Les Frères Sisters
travail.
â Et quoi comme travail, exactement  ?
â Jâai envie dâouvrir un poste de traite.  »
Elle répliqua, «  Tu veux dire que tu vas investir dans un poste de traite. Tu ne penses quand même pas y travailler  ? Recevoir les clients et répondre à leurs questions  ?
â Si, justement. Tu ne me vois pas en train de le faire  ?
â Franchement, non.  »
Je soupirai. «  Peu importe ce que lâon fera. Lâargent va et vient.  » Je secouai la tête. «  Ãa nâa pas dâimportance, et tu le sais très bien.
â Dâaccord, dit-elle, déposant les armes. Toi et ton frère, vous pouvez dormir dans votre ancienne chambre. Si vous pensez vraiment rester, on pourra rajouter une autre chambre après. Et quand je dis nous, je veux dire toi et Charlie.  » Elle se saisit dâun petit miroir et le tint devant elle. Elle arrangea ses cheveux, et poursuivit  : «  Jâimagine que je devrais être heureuse de vous voir encore unis tous les deux. Câest ainsi depuis que vous êtes petits.
â Nous nous sommes brouillés et rabibochés de nombreuses fois.
â Câest grâce à votre père que vous êtes si proches.  » Elle baissa le miroir. «  On peut au moins le remercier pour ça.  »
Je dis, «  Je crois que jâaimerais bien mâallonger à présent.
â Est-ce que je dois te réveiller pour le déjeuner  ?
â Quâest-ce quâil y a  ?
â Un ragoût de bÅuf.
â Câest bon.  »
Elle marqua une pause. «  Tu veux dire, Câest bon, ne me réveille pas, ou Câest bon, réveille-moi  ?
â Réveille-moi, sâil te plaît.
â Dâaccord. Va te reposer.  »
Je me détournai dâelle et regardai dans le couloir. Une lumière éblouissante se dessinait dans lâencadrement de la porte dâentrée, restée ouverte. Je crus entendre sa voix en passant le seuil de sa chambre. Je fis volte-face et elle me regarda, attendant que je dise quelque chose. «  Ãa va  ? demandai-je. Tu mâas appelé  ?  » Elle me fit un signe, et je mâapprochai de son lit. Elle me saisit les doigts et mâattira vers elle en tirant sur mon bras avec ses mains, comme sur une corde. Elle mâenlaça et mâembrassa sous lâÅil. Ses lèvres étaient humides et fraîches. Ses cheveux, son visage et son cou sentaient le sommeil et le savon. Jâallai dans notre ancienne chambre, et mâétendis sur un matelas par terre. Câétait confortable et propre, même si câétait petit. Cela nous irait très bien pour le moment, ce serait même parfait à sa façon. Je nâarrivais pas à me souvenir de la dernière fois où je mâétais trouvé à lâendroit précis où jâavais envie dâêtre, comme câétait le cas en ce moment, et câétait un sentiment très satisfaisant.
Je mâendormis, et me réveillai en sursaut quelques minutes plus tard. Jâentendis Charlie dans la pièce dâà côté en train de se laver dans la baignoire. Il ne disait rien, et ne dirait rien, je le savais, mais le bruit que faisaient les éclaboussures ressemblait à une voix, qui jacassait puis se calmait  ; je ne distinguais plus alors que quelques rares gouttes tomber, comme si la voix avait soudain été absorbée dans une silencieuse contemplation. Jâavais lâimpression de pouvoir évaluer la tristesse ou la joie de celui qui produisait ces sons. Jâécoutai attentivement, et me dis que mon frère et moi étions, du moins dans lâimmédiat, à lâabri de tous les dangers et de toutes les horreurs de lâexistence.
Et oserais-je dire à quel point cela mâenchanta  ?
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