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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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dont
l’allure indiquait l’ancien militaire, barra la route de la maison à celui des
deux gardes du corps qui s’apprêtait à en contrôler la porte et le baron de
Fervac, puisqu’il s’agissait de lui, prit l’homme à partie :
    — Holà, camarade, tout beau : je n’ai
point d’ordre à te laisser passer… Mais dis-moi, n’es-tu point mousquetaire ?
    L’autre fronça les sourcils.
    — Et toi, où t’aurais-je donc vu ?
    — Garde tes distances, merdeux, je fus
jadis officier.
    — Moi, je le suis encore. Et toi, tu n’es
point mousquetaire.
    — En effet, baron Maximilien de Fervac, lieutenant
aux Gardes Françaises ! répondit le Foulard Rouge en souriant tandis que
la lame de son poignard, par fortes saccades, pénétrait profondément en le cœur
du garde du corps.
    Dans les secondes qui suivirent, le poignard de
Nissac traversa l’air en sifflant et se ficha en la gorge de l’autre garde du
corps qui lâcha les chevaux, ceux-ci s’enfuyant vers le carrosse.
    Aussitôt, le marquis d’Almaric tira des coups
de feu au hasard pour alerter les mousquetaires qui attendaient très en arrière.
    Mais c’était initiative bien tardive car, avant
que les mousquetaires n’approchent, les Foulards Rouges auraient pris
possession du carrosse. Et tout se serait passé ainsi sans l’extraordinaire
sang-froid du marquis d’Almaric.
    En un instant, il saisit par les brides les
chevaux des gardes du corps, arracha à l’Écorcheur – à l’insu des Foulards
Rouges – son masque d’argent dont il s’affubla aussitôt et aida son maître à se
mettre en selle :
    — Fuyez vers les mousquetaires, monseigneur !…
Je vous suis !
    Puis il songea à jeter sa torche sur le siège
du carrosse qui s’enflamma aussitôt et, sans s’attarder, monta à cheval.
    Au loin, on entendait déjà le galop des
mousquetaires, ce qui rendait vain tout espoir de poursuite.
    Mais tel ne fut point le sentiment du baron
Melchior Le Clair de Lafitte. Comme ses camarades, il avait dissimulé le bas de
son visage derrière un foulard rouge et, se trouvant près des chevaux, il sauta
en selle à la poursuite des deux fuyards.
    Le Clair de Lafitte, excellent cavalier sur un
cheval de premier ordre, gagnait très rapidement du terrain.
    Cependant, la situation se compliquait. Au
loin, droit devant, arrivait un fort groupe de mousquetaires. Entre eux et Le
Clair de Lafitte, les deux fugitifs, dont l’homme portant un masque d’argent et
qui se retournait sans cesse quand l’autre cavalier ne montrait jamais son
visage.
    Brusquement, l’homme au masque d’argent partit
sur la gauche, à travers la forêt tandis que son compagnon, sans doute le
cocher, partait à droite.
    Il fallait choisir vite, d’autant que les
mousquetaires arrivaient au grand galop.
    Toutes les apparences et toutes les meilleures
raisons poussaient Le Clair de Lafitte à suivre l’homme au masque d’argent… il
prit pourtant le parti contraire.
    D’instinct.
    L’homme au masque d’argent se trouvait loin en
la forêt, les mousquetaires passaient au grand galop sur la route mais plus
rien n’aurait pu empêcher Le Clair de Lafitte de rattraper le fuyard.
    Poussant sa monture, il y parvint au bout de
plusieurs minutes, saisissant d’un geste les brides du cheval de son adversaire.
    À la lumière de la pleine lune, en cette
petite clairière, les deux hommes se regardèrent et Le Clair de Lafitte baissa
machinalement son foulard rouge.
    — Présentez-vous ! ordonna le fuyard.
    Le Clair de Lafitte, absolument stupéfait et
au bord de la fascination, balbutia :
    — Vous !… Vous !… Vous, monseigneur !…
Vous, un écorcheur de malheureuses femmes !… Vous, un des plus grands noms
de France !…
    — Si vous savez la toute-puissance qui
est la mienne, présentez-vous lorsque je vous l’ordonne !
    — Baron Melchior Le Clair de Lafitte, colonel
de la compagnie de gendarmes de la maison militaire du roi.
    — Gardez le silence, et vous serez
couvert d’or. Parlez, et ce sera votre parole contre la mienne, c’est-à-dire
pisse de chien voulant éroder une montagne.
    La gorge sèche, Le Clair de Lafitte observait
l’Écorcheur, un homme qui, même sans la puissance que lui apporterait une
Fronde victorieuse, se trouvait presque l’égal d’un roi par son nom et sa
richesse.
    Le cœur brusquement soulevé de dégoût, le
Foulard Rouge cracha au visage de l’Écorcheur et lança :
    — Porc immonde !… Peut-être

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