Les Frères Sisters
était une de nos vieilles astuces. Nous nâen avions pas honte, sans en être fiers non plus. Il va sans dire que nous ne lâutilisions que dans les pires des situations, et elle nous avait sauvé la mise à plus dâune reprise.
Charlie et moi nous apprêtions à partir lorsque nous entendîmes le frottement dâune botte dans le grenier au-dessus de nous. Au lieu de se sauver, le palefrenier sâétait caché pour assister au combat  ; malheureusement pour lui, il avait également assisté à notre petit tour de passe-passe, et nous grimpâmes à lâéchelle pour aller le chercher. Cela prit un certain temps, car le grenier était plein de balles de foin entassées, ce qui lui permettait de se dissimuler facilement. «  Sors de là , mon gars, criai-je. On en a fini ici, et on ne te fera pas de mal, promis.  » Un silence sâensuivit, puis nous entendîmes de petits pas précipités dans un coin éloigné. Je tirai au hasard mais mon projectile se perdit dans le foin. Nouveau silence, nouveaux petits pas. Charlie dit, «  Mon gars, sors de là . On va te tuer. Tu nâas aucune chance de tâen sortir. Soyons raisonnables.
â Ouhouhouh  ! fit le palefrenier.
â Tu nous fais perdre notre temps. Et nous nâen avons plus à perdre.
â Ouhouhouh  !  »
Â
Après nous être débarrassés du palefrenier, nous rendîmes visite à Mayfield dans son salon. Il eut un choc en nous entendant frapper à sa porte, à tel point quâil ne put articuler un mot ou se mouvoir pendant un moment  ; je le menai jusquâà son canapé où il resta assis à attendre de connaître son triste sort. Je dis à Charlie, «  Il nâest pas comme hier soir.
â Voici lâhomme tel quâil est vraiment, me répondit Charlie. Je lâai su dès que nous sommes entrés.  » à lâattention de Mayfield, il dit, «  Comme vous lâavez peut-être deviné, nous avons descendu vos hommes de main. Les quatre, ainsi que le garçon dâécurie, ce qui nâétait pas prévu, et qui est fort malheureux. Je tiens à souligner que tout cela est entièrement de votre fait, dans la mesure où nous vous avons apporté la fourrure rousse sans aucune arrière-pensée, et que nous nâavons rien à voir avec sa disparition. Ainsi la mort de vos hommes et du jeune garçon doit peser entièrement sur votre conscience, et pas sur les nôtres. Je ne vous demande pas nécessairement dâêtre dâaccord, mais seulement dâadmettre que je viens de vous aviser de la situation. Compris  ?  »
Mayfield ne répondit pas. Ses yeux fixaient un point sur le mur derrière moi. Je me tournai pour voir ce qui attirait son regard, et me rendis compte quâil nây avait rien. Lorsque je lui fis face à nouveau il se frottait le visage avec les mains, comme sâil se lavait.
«  Bon, poursuivit Charlie. Vous nâallez pas aimer ce qui suit. Mais câest le prix à payer pour ce que vous nous avez fait subir, à mon frère et à moi. Vous mâécoutez, Mayfield  ? Hé oui, je veux que vous nous indiquiez maintenant où se trouve votre coffre.  »
Mayfield resta silencieux si longtemps que je crus quâil nâavait pas entendu la question. Charlie était sur le point de répéter ce quâil venait de dire quand Mayfield répondit, dâune voix à peine audible, «  Je ne vous dirai rien.  » Charlie sâapprocha de lui. «  Dites-moi où se trouve le coffre ou je vous frappe la tête avec mon pistolet.  » Mayfield ne pipa mot et Charlie, sortant son pistolet de son étui, lâattrapa par le canon. Il marqua une pause, puis, de la crosse en noyer, asséna un coup sur le sommet du crâne de Mayfield. Ce dernier tomba à la renverse sur le canapé en se couvrant la tête avec les mains et en émettant de petits cris de douleur, une sorte de couinement entre les dents relevant, à mes yeux, dâun manque de dignité manifeste. Il se mit immédiatement à saigner et Charlie lui fourra un mouchoir dans la main tout en le ramenant en position assise. Au lieu de bouchonner le tissu et de lâappliquer sur sa blessure comme nâimporte qui lâaurait
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