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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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persuadé, et tu sais pourquoi   ? Un de ces trappeurs affirme t’avoir vu courir dans le couloir en la tenant sous le bras. J’ai demandé à Mayfield de fouiller nos chambres et nos bagages mais il a répondu qu’il ne s’abaisserait pas à une chose pareille. Il a murmuré quelque chose à sa pute et elle a déguerpi. Elle est partie chercher les trappeurs, j’imagine.   » Il s’approcha de la fenêtre, et regarda la route principale en contrebas. «   Cela me met hors de moi, quand je pense qu’ils nous ont joué un tel tour. Si je ne me sentais si faible j’irais les trouver de ce pas.   » Il leva les yeux vers moi. «   Et toi, mon frère   ? Es-tu en état de te battre   ?
    â€” Pas vraiment.   »
    Il plissa les yeux, et demanda, «   Qu’est-ce que tu as sous ton manteau   ?
    â€” Un cadeau de la fille.
    â€” Y a-t-il une parade de prévue   ?
    â€” C’est juste un morceau d’étoffe, pour me souvenir d’elle. Une
bomboniera,
comme dirait maman.   »
    Il eut un claquement de langue. «   Tu ne devrais pas le porter, dit-il avec fermeté.
    â€” C’est un tissu très cher, je pense.
    â€” La fille s’est moquée de toi.
    â€” C’est quelqu’un de sérieux.
    â€” Tu as l’air d’une oie qui a gagné un premier prix.   »
    Je détachai l’étoffe, l’enlevai, puis la pliai soigneusement. Je décidai de la garder, mais de ne la contempler que quand je serais seul. «   Qui a pris cette satanée fourrure   ?   » dit Charlie. Il se retourna vers la fenêtre, frappa au carreau, et dit, «   Ha, nous y voilà.   »
    Je le rejoignis à la fenêtre et vis la catin que j’avais aperçue gisant sur le sol du salon en pleine discussion avec le plus grand des trappeurs. Il se tenait debout à l’écouter, en train de rouler une cigarette et il hochait la tête   ; lorsqu’elle eut fini, il lui dit quelque chose, et elle repartit en direction de l’hôtel. Je la suivis du regard jusqu’à ce qu’elle eût disparu de mon champ de vision, puis je me tournai à nouveau vers le trappeur, qui nous avait repérés à la fenêtre, et nous observait sous les bords mous de son chapeau pointu. «   Mais où diable est-ce qu’on trouve un chapeau pareil   ? s’interrogea Charlie. Ils doivent les fabriquer eux-mêmes.   » Le trappeur alluma sa cigarette, souffla une volute de fumée, et s’éloigna. Charlie se frappa la cuisse et cracha. «   Je déteste devoir le dire, mais ils nous ont eus. Donne-moi tes pièces, et je vais rendre les miennes aussi.
    â€” Si tu rends notre argent, tu reconnais qu’on est coupables.
    â€” C’est notre seule option. Sinon il faut se battre ou s’enfuir, ce que nous ne sommes pas en état de faire. Allez, donne-les moi.   » Il s’avança vers moi en tendant la main. Je feignis de fouiller mes poches, triste pantomime que Charlie perça à jour. Il gratta son cou mal rasé et dit, «   Tu as donné ton argent à la femme, c’est ça   ?
    â€” C’était mon argent. Que j’avais gagné de mes propres mains. Et ce qu’un homme fait de son argent ne regarde que lui.   » Me souvenant du poing fermé avec lequel la catin qui sortait de chez lui s’était couvert la bouche, j’ajoutai, «   Et toi, tu n’en aurais pas donné aussi, des pièces   ?
    â€” Tu sais, je n’y avais pas pensé.   » Il fouilla sa bourse et rit avec amertume. «   Et Mayfield avait dit que c’était la maison qui offrait.   »
    Des cris nous parvinrent du salon. Le son d’une clochette résonna, et le bruit d’un verre brisé retentit.
    Â«   J’espère que tu ne comptes pas payer l’homme avec nos propres sous, dis-je.
    â€” Non, je ne suis pas enclin à ce point à me faire des amis. Laisse-moi rassembler mes affaires, puis on ira chercher les tiennes. On sortira par ta fenêtre en espérant ne pas se faire remarquer. Nous nous battrons s’il le faut, mais je préférerais attendre demain, qu’on ait retrouvé tous nos moyens.   » Le sac dans la main, il parcourut la chambre du regard

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