Les fontaines de sang
de Savoie (1329).
Annexe II
Les clauses du traité de Guérande (12 avril 1365)
Lors des conférences qui eurent lieu à Blain, entre Jean de Montfort et ses partisans et les délégués de Charles de Blois, le Clergé de Bretagne ordonna des prières publiques pour la conclusion de la paix. La foule se pressa dans les églises et pria pour cette paix si longtemps souhaitée. On la croyait conclue lorsque, le vendredi saint, tout failli être rompu par l’obstination des deux partis. À cette nouvelle, les Bretons témoignèrent un tel désespoir que Montfort, touché, préféra leur bonheur à ses propres intérêts. Il signa le traité dont voici la teneur :
1°Jean de Bretagne, comte de Montfort, sera reconnu pour légitime et unique duc de Bretagne, et pour héritier de toutes les terres dont le duc Jean III était paisible possesseur lorsqu’il décéda, excepté celles qui seront cédées par le présent traité à la comtesse de Penthièvre.
2°Jeanne de Bretagne, comtesse de Penthièvre, fera délivrer incessamment au comte de Montfort toutes les villes et les châteaux qu’elle tient en Bretagne, et consentira qu’il en fasse foi et hommage au roi de France.
3°Le comté de Penthièvre et toutes les autres terres dont la comtesse a hérité de son père et de sa mère lui demeureront, excepté ce qui a été donné au seigneur de Beaumanoir.
4°Elle aura de plus la vicomté de Limoges, telle que l’avait le feu duc, et le comte de Montfort emploiera son crédit, ses prières et toutes les voies amiables pour la faire jouir de cette terre, en cas que le prince de Galles veuille y mettre quelque opposition.
5°Le comte donnera en outre à la comtesse de Penthièvre 10,000 livres de rente, qui seront assises sur toutes les terres qui lui appartiennent en France ; et en attendant qu’il en soit paisible possesseur, cette assiette sera faite sur une ou plusieurs terres de Bretagne, que le comte pourra retirerer en donnant d’autres terres de même valeur en France.
6°Le comte cédera à M me de Penthièvre tous les droits qu’il peut avoir sur les châtellenies de Chailli et de Lonjumeau, et il lui donnera en outre 3,000 livres de rentes viagères.
7°Elle ne sera point obligée de lui faire hommage du comté de Penthièvre ni des autres terres qu’elle tiendra en Bretagne, mais ses héritiers en feront tel hommage qu’il appartient, sans que pour cela les vassaux de ses terres soient exempts du ressort de la souveraineté qui appartient aux ducs de Bretagne.
8°Pour entretenir la paix dans les deux maisons et en ôter tout sujet de division, Jean de Bretagne, fils aîné de M me de Penthièvre, épousera Jeanne de Bretagne, sœur du comte de Montfort, après que l’on aura obtenu du Saint-Siège les dispenses nécessaires pour ce mariage.
9°M me de Penthièvre, en considération de cette alliance, donnera à son fils la vicomté de Limoges et toutes ses dépendances en avancement d’hoirie ; le comte assignera à sa sœur 4,000 livres de rente en terre pour tout le droit qu’elle peut prétendre dans la succession de son père et de sa mère ; il lui donnera en outre la somme de 100,000 livres sur les aides de Bretagne, pour contribuer à la délivrance de son mari ; et il emploiera tous ses bons offices auprès du roi d’Angleterre pour procurer cette délivrance et celle de Guy de Bretagne.
10°Si le comte de Montfort meurt sans enfants mâles ou proches parents mâles nés en légitime mariage, le duché reviendra à Jean de Bretagne, fils aîné de M me de Penthièvre, et après lui à ses enfants mâles ou proches parents mâles et légitimes, pourvu qu’ils soient du sang de Bretagne.
11°Les filles seront inhabiles à succéder au duché tandis qu’il y aura des mâles de la ligne de Bretagne ; si le comte ne laisse à sa mort que des filles, elles auront pour tout parage 5,000 livres de rente en terres hors du duché, ou en deniers sur les coffres du duc ; cependant, s’il veut avantager quelqu’une de ses filles, il pourra lui donner de plus 1000 livres de rente en terres, pourvu que ce soit hors du luché ou sur les coffres du duc, mais non sur le domaine.
12°Si le duché revient au fils aîné de M me de Penthièvre, ces 10,000 livres de rente qui auront été assignées à M me de Penthièvre retourneront alors aux filles du comte, ou, s’il en a pas, aux enfants de sa sœur, supposé qu’elle se marie un autre qu’à
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