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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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donnais conseil que, contre
puanteur des pieds, il faut mettre en ses bottes écume de fer, ce qu’il répéta
sans tarder à un canonnier qui l’incommodait. Il le persuada sans difficulté.
    — Et monsieur de Bois-Brûlé ?
    — Je lui expliquais qu’il faut porter sur
soi anneau contenant quelques morceaux de nombril de nouveau-né afin de
repousser les crises de colique.
    Le comte grimaça :
    — C’est là médecine en grande spécialité
en l’horreur… À vous entendre, baron, on imagine que le corps va céder de
partout, se dissoudre, voir chaque membre partir en sédition et suivre chemin
différent, s’évacuer en saignements.
    — Saignements ? Mais je sais le
remède !
    — Quel est-il ? demanda Nissac d’un
ton où perçait grande lassitude de ce sujet.
    — C’est très simple, monsieur le comte. Il
suffit de déposer fiente de pourceau sur coton et appuyer à l’endroit où vous
saignez.
    — Ah, plus un mot, baron !… Je
préfère me vider de mon sang que m’enduire de merde de cochon !… Quelle
abomination !… Enfin, n’avez-vous point d’autre sujet de passion ?… Et
cette jeune baronne, Catherine de Dumez ?… Voilà qui mériterait toute
votre attention et serait légitime puisque je vous ai surpris tous deux
échangeant doux sourires.
    Frontignac adressa un regard intéressé au
comte de Nissac.
    — Vous la trouvez donc jolie ?
    — Très.
    — Mais encore, monsieur le comte ?
    — J’ai grand goût pour ses chapeaux.
    — À ce point ?
    — Mais certainement, baron.
    — En vérité ?
    Nissac devina que son jeune ami était
sérieusement épris et qu’il attendait avis sérieux. Cette preuve de confiance
le toucha.
    — Baron, si madame de Santheuil n’existait
pas, et vous non plus, nonobstant notre différence d’âge, j’aurais probablement
entrepris de faire la cour à la baronne de Dumez. Mort-Dieu, que ne l’épousez-vous
puisqu’elle semble vous aimer elle aussi ?
    — Je le ferai. Mais il faut d’abord
écraser la Fronde.
    — Cela, c’est une tout autre affaire !
répondit le comte, l’air sombre.
    Monsieur le maréchal
de Turenne reçut immédiatement le général-comte de Nissac et lui offrit du vin
de Touraine ainsi que cuisse de chapon chaude et dorée.
    Le maréchal faisait grand effort pour que
Nissac, qu’il estimait au plus haut point, se sentît à son aise mais il
devinait chez son interlocuteur une irritation qu’il ne combattait qu’à
grand-peine.
    Turenne se résolut donc à aborder le problème
avec franchise :
    — Parlez, comte, nous sommes d’assez
vieux soldats, vous et moi, pour ne point nous embarrasser de détours.
    Nissac regarda Turenne droit dans les yeux.
    — Il s’agit du maréchal d’Hocquincourt, et
de la grande folie qui est la sienne.
    Un fugitif sourire apparut sur les lèvres de
Turenne.
    — Poursuivez, je vous en prie.
    — Sans détours, avez-vous dit… Hocquincourt
est un fou, ou un enfant. C’est grande hérésie militaire que de disperser ses
troupes en sept villages quand l’armée de Beaufort et Nemours se trouve à moins
de trois lieues et qu’on ne sait où est exactement monsieur le prince de Condé !…
Le maréchal doit regrouper son armée en un seul endroit, disposer une garde
sévère, tenir par relais des régiments en alerte et être prêt à tout instant à
repousser une attaque des Frondeurs.
    Turenne hocha gravement la tête.
    — Vous avez bien entendu raison, général,
et je n’ai jamais regretté autant qu’en cet instant que vous ne fussiez
maréchal commandant cette armée, car nous avons vues semblables en toutes
choses. J’ai… J’ai oublié toute fierté, tout orgueil pour aller m’entretenir
avec le maréchal d’Hocquincourt et lui exposer ce que vous dites. Il m’a fort
mal reçu et refusé de m’écouter.
    Les deux officiers supérieurs échangèrent un
regard lourd, puis le comte de Nissac reprit :
    — Le roi est informé ?
    Le maréchal eut un geste évasif.
    Nissac vida son verre d’un trait et, assez
sèchement :
    — Merci pour le vin, monsieur le maréchal.
    Turenne retint Nissac en posant sa main sur l’avant-bras
du comte.
    — Vous avez raison et nous le savons tous
les deux. Mais les choses ne sont peut-être point aussi graves que nous les
imaginons. L’armée de la Fronde est commandée par Beaufort et Nemours qui sont
braves mais n’ont point de talent militaire. Ils sont incapables de l’audace
que le prince,

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