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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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commencée. De plus, je n’ai pas oublié un instant ce que les gens de
Fronde ont fait à Nicolas Louvet qui fut un franc camarade auquel j’enseignai l’art
du mousquet, et bien jeune pour mourir ainsi. Enfin, je n’oublie point non plus
d’où je viens, ni l’endroit d’où vous m’avez sauvé, ni celui où je devrais me
trouver en cet instant, les galères.
    Le comte haussa les épaules.
    — Voilà bien longtemps que ta dette est
payée. Mais je crains que tu ne te laisses distraire et y perdes la vie si tu
songes à ta femme qui se languit de toi.
    Florenty fut surpris.
    — Mais elle ne m’aime point, monsieur le
comte.
    Ce fut au comte de Nissac de marquer quelque
surprise :
    — Le savais-tu en l’épousant ?
    Florenty se sentit désarmé car ce qui à ses
yeux relevait de l’évidence lui sembla tout soudainement bien compliqué à
expliquer au comte. Il essaya cependant :
    — En le peuple, les choses ne se passent
point toujours ainsi, monsieur le comte. Ma femme est bien jolie, et bien jeune,
j’avais terres et or… Elle m’observe. Elle sait déjà que je ne m’enivre point
et ne recule pas devant la besogne. Je ne la bats jamais. Elle m’aime davantage
qu’au premier jour mais beaucoup moins que dans quelques années si je ne varie
point des bonnes dispositions où elle me trouve. Je crois que…
    Il se tut brusquement. Nissac et lui
échangèrent un regard. Au loin se voyaient des lueurs d’incendie et l’on
entendait un bruit à peine audible mais insistant, lourd et régulier.
    Nissac ordonna :
    — Fais battre tambour !… Tous les
hommes prêts au départ, les chevaux sellés !
    — J’y cours !
    Dix minutes plus tard, l’artillerie royale
semblait sur le point d’achever sa préparation lorsque monsieur de Turenne se
présenta au grand galop, hirsute et en chemise dépassant le haut-de-chausses, devant
le comte de Nissac :
    — Eh bien, Nissac ?
    — Exercice de nuit, monsieur le maréchal.
    — Exercice de nuit ?…
    Turenne scruta attentivement le visage du
comte.
    — Dites-moi la vérité, général, vous
pensez que ces lueurs…
    — C’est lui.
    — Déjà ?
    — En ce moment même.
    Turenne réfléchit, puis :
    — Dans le doute, mieux vaut faire marcher
l’armée.
    — Il me semble en effet, monsieur le
maréchal.
    Monsieur de Turenne donna aussitôt ses ordres
et, bientôt, on n’entendit plus en le camp de l’armée royale que cliquetis d’armes,
roulements de tambours et sonneries de clairons…

50
    Si la charge de cavalerie menée par monsieur
le prince de Condé fut d’une violence inouïe, la préparation relevait du soin
le plus méticuleux.
    En effet, les sept villages où cantonnaient
les troupes royales du maréchal d’Hocquincourt furent attaqués en même temps.
    Les soldats endormis ou à peine réveillés ne
purent rien opposer ou presque à ces cavaliers qui, en pleine charge, les
piétinaient ou les passaient au fil de l’épée sans même ralentir leurs chevaux.
    Bientôt, dans les sept villages en flammes, les
cadavres des soldats du roi s’entassèrent. Le désordre, la confusion et la
panique s’ajoutant au manque de communications des troupes royales favorisèrent
grandement les desseins des attaquants.
    Au milieu de la catastrophe, et bien qu’il fût
à présent un peu tard, Hocquincourt retrouva son sang-froid. Ainsi, à l’entrée
du village de Bleneau, parvint-il à rallier ses fantassins et neuf cents
cavaliers survivants qu’il plaça judicieusement derrière un ruisseau très
encaissé, le seul moyen d’accès étant un pont fort étroit.
    Le maréchal jouait tout à la fois sur la
situation du terrain choisi et sur la concentration de ses troupes. Ce n’était
point là luxe superflu car ses soldats, dont beaucoup rapatriés de Catalogne ou
d’Allemagne, ne valaient pas ceux de Condé, vétérans des guerres du nord de la
France contre les Espagnols. En outre, s’il se jugeait malgré tout bon
tacticien, Hocquincourt devait avoir recours à des solutions classiques pour s’opposer
au génie du prince, à sa violence extrême, sa brutalité sans égale et son désir
de destruction car Condé avait une façon peu conventionnelle de faire la guerre.
Soit on lui opposait autre nouveauté, comme le général-comte de Nissac qui
employait à merveille son artillerie sans tenir aucun compte de l’usage en
cours, soit on limitait les risques en choisissant solutions qui laissaient le
moins de place

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