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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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et demanda, «   On a tout   ? C’est bon   ? Allons-y. Traversons le couloir dans un silence d’or.   »
    Silence d’or, songeai-je, tandis que nous marchions à pas de velours en direction de ma chambre, saisi par la dimension poétique de la formule.

 
    Nous passâmes par la fenêtre de ma chambre et nous faufilâmes sur la corniche qui surplombait le trottoir, ce qui s’avéra commode, car Tub et Nimble étaient dans une écurie qui jouxtait l’hôtel, et nous parcourûmes de la sorte la distance qui nous en séparait sans qu’une âme ne nous remarquât. À mi-chemin, Charlie fit halte derrière un panneau tout en hauteur pour observer le plus grand des trappeurs appuyé contre une barre d’attache en contrebas. Puis les trois autres arrivèrent et chacun, dans le cercle ainsi formé, se mit à parler dans sa barbe sale. «   Ils terrorisent sans doute les blaireaux du coin, dit Charlie, mais ces types sont tout sauf des tueurs.   » Il désigna le chef. «   C’est lui qui a volé la peau, j’en suis sûr. Si on doit se battre, je m’occuperai de lui. Tu verras que les autres détaleront au premier coup de feu.   »
    Les hommes se dispersèrent et nous poursuivîmes notre chemin jusqu’au bout de la corniche. Puis nous sautâmes à terre et nous glissâmes dans l’écurie, où je trouvai le palefrenier aux dents de lapin debout près de Tub et Nimble, en train de les regarder stupidement. Il sursauta au son de nos voix et ne fit aucun effort pour nous aider à harnacher nos chevaux, ce qui aurait dû éveiller mes soupçons, mais j’étais trop préoccupé par l’idée de fuir pour analyser clairement la situation. Charlie et moi étions en train d’attacher nos sacoches quand les quatre trappeurs sortirent sans bruit de la stalle derrière la nôtre. Lorsque nous les entendîmes, il était trop tard. Ils nous avaient cueillis à froid et les canons de leurs pistolets étaient braqués droit sur nos cœurs.
    Â«   Vous comptez quitter Mayfield   ? demanda le plus grand des trappeurs.
    â€” Oui, nous partons   », dit Charlie. Je ne savais pas comment il pensait procéder, mais il avait pour habitude de faire craquer ses index avec ses pouces juste avant de dégainer, et je restai à l’affût, les oreilles grandes ouvertes.
    Â«   Vous ne partirez pas sans rendre l’argent que vous devez à monsieur Mayfield.
    â€” Monsieur Mayfield, dit Charlie. Le patron bien-aimé. Dites-moi, vous le bordez aussi, tous les soirs   ? Et vous lui réchauffez les pieds avec vos petites mains pendant les longues soirées d’hiver   ?
    â€” Cent dollars, ou je vous descends. De toute façon, je finirai sans doute par vous tuer. Vous pensez que je suis lent avec cette fourrure et ce cuir, mais bientôt vous vous rendrez compte que je suis beaucoup plus rapide que ce que vous croyiez. Et ne soyez pas surpris lorsque mes balles vous transperceront le corps.   »
    Charlie dit, «   Vous êtes lent, trappeur, mais ce n’est pas à cause de votre accoutrement. C’est votre esprit, le coupable. Car à mon avis, vous êtes aussi bête que les animaux que vous traquez dans la boue et la neige.   »
    Le trappeur rit, ou fit semblant de rire, en se donnant un air de légèreté et de bonne humeur. Il fit, «   Je vous ai entendu vous saouler hier soir et je me suis dit que pour ma part, je ne boirais pas une goutte au cas où j’aurais à vous tuer ce matin. Et maintenant c’est le matin et je vous demande pour la dernière fois   : allez-vous rendre l’argent, ou la fourrure   ?
    â€” Tout ce que vous obtiendrez de moi, c’est la Mort.   » Charlie prononça ces mots tout naturellement, comme s’il parlait de la pluie et du beau temps   ; un frisson parcourut ma nuque, et mon pouls s’accéléra. Il est merveilleux dans de telles situations, il garde son sang-froid et ne manifeste pas l’ombre d’une crainte. Il avait toujours été comme ça, et même si je l’avais vu à l’œuvre à de nombreuses reprises, j’étais néanmoins chaque fois rempli d’une admiration intacte.
    Â«   Je vais vous descendre, dit le trappeur.
    â€” Mon

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