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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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poursuivit :
    — Jeté vif en un grand chaudron d’huile
bouillante allumé par les Condéens !
    Puis, ce fut le tour du baron de Bois-Brûlé :
    — Percé de vingt coups de rapière !
    Maximilien Fervac parla ensuite :
    — Traîné vif et jusqu’à ce que vienne la
mort derrière le cheval de monsieur le prince de Condé !
    Enfin, la parole fut donnée à Anthème Florenty :
    — Et votre corps, sans sépulture, sera
mangé par les chiens et les rats.
    Les regards se portèrent sur Nissac qui
conclut :
    — Mais au cœur des plus rudes combats, tant
qu’il en restera un, vous pourrez compter sur les Foulards Rouges. Et cette
interminable guerre finirait-elle enfin, seriez-vous malade, seul ou abandonné,
les Foulards Rouges seront de nouveau présents. Jurez, en toutes ces choses, d’être
semblable à nous !
    Sortant son épée, le jeune homme en embrassa
la garde et jura :
    — Je le jure !… En toutes choses et
pour toujours !…

54
    Jérôme de Galand et un homme de grand âge
étaient penchés avec attention sur le cadavre écorché et décapité d’une femme
posé sur une longue table.
    Le lieutenant Ferrière se tenait quelques pas
en arrière, flanqué de deux jeunes officiers de la police criminelle.
    L’homme âgé se redressa et, perplexe, se prit
le menton au creux de la main :
    — La manière est fine et précise. C’est
un travail soigné. Un excellent travail.
    — Mais inachevé ! répliqua Galand.
    — C’est grande patience, qu’une telle
besogne. Le bras pèse, la main fatigue. Nous n’écorchons point ainsi. Un bras, une
jambe, pour expliquer la fonction du membre aux étudiants mais point de tels
errements qui sont pure folie. Votre homme est certes habile, ce qui vient de
sa longue habitude mais peut-être la lassitude l’a-t-elle gagné ?
    Galand hocha la tête et répondit :
    — Sans doute mais ce n’est point tout. Observez
ceci qui est poudre légère sur presque tout le corps.
    — Je l’avais en effet remarquée.
    — Qu’est-ce donc ?
    Le vieil homme sourit, montrant ainsi des
dents ébréchées ou disparues.
    — Pour se faire idée précise, il faudrait
y goûter.
    — C’est que, monsieur le recteur, je n’ai
point grand appétit, ce matin, et je craindrais gonflement de ventre.
    Le vieil homme s’amusait :
    — La chose n’a point d’importance et je
vous donnerai médecine incontinent puisque tel est mon métier. La chance
chemine à vos côtés !
    — Cependant, mon habitude des poudres n’égale
point la vôtre…
    Le vieil homme humecta un de ses doigts et le
posa en différents endroits du cadavre pour en recueillir quelques poussières. Ensuite
de quoi, il porta le doigt à ses lèvres et avala la poudre en légers claquements
de langue.
    Il n’hésita pas un seul instant :
    — Du soufre. C’est là chose bien étrange…
    Galand, rêveur, répéta :
    — Étrange… Point tant qu’il n’y paraît, peut-être.
    Le comte de Nissac, la
baronne de Santheuil et les Foulards Rouges se trouvaient à quelques lieues
après Auxerre lorsqu’ils surprirent, en un champ désolé, un homme seul et
malade, déserteur, lui aussi, de l’armée de monsieur le prince de Condé et qui
semblait attendre la mort devant un feu de fortune.
    Il s’agissait d’un vieux soldat roux, le
visage balafré, dont un des yeux verts suppurait, ce qui attira immédiatement l’attention
de Sébastien de Frontignac qui, après avoir appuyé sur l’œil du soldat
interloqué, dit d’un air sagace :
    — Je connais le remède !… Attendez-moi,
et ne bougez point.
    Sautant en selle avec un juvénile enthousiasme,
il disparut avant qu’on pût le retenir.
    Le soldat roux, un mercenaire allemand servant
en les armées du royaume des lys depuis le temps lointain de sa jeunesse, parlait
parfaitement le français :
    — J’ai faim, mes beaux seigneurs et belle
dame !… J’ai faim depuis des jours.
    On le restaura de fromages aux odeurs fortes
que Florenty gardait en un sac de cuir.
    L’homme mangea avec avidité, regardant parfois
d’un air coupable l’assistance qui l’observait avec quelque fascination. Comme
on l’encourageait du geste, il se rassura tout à fait.
    Les cavaliers, fatigués, s’assirent autour du
feu.
    Avalant la dernière bouchée de fromage, le
soldat d’Allemagne demanda à Nissac :
    — Êtes-vous du parti de monsieur le
prince de Condé, vous aussi ?
    — Non point, nous servons en l’armée

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