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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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« Gouvernement
Idéal » des hommes.
    Le lieutenant répondit :
    — Je l’ai. Avec tous ses détails.
    Jérôme de Galand approuva.
    Sortant de Paris par la Porte Saint-Jacques, ils
se rendaient en belle maison de la rue de la Vieille Draperie. Bien qu’il n’en
laissât rien paraître, comme à son habitude, Galand se sentit défavorablement
impressionné par l’attitude des gardes en faction à la Porte Saint-Jacques. Certes,
on le reconnaissait et le saluait avec déférence, au moins en apparence, mais
quelques regards insolents n’avaient point échappé à son sens aigu de l’observation.
    Ce fut Ferrière qui en parla :
    — Les gardes nous ont fait vilaine figure,
ce soir. On eût dit des laquais sentant leur maître ruiné.
    Galand sourit dans l’ombre.
    — La chose est bien observée, Ferrière. C’est
bien de cela dont il s’agit. Même stupides, abrutis de vins mauvais, ils savent
qu’à Paris, sous la main de Gaston d’Orléans, le vent souffle en le sens de la
Fronde, comme ils n’ignorent pas ma loyauté à la couronne. Je suppose que
quelques uns d’entre eux prendraient grand plaisir à me faire passer de vie à
trépas.
    Ferrière s’indigna, remuant sur sa selle et
avec lui le falot, ce qui eut pour grand effet de faire danser follement leurs
ombres soudain démesurées. Il conclut, comme pour se rassurer :
    — Ils n’oseraient jamais !
    Galand observa son lieutenant avec une réelle
curiosité :
    — Vous croyez donc cela…
    Ferrière, quoique gêné, persista en sa
position :
    — Comment ne le point penser ?… Un
esprit comme le vôtre !… En matière criminelle qui nous passionne vous et
moi, je sais qu’il n’est point deux hommes tels que vous par siècle. Ces porcs
ne savent rien des finesses qui préparent un esprit à la police criminelle, mais
ils respectent et craignent votre nom.
    — Un homme est un homme et, l’instant d’après,
un cadavre. Qu’il eût été seul en son siècle lui importe alors bien peu… Nous
sommes arrivés !
    Le baron de Carel, en
mules de velours vertes et robe de chambre bouton d’or à fond jaune et vert
garnie de parements dorés, fit ouvrir aux deux policiers et les reçut avec une
hostilité qu’il ne dissimula point mais qui laissa Galand en grande
indifférence.
    Le général de police s’exprima cependant avec
diplomatie, exposant qu’une rumeur parvenue jusqu’à lui l’avait averti de la
disparition de la baronne de Carel.
    Le mari explosa de rage :
    — Mais vous me parlez là de la putain !
    — De madame la baronne ! corrigea
doucement Galand.
    L’époux, hors de lui, entreprit de faire les
cent pas :
    — Baronne, elle ne l’eût point été si je
ne l’avais prise pour femme en un moment de folie.
    — On la dit jeune et fort belle ! insista
le policier en observant le gros homme dans la quarantaine qui continuait d’aller
et venir, soucieux et manifestement très en colère :
    — Il eût mieux valu qu’elle fût moins
belle et davantage attachée à son mari. Elle me trompait, monsieur.
    « On peut la comprendre », songea
Galand qui répondit :
    — A-t-elle disparu depuis longtemps ?
    Le baron de Carel, cessant ses allées et
venues, s’immobilisa devant Jérôme de Galand :
    — Disparaître, mais elle ne faisait que
cela !… Elle repérait les hommes de quelques richesses, et pas toujours de
la noblesse, faisait tant de manières provocantes qu’ils la menaient en leur
lit et, une fois les jambes en l’air, elle les tenait !
    — Les jambes en l’air, elle les tenait…, répéta
Galand, assez interloqué par cette curieuse image.
    Le baron de Carel reprit :
    — Par nombreux caprices, elle obtenait d’eux
or et bijoux qu’elle ne rapportait point même ici, où il eût été naturel, mais
cachait en un endroit que je ne connais point. Imagine-t-on pareille chose ?
    « Il a quelque disposition à se trouver
maquereau, ce baron ! » songea Galand qui conserva son ton
imperturbable :
    — On dit que monsieur d’Harcourt…
    L’autre le coupa :
    — Harcourt !… Ajoutez-y Beaufort et
quelques hauts seigneurs de ses amis car la putain avait bonne réputation chez
ces beaux messieurs qui se la recommandaient l’un à l’autre.
    — Je vois !… répondit le policier
qui adopta volontairement un ton dégagé pour ajouter, comme on le fait d’une
remarque négligeable : Il s’agit là de seigneurs favorables à la Fronde…
    Le baron de Carel

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