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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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canonniers.
    Nouvelle qui créa un début de panique.
    Pendant ce temps, Condé avançait. Il savait
déjà, par les agents du cardinal, l’existence de « la batterie fantôme »
et n’ignorait pas que Nissac – car il ne pouvait s’agir que de lui – lui
faisait gagner de précieuses minutes mais il fallait cependant faire vite, soumettre
la ville sans pitié et l’occuper sinon, les Frondeurs parisiens allaient tomber
sur ses arrières et ce serait la déroute.
    Telles étaient les pensées de monsieur le
prince de Condé tandis que, sur le pont de Charenton, les derniers Frondeurs
encerclés opposaient encore une résistance aussi héroïque que désespérée. Au
même instant, les généraux de la Fronde parisienne se consultaient. Très
retardés dans leur marche, tant par l’action des Foulards Rouges que par la
lenteur naturelle de leur armée, ils estimèrent que les dés étaient jetés. En
effet, les commandants en chef de la Fronde, le prince de Conti et le duc d’Elbeuf,
apprenant par leurs agents que Condé, déjà, consolidait les positions conquises,
se résolurent à abandonner le terrain.
    Dans un silence mortel, ils ordonnèrent aux
huit mille Frondeurs parisiens de faire demi-tour sans combattre, sans risquer
un geste pour leurs camarades de Charenton et sans se rendre compte qu’à terme,
le choix de la dérobade handicapait gravement l’avenir de la Fronde.
    Pendant que la Fronde et ses huit mille soldats
faisaient retraite vers Paris, les derniers Frondeurs de Clanleu étaient
réduits par la « batterie fantôme » arrivée, on ne sait comment, dans
leur dos. Ce coup de grâce amusa monsieur le prince de Condé qui déclara à ses
officiers :
    — Messieurs, à ce tir précis, efficace et
meurtrier, je reconnais la manière du général-comte de Nissac. Réjouis-sez-vous
de l’avoir à vos côtés, et non contre vous !
    Le prince de Condé exultait.
    Avec la chute de Charenton, la ville de Paris
se trouvait à présent totalement encerclée et étranglée par le blocus des
troupes royales.
    Mais le prince, pour autant, ne fut point
généreux.
    En effet, contre l’usage, il fit réunir tous
les prisonniers, soldats, miliciens et officiers frondeurs, les fit mettre
complètement nus et jeter en la rivière de Seine si terriblement froide qu’elle
charriait des blocs de glace.
    Presque tous les prisonniers y perdirent la
vie.
    Nissac et les siens laissèrent les canons à la
garde des artilleurs condéens qui, n’ayant plus à craindre les Frondeurs, attendirent
tranquillement les avant-gardes de l’armée royale.
    On avait ôté les foulards rouges et, poussant
les chevaux, rejoint les traînards de l’armée de la Fronde avec lesquels il
serait de grande facilité de franchir les murs de la ville puis de gagner la
sécurité des différents repaires.
    Ainsi fut-il fait, Nissac et Le Clair de
Lafitte chevauchant en tête, suivis des cinq autres.
    On ralentit l’allure après l’entrée dans Paris
et Le Clair de Lafitte, auquel son grade de colonel des chevau-légers de la
reine donnait d’habitude une vue assez lucide de la situation militaire, se
laissa aller à l’optimisme :
    — C’en est fait de la Fronde, ou presque !
Bientôt, nous n’aurons plus à nous cacher.
    Le comte tempéra la bonne humeur de son ami :
    — La bête est blessée, elle n’est point
morte. Elle fera encore beaucoup de mal avant que d’être détruite.
    — À ce point ? demanda Le Clair de
Lafitte, brusquement inquiet.
    — Et plus encore !
    — Mais dans quel dessein ?
    Nissac observa un groupe d’enfants qui
jouaient en se querellant. Tous se voulaient, en leur amusement, être monsieur
le prince de Condé – pourtant haï des Parisiens affamés – et nul ne souhaitait
interpréter le rôle des seigneurs de la Fronde. Finalement, ce fut au plus
chétif, un petit garçon de sept ans, qu’échut le personnage de monsieur le
prince de Conti.
    Les enfants, eux, ne s’abusaient point sur l’avenir.
    Le comte s’ébroua et reprit :
    — La chose est simple. Pour la Fronde, il
s’agit de causer grands dommages afin que le soulèvement marque les esprits. Quand
viendra le temps des négociations, qui précèdent la reddition, le Premier
ministre, qui n’est point en position de se montrer impitoyable, comblera les
factieux de cadeaux et cédera en partie au parlement.
    — Nul ne perd, alors ? demanda Le
Clair de Lafitte.
    Le visage du comte se durcit.
    — Si, les

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