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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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qui
séchait en noircissant… Puis, d’une voix amère :
    — Cette nuit, l’Écorcheur a encore
triomphé !
    Il songea à une phrase de Melchior dite peu
auparavant : « Ah, mon ami, quelle tragédie sublime que nos pauvres
vies ! »

72
    C’était, en ce matin gris du dernier jour de
juin, petite église à trois lieues de Paris et qui n’avait point de cimetière.
    Pourtant, en le jardin qui la flanquait, trois
tombes s’y voyaient par privilège du général des jésuites et duc de Salluste de
Castelvalognes.
    L’une, dont la terre s’était depuis longtemps
tassée, contenait le corps décapité de Nicolas Louvet. En les deux autres, on
venait d’enterrer Joseph Fiegel, le père de Mathilde, et le baron Melchior Le
Clair de Lafitte, colonel à la compagnie des gendarmes de la maison militaire
du roi et second des Foulards Rouges.
    Monsieur le maréchal de Turenne, représentant
le roi et le Premier ministre, fit déposer trois gerbes de fleurs de lys d’une
grande pureté par trois de ses jeunes officiers, puis se retira avec tact.
    Lorsqu’ils furent entre eux, les Foulards
Rouges se recueillirent en silence puis le plus jeune d’entre eux, Henri de
Plessis-Mesnil, marquis de Dautricourt, s’approcha des tombes.
    Le comte de Nissac tira l’épée qu’il tint à
quarante-cinq degrés, aussitôt imité par madame de Santheuil et les barons de
Frontignac, de Fervac, de Bois-Brûlé et de Florenty.
    Le marquis noua à chaque croix très longue
écharpe de soie rouge qu’un vent léger agita, puis le jeune homme rejoignit ses
compagnons.
    Certains y pensèrent, d’autres pas et pourtant,
la chose paraissait d’évidence : il restait de la place en ce petit jardin
ombré d’un vieil if…
    Le comte de Nissac n’aimait
point cette mission, travail de tueur, besogne subalterne, mais l’homme qu’il
fallait occire portait grand tort à la couronne en cela qu’espion de Mazarin, il
travaillait depuis toujours au profit exclusif de la Fronde, ayant livré aux
factieux les noms de dizaines d’agents du cardinal que nul, depuis, n’avait
jamais revus.
    On avait joué aux dés qui se chargerait de
tuer le traître et, le sort ayant désigné le jeune marquis de Dautricourt, celui-ci
pâlit si fort que le baron de Fervac, en un beau geste, proposa de se
substituer à lui.
    Quant au comte de Nissac, il venait par
principe, estimant qu’un chef ne demeure un chef aimé et respecté que dans la
mesure où il s’expose lui-même et consent à subir ce qu’il impose aux autres.
    Comme à son habitude, Jérôme de Galand avait
parfaitement préparé le travail et il ne fut point malaisé aux deux Foulards
Rouges de retrouver Dugary, puisque tel était le nom du traître.
    Il se trouvait en le quartier des Halles, en
une taverne étrangement appelée « Le Loup Pendu », et solitaire, buvait
à une table. Petit et rond, sans plus guère de cheveux, il semblait tranquille,
point tourmenté par les nombreux morts dont il se trouvait responsable lui qui
n’agissait ni par amour de la Fronde, ou haine de la couronne, mais simplement
par vénalité et, peut-être, une fugitive impression de toute-puissance.
    Il ne remarqua point Nissac et Fervac assis à
une autre table, situation qui leur permettait d’observer Dugary. Sans rien en
dire à son compagnon, Nissac, qui se prénommait Loup, n’était point entré au « Loup
Pendu » sans ressentir léger désagrément…
    Le comte de Nissac, déguisé en chaudronnier, n’était
au reste guère plus reconnaissable que le baron de Fervac, celui-ci ayant
revêtu l’habit de travail qu’on voit aux bourreliers. D’autres artisans se
trouvaient là, barbiers, perruquiers, couvreurs, drapiers et tous ceux qui
travaillaient aux Halles d’ailleurs très faiblement approvisionnées.
    À chaque table, les conversations prenaient un
tour passionné. On commentait par exemple l’affaire de ces deux compagnies
bourgeoises, frondeuse chacune, mais de factions différentes, qui s’étaient tiré
dessus pendant une heure Quai des Orfèvres, laissant vingt-cinq morts sur le
terrain.
    On discutait d’autre chose encore, de ces
inconnus qui attaquaient, et tuaient parfois, des conseillers, si bien que
ceux-ci finirent par refuser de siéger, ce qui n’était point pour déplaire aux
princes qui avaient manœuvré de sorte qu’on arrivât à pareil résultat.
    On s’inquiétait fort de la présence des armées,
celle des princes se trouvant à Saint-Cloud

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