Les fontaines de sang
provoqua une immense vague d’émotion et aux cris chargés d’affection se mêlèrent des huées menaçantes à l’adresse de Hinestrosa. L’évêque de Ségovie demanda pour Blanche, qui l’avait sollicitée, la permission d’entrer dans la cathédrale. Hinestrosa accepta. Une fois entrée, la jeune femme ne voulut plus sortir du sanctuaire, lieu d’asile inviolable. Hinestrosa galopa jusqu’au roi qui assiégeait le château de Ségura. Pendant ce temps, le peuple chassait la garnison de l’Alcazar (14 août 1 354) et se rendait maître de la rue. On mena Blanche et les dames de sa suite à l’Alcazar. On écrivit à don Fadrique pour lui demander son aide cependant que, sur le chemin de Tolède, Pèdre s’arrêtait à Ocana, le temps d’enjoindre aux chevaliers de Saint-Jacques de déposer Fadrique et de le remplacer, à leur tête, par Juan de Villagera, frère bâtard de sa maîtresse (seconde quinzaine d’août).
L’insurrection de Tolède plongeait le roi dans des accès de fureur terribles. Craignant pour la vie de sa maîtresse, il la fit conduire au château de Tordesillas ainsi que sa mère, la reine Marie (6 septembre 1354).
Fadrique entra dans Tolède avec quelque 300 lances. Son premier souci fut de faire main basse sur la fortune de Samuel Levi, trésorier de Pèdre ainsi que sur une somme considérable appartenant à la reine Blanche !
Quel prud’homme et comme on comprend qu’Alexandre) Dumas père l’eût pris pour un modèle de paladin !
La revanche de Toro
Ce fut alors que Pèdre, trop confiant, tomba dans un piège tendu par la reine, sa mère, et les bâtards. Prisonnier à Toro dans la seconde quinzaine de novembre, il parvint à s’évader e 3 décembre et gagna Burgos où il reçut, courant janvier, une seconde sentence d’excommunication fulminée à Tolède, le 19 du même mois de cette année 1355 en même temps qu’il était avisé de la condamnation des évêques de Salamanque et d’Avila qui l’avaient uni à Juana de Castro.
Au nom du roi, les chevaliers de Saint-Jacques réclamaient la reine Blanche, cependant que le Trastamare, qui campait à Talavera, n’osait leur livrer bataille. Il rejoignit Fadrique (16 mai) et Pèdre, ayant passé le Tage à gué – avec la complicité des Juifs – entra dans la cité. Henri et Fadrique s’enfuirent, faisant le tour de Tolède par le sud et pillant au passage des bagages du roi immobilisés au pont San Martin (577) .
Pèdre ne voulut pas voir Blanche de Bourbon. Il décida de la faire conduire au château de Sigüenza dont Hinestrosi était le propriétaire et écrivit au Pape pour l’informer qu’il traitait sa femme avec honneur. Lequel Pape, Innocent dans l’acception du mot, l’adjura bientôt de continuer dans cette bonne voie.
Une voie encombrée de crimes commis avec délices et d’autres non commis comme la tentative contre Fadrique, au tournoi de Tordesillas auquel assista Maria de Padilla. Il s’agissait de fournir à l’adversaire du roi une arme défectueuse ou bien de l’atteindre avec un rochet empoisonné. Ces manœuvres criminelles furent déjouées par deux hommes attachés à la personne du bâtard Juan Manso et Pero Alfonso. Arrêtés, ils furent assassinés par des alguazils.
Peu après, la Padilla s’en alla loger à l’Alcazar de Séville et y fut traitée en reine.
Les faits et les légendes
Le roi poursuivait ses conquêtes et ses vengeances. C’est à Toro qu’il apprit, en septembre, que Maria venait de lui donner une troisième fille : Isabel. Elle avait accouché à Tordesillas, une cité qu’ils aimaient l’un et l’autre et où ils logeaient au couvent de Santa Clara. Pèdre assiégea plus étroitement la cité tenue par Fadrique, qui se rendit enfin et fut… pardonné, cependant que les autres défenseurs qui se rendaient aussi étaient tous massacrés sous les yeux du cardinal Guillaume, légat du Pape qui, ar rivé le 24 novembre, avait tenté en vain d’obtenir la libération de Blanche.
Le 18 janvier 1357, la reine Marie, mère de Pèdre, qui s’était retirée au château d’Evora, mourut sans doute empoisonnée à l’instigation de Pèdre… lequel était alors amoureux de dona Aldonza, fille d’un homme célèbre, Alonso Coronel, et épouse de don Alvar Perez de Guzman. Le roi avait alors 23 ans. Don Alvar reçut l’ordre de partir pour la frontière d’A ragon avec son beau-frère : don Juan de la Cerda. Ce fut à Seron, au nord-est de
Weitere Kostenlose Bücher