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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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possible aux surprises et diableries du prince.
    Tandis que, dans la confusion, des fuyards
rameutés venaient grossir les rangs d’Hocquincourt, le prince marchait sur
Bleneau où il savait trouver le maréchal et les survivants pour la bataille
finale.
    Un instant, il fut distrait par un gentilhomme
de son armée, sans doute tombé de cheval, qui faisait face à trois
mousquetaires du roi.
    Quoique de constitution très frêle, le jeune
seigneur frondeur se battait courageusement mais, avec ce regard aigu que l’homme
de guerre sait porter sur un combat à l’épée, il sembla bientôt évident qu’en
cette lutte inégale les mousquetaires auraient le dessus.
    Laissant là ses compagnons, Condé piqua des
deux vers les quatre hommes. Son cheval en broya un et, aussitôt, le prince mit
pied à terre, l’épée à la main.
    Les deux mousquetaires réagirent très
différemment. Le premier, comprenant qu’il se trouvait face à Condé mesura tout
le parti, et la grande fortune, qu’il tirerait de la mort du prince, aussi, lâchant
son épée où il se savait défait d’avance, saisit-il un pistolet demeuré à l’arçon
de son cheval.
    Sans doute le grand Condé aurait-il trouvé la
mort là, à proximité de Bleneau, si le second mousquetaire avait fait preuve de
quelque courage. Mais l’homme fut lâche. Abandonnant son compagnon, le
mousquetaire, terrorisé, lâcha son épée et s’enfuit à toutes jambes, Nemours le
devant tuer quelques instants plus tard. Aussi, pendant ce temps, le prince n’éprouva-t-il
point de difficulté à occire son premier adversaire.
    Devant que de remonter en selle, le prince
ébaucha un bref sourire à l’adresse du gentilhomme en disant :
    — Monsieur, n’engagez point le combat à
un contre trois. C’est fort courageux mais bien téméraire pour un si jeune
homme.
    — Une jeune femme, monseigneur ! répondit
le Frondeur en ôtant son chapeau, ce qui eut pour effet de faire cascader sur
ses épaules de longs cheveux blonds, et pour effet second d’émouvoir au plus
haut point « le Grand Condé ».
    — Duchesse de Luègue, êtes-vous donc
frappée de folie ?
    La phrase pouvait sembler sévère, le ton n’était
que douce câlinerie et la voix caresse légère sur coussin de velours.
    Ainsi, la personnalité nerveuse du prince
désarçonnait souvente fois.
    Soldat redoutable, inaccessible à la pitié
lorsqu’il se trouvait en l’action, parfois même cruel, et cependant tout autre,
et fort contraire, hors les batailles. Ainsi le vit-on pleurer lors de la
représentation de Cinna. Sensible comme il est d’une grande rareté pour
un homme, il s’évanouissait lorsqu’il devait rompre avec une maîtresse et
cependant, la porte franchie, il oubliait totalement la jeune femme pour ne
songer qu’à la prochaine.
    Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse de
Luègue, connaissait le prince et perçut le danger. Déjà très certainement
amoureuse d’un jeune gentilhomme de la Fronde, et probablement du comte de
Nissac, elle n’entendait point s’engager dans une aventure avec Condé qu’au
reste, malgré le grand charme de ses magnifiques yeux bleus, elle trouvait fort
maigre et beaucoup trop négligé dans sa mise et sa toilette.
    Aussi répondit-elle d’un ton pincé :
    — Folie ?… Ce serait donc folie de
vous servir, monsieur ?
    Condé, vivement ramené en le domaine de la
politique, retrouva tout son sang-froid et se souvint avec grand retard qu’il
devait exterminer le dernier carré de l’armée du maréchal d’Hocquincourt.
    Il maugréa :
    — Certes non, madame.
    Puis, le regard perçant et le sourire enjôleur,
il ajouta :
    — Nous en reparlerons hors les champs de
bataille… Ou, s’il vous plaît, sur plus tendre champ, pour plus plaisante
bataille.
    Puis, laissant la duchesse en proie à quelque
angoisse, il remonta en selle et rejoignit ses compagnons qui se gardaient bien
de montrer leur impatience.
    Il fut le premier à franchir le petit pont
près duquel attendait Hocquincourt et les débris, assez importants, de son
armée. Derrière le prince venaient Nemours, La Rochefoucauld, le prince de
Marsillac, de La Trémoille et une centaine de cavaliers.
    En vérité, l’armée de la Fronde se trouvait
dispersée en une multitude de petits combats aux environs des sept villages où
l’on réduisait un à un les nids de résistance des loyalistes.
    À un contre vingt, le prince de Condé savait
qu’il ne pouvait espérer

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