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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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enfin…
    Elle lui coupa la parole :
    — Il n’est point nécessaire d’explications.
    Inquiet, il lui barra le passage. Elle leva
sur lui un regard où passait une sombre colère, mais point trace de haine. La
voix, en revanche, fut très sèche :
    — Comptez-vous, en plus, me séquestrer ?
    — En plus ?… Mais à la fin, me
direz-vous si c’est là enfantillage de jeune femme capricieuse ?
    Mathilde de Santheuil retomba sur son siège et
demeura un instant le regard dirigé vers le sol puis elle leva sur le comte ses
grands yeux noyés de larmes, ce qui eut pour effet de faire chavirer le cœur de
l’homme de guerre.
    La jeune femme parla d’une voix triste, éteinte,
qu’il ne lui connaissait pas :
    — Monsieur le comte de Nissac, il est
sans doute dans l’ordre des choses que vous me rappeliez mon rang et le vôtre, très
supérieur, comme il est certainement de bonne politique que, par votre
entremise, la réalité bouscule mes imaginations peut-être frivoles. Mais n’existait-il
pas moyen moins cruel de me faire comprendre tout cela ?
    Le comte, atterré, et qui n’y comprenait
goutte, balbutia :
    — Me direz-vous enfin, madame ?
    Ils entendirent des pas à l’étage où Florenty,
pour ne point les déranger, avait mené ses compagnons en empruntant la petite
entrée.
    Mathilde de Santheuil baissa les yeux.
    — Pendant tous ces jours interminables, je
me suis inquiétée de vous. Je sais que monsieur le cardinal n’a point en vue
situation de victoire et que l’incertitude le mine. Si monsieur de Turenne
rallie la Fronde avec son armée d’Allemagne, que les Espagnols marchent sur
Paris et que la Fronde contre-attaque alors hors les murs de la ville, le
pouvoir royal sera balayé en même temps que la belle armée de monsieur le
prince de Condé. Je sais donc qu’étant aux abois, monsieur le cardinal va user
ses fidèles si peu nombreux, et vous le tout premier. Aussi ma colère a pour
cause que quand je vous imaginais au milieu de mille périls, vous nagiez dans
la volupté.
    Nissac la regarda avec gravité.
    — Qui vous l’a dit ?
    Mathilde de Santheuil éclata en sanglots.
    — Ainsi donc, vous ne niez point !
    — À quoi bon ?
    Elle se leva. De nouveau, il lui barra le
passage. Elle tenta de le contourner, il la rattrapa aux épaules.
    — Qui est-ce donc ? demanda-t-elle d’une
voix qui s’efforçait à la neutralité et cet artifice émouvant et dérisoire
attendrit plus encore le comte qui répondit néanmoins avec franchise :
    — Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse
de Luègue.
    Mathilde hocha la tête, souriant à Dieu sait
quoi.
    — On la dit plus belle femme de la Cour, âgée
de dix-huit ans et n’ayant jamais cédé à un homme. Vous deviez former bien beau
couple, tous les deux.
    Le comte arracha la jarretière de soie rose à
son bras et la jeta au loin.
    — Madame, voilà qui n’est point la vérité
et très artificieusement supposé. Laissez-moi vous accompagner chez vous et je
vous dirai tout car seul mon cœur blessé par ce que je croyais à tort la
trahison d’une dame chérie a dicté ma conduite.
    Mathilde hésita puis, entre le sourire et les
larmes :
    — Voyons donc ce beau mensonge, monsieur.
    Ils ne se parlèrent point jusqu’à la cachette
proche de la rue Sainte-Marie Égiptienne où le comte, par superstition, changea
de monture.
    Ayant retrouvé son haut cheval noir, Mathilde
de Santheuil assise de côté à l’avant de la selle, il lui expliqua le propos
ambigu du cardinal, son propre dépit, la jeune duchesse qui n’attendait que lui
après ses avances de la nuit précédente, mais à aucun moment il n’avoua le nom
de la jeune femme qu’il aimait et soupçonnait d’être la maîtresse du cardinal.
    La chose, au reste, était bien inutile.
    Ravie, ayant déjà pardonné, Mathilde le
gourmanda avec douceur :
    — Monsieur, quel manque de confiance en
cette femme que vous dites pourtant aimer si tendrement ! Je pense que
vous ne la méritez point !
    — Vous avez raison. Mais il est vrai que
je l’aime tendrement. Si tendrement que je ne lui ai jamais confessé mon
sentiment.
    — Il n’empêche, je vais finir par croire
que vous vous y entendez bien mieux en l’art de la guerre qu’en les dédales de
l’amour.
    — Pourquoi cela, madame ?
    — Sachez, monsieur le général invaincu
tel Alexandre le Grand, qu’une femme amoureuse n’a point de regards pour les
autres hommes et ne voit que

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