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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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on vous y donnera bonne place. Recommandez-vous du
général-comte de Nissac. Bonne chance et adieu.
    L’Allemand regarda les cavaliers s’éloigner
puis mordit avec résolution en le poumon de brebis.

55
    Jérôme de Galand, sachant les armées royales
et la Cour sur les bords de Loire, avait acquis la certitude que l’Écorcheur
appartenait à la Fronde. Voilà qui excluait les Loyalistes – une fort bonne
chose pour la politique royale ! – et réduisait le nombre des suspects.
    Le policier soupira. L’enquête avançait, certes,
mais avec quelle lenteur !
    Que savait-il ? En raison du lieu et de l’instant
du dernier crime, commis à Paris ou dans les environs, l’Écorcheur était un
Frondeur. Premier point. Second point, l’homme qui le servait et qu’on appelait
« le cocher », portait nombreuses cicatrices aux avant-bras. Le
carrosse maculé de boue s’avérait une piste sans suite – pour le moment – mais
en revanche la présence de soufre sur le dernier cadavre ouvrait des
perspectives, cette nouveauté rompant avec les habitudes.
    Chose fort intéressante mais qu’il fallait
différer pour penser à sujet plus urgent.
    Méticuleux dans sa pensée, Galand songea que l’Écorcheur,
haut seigneur, se trouvait à Paris… tout comme le prince de Condé, revenu
depuis trois jours. Mais également d’autres puissants gentilshommes frondeurs
tels le duc de Nemours, le duc de Beaufort, le prince de Marsillac, le prince
de Conti, le très puissant cardinal de Retz qu’on disait pervers et puis encore…
    Il compta sur ses doigts une quinzaine de noms,
ne doutant pas un seul instant que l’Écorcheur fût l’un d’eux. Mais lequel ?
    Dans tous les cas, l’Écorcheur occupait en la
capitale situation de premier plan, ce qui le plaçait, lui, officiellement
lieutenant de la police criminelle du châtelet – et pour le roi, général de
police du royaume – en position de dépendance.
    Étrange situation, où son esprit curieux de
paradoxes eût aimé s’attarder : l’assassin commandant le policier lancé à
ses trousses pour le démasquer !
    Il fallait donc ici grande finesse et habile
diplomatie à défaut de quoi l’enquête pourrait lui être ôtée et lui-même
destitué. Puis qui sait ? Emprisonné, exilé, assassiné ?
    Jérôme de Galand rédigea donc un billet qu’il
fit copier en vingt exemplaires à destination des autorités parisiennes et des
hautes personnalités.
    Il rédigea l’original d’un trait, sans
hésitation ni ratures, puis le relut sans y rien modifier :
    Monseigneur,
    Mon devoir, incommode en cet instant, est
de vous informer de la situation en la capitale.
    À Paris, en raison des
événements actuels, force crimes et délits sont commis chaque jour. Les
caimands se multiplient et s’enhardissent, coupe-bourses et tire-laine sont
légion, on viole dans les ruelles, les assassins se cachent à peine.
    Face à ce fléau, les compagnies d’archers, trois
à pied, une à cheval, sont trop sollicitées pour faire face avec bonne mesure à
ce péril.
    Il m’est difficile, en ces circonstances, de
soustraire des archers et des officiers à seule fin de donner la chasse à l’Écorcheur
et mon dilemme est de choisir entre la sécurité de quelques-uns, menacés par l’Écorcheur,
et de tous, menacés par les voleurs et assassins de plus en plus nombreux.
    Mon opinion est que, pour éviter les
troubles, il ne faut point mécontenter les bourgeois et le peuple de Paris, et
donc assurer la police ordinaire qui donne tranquillité à une population déjà
très nerveuse et toujours prête à rejeter sa colère sur l’autorité, si bien que
l’affaire de l’Écorcheur devrait attendre période plus calme pour être résolue.
    Cependant, monseigneur, je ne puis agir
ainsi sans des ordres exprès afin que je diligente la police en le sens de cette
exécution.
    Monseigneur, votre très humble et très
obéissant serviteur,
    Baron Jérôme de Galand, lieutenant criminel
du Châtelet.
    À l’exception d’un
membre important du parlement, les dix-neuf autres approuvèrent, certains
joignant félicitations pour le sens politique de Galand.
    Dix-huit d’entre eux, favorables à la Fronde, souhaitaient
simplement qu’on ne donne aucun motif de se plaindre au peuple de Paris, qui
appuyait la révolte des princes.
    Pour le dix-neuvième, perdu en le nombre, la
raison était tout autre et sans doute se réjouissait-il, rassuré, à l’idée que
le très fin,

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