste noire, et Blanche de Navarre allait épouser, en 1349, Philippe de Valois, roi de France, qu’elle exténua au lit. Devenue veuve après sept mois de mariage, elle allait refuser, en 1351, de reprendre le projet l’union avec Pèdre en spécifiant que les reines de France ne se mariaient pas deux fois.
Dans le camp français, les motivations étaient différentes. On disait Pèdre immensément riche. On sacrifia Blanche tout en sachant qu’on l’offrait à un fou sanguinaire. Avant la jeune princesse, on n’avait pas hésité à sacrifier une princesse royale, Isabelle de France, la propre fille de Jean dit le Bon pour toucher une fortune. Galeas Visconti, co-seigneur de Milan, avait acheté la jouvencelle pour son fils : 600 000 écus d’or, ce qui permettait de verser à Édouard III une avance sur la substantielle rançon du roi de France. Matteo Villani put écrire que le roi Jean avait vendu sa chair. Isabelle avait onze ans, le fils de Visconti neuf. Il faut insister sur le fait que la vente de sa fille permit à Jean le… Bon de mener la grande vie en Angleterre.
Premières désillusions
Ce fut certainement le cœur gros que Blanche quitta Paris sous bonne escorte : Français et Espagnols entouraient tantôt sa litière tantôt sa haquenée. Le 26 novembre 1352, elle était à Nîmes et le 6 janvier 1353 à Narbonne, retardée par des difficultés relatives au paiement de sa dot. Le 17 du même mois, elle arrivait à Barcelone et le 27 février, elle était en vue de Valladolid.
La mère de Pèdre, Marie de Portugal, et la favorite de son défunt père, dona Leonor de Guzman s’étaient déplacées jusqu’à Valladolid pour accueillir la fiancée. C’était d’ailleurs dans cette ville que le mariage devait être célébré et elles y demeuraient depuis plusieurs mois sans que Pèdre eût songé à les rejoindre. Délivré provisoirement d’Alburqerque, séparé de sa mère, il vivait en roi et s’était établi à Torrijos, près de Tolède, donnant des fêtes, des joutes et des tournois. Il y fut même blessé sérieusement à un bras devant sa maitresse, Maria de Padilla. Alburqerque réapparut pour le mettre en garde contre tout affront fait à la Maison de France et insister sur l’impatience des Castillans à le voir marié. Le respect des engagements solennels et l’honneur de la
Weitere Kostenlose Bücher