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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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le
Frondeur-malgré-lui, Dieu, en son jardin d’Éden, nous a bien mal placés, du
côté de la chaise percée et non point vers le trône.
    — Dans une fosse à merde, monsieur le
Foulard Rouge, osons le dire !… Osons !…
    Monsieur de Bois-Brûlé tapa sur sa poitrine.
    — Alors vise au cœur, camarade !
    Le Frondeur hésita, baissant encore l’épée :
    — Ainsi ?… Tout de go ?…
    — Sans cérémonie, ami. J’ai trop vécu
déjà, et n’en puis plus.
    Le Frondeur secoua la tête.
    — C’est que je ne peux point vous tuer, monsieur !…
Votre triste condition si proche de la mienne m’inspire grande sympathie et
peut-être amitié.
    En un bond de tigre, monsieur de Bois-Brûlé
fit un pas de côté puis un saut périlleux avant. Désarmant le Frondeur, il le
tint au collet, commença à l’étrangler puis soupira en relâchant l’étreinte :
    — Le diable m’emporte, je ne peux point
vous tuer moi non plus !
    Suffoquant à demi, les yeux prêts à sortir des
orbites, le Frondeur leva un index pertinent et dit d’une voix chevrotante :
    — Vous voyez bien, monsieur, la chose n’est
point facile !… Ah, je ne vous envie pas, allez !
    — Allez-vous vous taire, à la fin ? gronda
monsieur de Bois-Brûlé.
    — Quand je serai mort… si vous y parvenez !…
    Le maigre Frondeur regarda son vainqueur droit
dans les yeux.
    — Ne cherchez point, monsieur, nous
sommes tous deux hommes de cœur et plutôt du côté des tués que des tueurs. C’est
notre gentillesse qui nous vaut si basse condition, que voulez-vous !
    Sentant que la situation risquait de lui
échapper, monsieur de Bois-Brûlé lança un coup de poing très mesuré au visage
du Frondeur-malgré-lui. L’homme s’évanouit aussitôt. Monsieur de Bois-Brûlé l’aida
dans sa chute, pour qu’elle ne fût point douloureuse, et sortant un mouchoir, essuya
une goutte de sang qui perlait au nez du maigre Frondeur défait tout en maugréant :
    — A-t-on idée d’être aussi bon ?
    Enfin, levant les yeux, il découvrit le comte
et ses compagnons qui, débarrassés de leurs adversaires, l’observaient avec la
plus grande attention, ayant tous baissé leurs foulards rouges.
    Le comte de Nissac, l’épée fichée devant lui
dans la neige et les deux mains reposant sur la poignée comme s’il s’agissait d’une
canne, lui lança d’une voix neutre :
    — Vous fûtes bien long, monsieur de
Bois-Brûlé.
    — C’est notre usage, monsieur le comte.
    — Je crains de ne vous point comprendre !
rétorqua Nissac en croisant les bras.
    — Vous vîtes là palabres des côtes d’Afrique
comme les pratiquaient nos ancêtres ! répondit monsieur de Bois-Brûlé en
réajustant son foulard rouge.
    — Si fait, monsieur de Bois-Brûlé, et je
ne nie point la qualité des dites palabres mais leurs circonstances : ce
Frondeur nous a retardés en un lieu qui n’est point de grande sûreté.
    — Cet homme était bien touchant, monsieur
le comte.
    Nissac regarda longuement monsieur de
Bois-Brûlé, tira son épée fichée en la neige, essuya la lame sur la manche de
son habit puis, prenant la bride de son cheval, il jeta un nouveau regard au
géant :
    — Vous avez raison et j’avais tort, monsieur
de Bois-Brûlé. Il était de fait bien touchant ce qui, pour un homme de votre
qualité, le rendait… intouchable.
    Puis, le comte se mit en selle, imité par ses
hommes.
    Ils empruntèrent la rue Saint-Denis puis
tournèrent à main droite en la rue Saint-Sauveur qui se prolongeait par la rue
du Bout du Monde.
    Les chevaux allaient au pas dans les rues
désertes et enneigées.
    Frontignac, placé au côté du comte, observait
le ciel avec grande méfiance :
    — Je le savais !… Quand les feuilles
d’orme tombent avant le temps, on sait qu’il fera grand froid et que mourront
beaucoup de chevaux et autres bêtes.
    Nissac lui jeta un regard distrait.
    — Vous disiez ?
    Frontignac toussota.
    — Vous savez comme je connais le temps et…
N’est-ce pas, au château de Saint-Germain, je fus assez distrait.
    Nissac eut une pensée pour la duchesse de
Luègue. Comment vivrait-elle, dorénavant ? Et avec qui ?
    Il sourit, davantage à ses souvenirs qu’à son
vieil ami :
    — Distraits, nous le fûmes tous… Mais
venez-en au fait, baron.
    Frontignac s’anima aussitôt, heureux qu’on le
lançât sur un tel sujet, les prévisions du temps, qui le passionnaient presque
autant que les vieux remèdes de

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