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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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là-bas.
    â€” Qu’entendez-vous par “à la poursuite”   ?
    â€” Il a fait quelque chose de mal et nous avons été engagés pour le faire payer.
    â€” Mais vous n’êtes pas des hommes de loi.
    â€” Nous sommes tout le contraire.   »
    Elle devint pensive. «   Ce Warm est-il vraiment un homme mauvais   ?
    â€” Je ne sais pas. La question n’est pas claire. On dit que c’est un voleur.
    â€” Qu’a-t-il volé   ?
    â€” Ce que les gens volent habituellement. De l’argent, sans doute.   » J’avais honte de mentir ainsi, et je cherchai du regard quelque chose qui pût me changer les idées, sans succès. «   Pour être honnête, en fait, il n’a probablement rien volé du tout.   » Elle baissa les yeux et je lâchai un petit rire en ajoutant, «   Je ne serais pas du tout surpris d’apprendre qu’il est parfaitement innocent.
    â€” Et vous partez souvent à la poursuite d’hommes que vous croyez innocents   ?
    â€” Chaque affaire est différente.   » Soudain, je n’avais plus envie de parler de cela. «   Je n’ai plus envie d’en parler.   »
    Ignorant ce que je venais de dire, elle demanda, «   Vous aimez votre travail   ?
    â€” Ça dépend. Parfois, c’est une simple escapade, mais d’autres fois c’est un véritable enfer.   » Je haussai les épaules. «   Toute tâche est rendue plus honorable si elle est salariée. Dans un sens, ce n’est pas rien d’avoir quelque chose d’aussi important que la vie d’un homme entre ses mains.
    â€” La mort d’un homme   », rectifia-t-elle.
    Jusqu’alors, je n’étais pas sûr qu’elle eût bien compris en quoi consistait mon travail. Je fus soulagé de m’apercevoir que si   : je n’avais pas besoin d’entrer dans les détails. «   Appelez ça comme vous voudrez, dis-je.
    â€” N’avez-vous jamais songé à arrêter   ?
    â€” Si   », avouai-je.
    Elle reprit mon bras. «   Que ferez-vous après vous être occupé de ce Warm   ?   »
    Je lui dis, «   J’ai une petite maison à l’extérieur d’Oregon City, que je partage avec mon frère. Le paysage est joli, mais la maison est exiguë et pleine de courants d’air. Je voudrais déménager, mais je n’arrive pas à trouver le temps pour repérer un autre endroit. Charlie a beaucoup de fréquentations peu respectables. Ce sont des gens qui se couchent à n’importe quelle heure.   » Mais comme la femme semblait s’agacer de ma réponse, je poursuivis   : «   Que me demandez-vous au juste   ?
    â€” J’espère vous revoir.   »
    Ma poitrine sursauta comme si j’avais reçu un coup, et je songeai, Je suis un parfait nigaud. «   Votre souhait sera exaucé, promis-je.
    â€” Si vous partez, je ne crois pas que je vous reverrai un jour.
    â€” Je reviendrai, je vous le promets.   » Cependant, la femme ne me crut pas, ou ne me crut qu’en partie. Levant les yeux sur moi, elle me pria d’enlever mon manteau, ce que je fis, et elle sortit de ses vêtements une longue soie d’un bleu éclatant, qu’elle attacha autour de mon épaule en faisant un nœud serré   ; puis elle recula de quelques pas pour me regarder. Elle était très triste, et belle   ; ses yeux étaient humides et ses paupières alourdies par les poudres et les charmes immémoriaux. Je posai mes mains sur l’écharpe mais les mots me manquèrent.
    Elle me dit, «   Portez-la toujours comme ça, et quand vous la verrez vous vous souviendrez de moi et de votre promesse de revenir me voir.   » Elle caressa l’étoffe, et sourit. «   Votre frère sera-t-il très jaloux   ?
    â€” Je crois qu’il voudra que je lui raconte tout.
    â€” N’est-elle pas magnifique   ?
    â€” C’est très chatoyant.   »
    Je remis mon manteau et le boutonnai pour protéger la soie. Elle s’approcha et m’enlaça   ; posant son visage sur mon cœur, elle écouta ses battements frénétiques. Puis elle prit congé, se tourna et s’engouffra dans l’hôtel, mais j’eus

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