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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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commun prête aux gens en bonne santé
vis-à-vis de ceux dont la fièvre attaque la raison ?
    Inquiète, Mathilde hocha la tête.
    Aussitôt, le comte approcha son assiette et s’assit
à un pied [5] de distance de Mathilde qui protesta :
    — Mais… il ne convient pas à votre rang
que je me trouve en bout de table et vous à mon côté.
    Il lui adressa un léger sourire :
    — Qui dit cela ?
    — Mais… L’usage ! Votre haute
noblesse et moi qui n’en ai point du tout.
    Il l’observa avec curiosité, elle poursuivit
avec peine :
    — Monsieur de Santheuil était sans
noblesse.
    Il vit comme elle souffrait, battant le sol de
ses talons sans même s’en rendre compte et le mouvement des cuisses de la jeune
femme, qu’il apercevait du coin de l’œil, troubla le comte qui répondit d’une
voix lente :
    — À propos, ne m’appelez point « monseigneur »,
vous me donnez de la gêne.
    Elle le regarda avec reconnaissance, consciente
que les problèmes de rang ne figuraient pas au centre de ses préoccupations.
    Ils échangèrent un sourire. Et ils restèrent
ainsi un long moment avant de prendre conscience en même temps que ces
attitudes tendres impliquaient des choses qui jetèrent le trouble de part et d’autre.
    Mathilde apporta des œufs pochés au jus d’oseille,
qu’ils mangèrent dans la bonne humeur, puis un excellent pâté de perdreaux.
    Enfin, l’atmosphère se détendait après l’embarras
entraîné par l’échange de sourires.
    Lorsque Mathilde servit un faisan dans une
sauce aux herbes, fenouil et champignons, il insista pour lui verser un verre
de vin qu’elle accepta pour ne point vexer le comte.
    Il gardait ses étranges manières, reliquats d’une
excellente mais sévère éducation, à quoi se mêlaient les habitudes des camps. Ainsi,
s’il ne rompait pas le pain mais le coupait selon les règles, il opérait avec
le poignard tiré de la tige de sa botte et qui avait servi peu avant, à fendre
la ceinture du duc de Beaufort.
    Il n’avait déjà plus faim lorsque Mathilde
déposa sur la table un plat d’étain où se voyaient trois fromages : fleury,
grande chartreuse et morsalin de Florence.
    Par politesse, il ne faiblit pas mais c’est
avec soulagement qu’il vit arriver le dessert, des cerises confites
accompagnées d’écuelles de lait d’amandes.
    Le comte sentit qu’il devait faire compliment,
le repas lui ayant semblé délicieux. Aussi ne réfléchit-il pas trop avant de
déclarer :
    — Vous devriez ouvrir auberge…
    Mathilde de Santheuil ne vit point malice en
ces paroles mais le comte s’inquiéta de l’interprétation que le jeune femme en
pourrait faire ; aussi ajouta-t-il très vite, et assez maladroitement :
    — … si votre rang ne vous l’interdisait !
    Mathilde comprit aussitôt tout le cours de la
pensée de Nissac et le soin qu’il mettait à ne pas la blesser la toucha
profondément.
    Toujours gêné, il lança :
    — Il me faut partir, mes hommes vont s’inquiéter.
    Mathilde laissa échapper un « Oh ! »
qu’elle voulut rattraper en masquant ses lèvres de sa main gracieuse et
expliqua :
    — Sotte que je suis de l’avoir oublié !…
Je me suis rendue ce matin rue du Bout du Monde où je rencontrai un monsieur de
Fointenac.
    — Frontignac ! coupa le comte.
    — C’est cela même. Vos amis savent à
présent la situation où vous êtes, comment la balle est ressortie de la
blessure et que vous vous trouvez en lieu sûr. Monsieur de Frontignac a bien
essayé de me suivre, mais il connaît mal Paris et je l’ai égaré rue Moncoufeil
après lui avoir dit que vous étiez réfugié rue du Puits-qui-Parle, qui se
trouve bien loin d’ici. Le pauvre !
    Le comte allait répondre lorsque Mathilde
laissa échapper un nouveau « Oh ! », qu’elle tenta une fois
encore de faire oublier en posant la main sur sa bouche puis elle se leva, s’approcha
d’un coffre sculpté dont elle souleva le lourd couvercle et revint avec deux
petits objets qu’elle déposa devant Nissac en disant :
    — Monsieur de Frontignac m’a remis cela
pour vous, et que j’avais sottement oublié.
    Nissac saisit sa pipe en terre au long et
mince tuyau, ouvrit le petit sac contenant du tabac et bourra le fourneau.
    Il s’approcha en claudiquant de la cheminée, saisit
une braise avec les pincettes et aspira une longue bouffée avant de revenir s’asseoir
près de Mathilde.
    Il gardait le silence, regardant autour de lui
la pièce

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