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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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vous en prends dix de la compagnie à cheval.
    — Mais…
    — Quoi encore ?… coupa Jérôme de
Galand, que l’impatience gagnait.
    — Mais enfin… Si monsieur le prince de
Condé apprend votre départ, que devrai-je dire ?
    — Ah, je me fous bien du prince de Condé !…
Dites-lui que je souffre d’hémorroïdes !
    — Mais vous n’en avez point !
    — Qu’en savez-vous ?
    — Il me semble…
    — Soit, si cela vous rassure, je n’en ai
point, cependant vous direz le contraire au prince s’il vous questionne. Mais
cela m’étonnerait, il est brouillon et nous a sans doute déjà oubliés. D’ailleurs,
la nuit est tombée et il est plus que temps !
    Tandis que, rassemblés
autour d’un feu de branches, la dizaine de truands et de déserteurs attendaient
en discutant paisiblement devant la petite maison d’Auteuil, trois partis
convergeaient en même temps vers eux, et qui leur apportaient la tempête et la
mort.
    Le plus proche était le plus dangereux. Il
comptait les plus brillants cavaliers, les plus fines lames du royaume et les
meilleurs chevaux. Ceux-là étaient sept, commandés par le général-comte de
Nissac, et portaient tous un foulard rouge.
    Peu ensuite, mené par d’Almaric, approchait le
carrosse à six chevaux de l’Écorcheur précédé de ses deux gardes du corps et
suivi de vingt mousquetaires.
    Enfin, gagnant du terrain, Jérôme de Galand, général
de police du royaume, madame de Montjouvent et dix des meilleurs archers de
Paris détachés de la compagnie à cheval, arrivaient à bride abattue.
    La rencontre ne serait point douce…

71
    Comme en la tradition des plus belles charges
de la cavalerie française, les Foulards Rouges, au galop et l’épée à la main, fondirent
sur la dizaine de truands et de déserteurs qui gardaient la maison d’Auteuil.
    La charge laissa la moitié des truands sur le
sol.
    Mettant aussitôt pied à terre, les Foulards
Rouges engagèrent les survivants à l’épée et aucun de ceux-ci ne survivait
trois minutes plus tard.
    Sans perdre un instant, le comte de Nissac se
rua en la maison.
    Bien qu’il fût impressionné par cet homme de
haute stature portant cape noire et chapeau marine à plumes rouges et blanches,
le vérolé ne lâcha point le couteau avec lequel il menaçait de trancher la
gorge de Mathilde de Santheuil.
    La peur le rendit bavard :
    — Si tu avances, je saigne cette chienne !…
Prends-y garde !…
    Le comte hocha la tête, comme s’il se rendait
aux raisons de l’homme au visage marqué de vérole puis il ôta son chapeau qu’il
posa sur une chaise.
    Se faisant, il saisit son poignard en la tige
de sa botte. La détente du bras de Nissac fut si formidable que la lame
traversa l’os frontal et que le vérolé s’effondra, tué sur l’instant.
    L’épée à la main, Nissac s’approcha alors de
la geôlière à l’œil crevé et, d’un coup sec, lui ouvrit les cuisses. La femme
tomba, lâchant un coutelas qu’elle tenait en ses jupes et, ne pouvant fuir, la
marche lui étant devenue impossible.
    Aussitôt, le comte délivra Mathilde de ses
liens et elle se serra contre lui en murmurant :
    — J’étais certaine que tu viendrais.
    — Dès qu’il me fut possible…
    Puis, plus doucement :
    — Quel grand malheur pour ton père.
    Mathilde, qui pouvait enfin s’abandonner à son
chagrin, pleura sur l’épaule du comte.
    Pendant ce temps, dehors, on s’organisait. On
aligna d’abord les dix cadavres des truands et déserteurs, auxquels on ajouta
celui du vérolé dès que le comte eut récupéré son poignard.
    Puis, calmement, on prit les places des morts
autour du feu tandis que, dissimulé derrière le tronc d’un orme, le baron de
Florenty installait son mousquet sur sa tige, choisissant très soigneusement l’angle
de la route.
    Enfin, les armes à portée de main, on attendit.
    Guère longtemps.
    On distingua un bruit de sabots et de roues et,
bientôt, deux cavaliers approchèrent tandis qu’un carrosse attendait à distance.
    À leur habitude, les deux gardes du corps
sautèrent de cheval et, l’un d’eux gardant les montures, le second s’approcha
de la maison.
    Ni l’un ni l’autre n’accordèrent un regard au
petit groupe d’hommes réunis près du feu, prévenus qu’ils étaient par le
marquis d’Almaric qu’il s’agissait de la pire racaille imaginable, « composite
de maquereaux, assassins et déserteurs ».
    Cependant l’une des « racailles »,

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