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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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grande pompiere ?
    Maintenant, il me les faut laisser,
    J’en ay au cœur un grand regret.
     
    Mesdames de la Cour, prenez à moy exemple :
    Ne montez pas si haut qu’il vous faille descendre.
    Par trop monter, je suis bien mise en bas.
    Et déboutée de tous estats… [150]
     
    Elle allait être mise plus bas encore…
    Jean de Brosse, duc d’Étampes, son mari, qui vivait en Bretagne [151] , arriva à Limours un beau matin, décidé à faire valoir ses droits d’époux et à réclamer les pensions que, depuis quinze ans, l’ex-favorite omettait de lui faire parvenir…
    M me  d’Étampes fut très fâchée de cette visite et trouva la première prétention de son mari effarante.
    –… Il y a si longtemps ! dit-elle.
    — Oui, il y a vingt ans, répliqua sèchement Jean de Brosse, et, depuis lors, vous m’avez, sans discontinuer, cocufié avec le roi. Aujourd’hui, le roi est mort et rien au monde ne peut m’empêcher d’entrer dans votre lit.
    M me  d’Étampes pensa que, dans sa situation, il était des sacrifices nécessaires et que, d’ailleurs, la vie était une vallée de larmes.
    Elle consentit.
    Jean de Brosse, animé par un désir qui, depuis vingt ans, le rendait légèrement apoplectique, faillit bien, nous dit un chroniqueur, « ne se poinct montrer le beau jouteur que les dames et damoiselles bretonnes connaissent, tant l’émotion luy nouait la nature et le rendait mol »… Mais il se « ravisa » et M me  d’Étampes oublia pendant un instant qu’elle était avec son mari…
    Quand elle revint à elle, la réalité l’accabla, car Jean de Brosse, qui s’était rhabillé rapidement, lui présentait, l’œil sévère, des papiers à signer.
    Elle essaya de lui démontrer que le moment était mal choisi pour parler d’affaires, mais il se fâcha :
    — Vous êtes mon épouse, vous devez m’obéir !
    Et la pauvre, encore « mal sortie des douceurs de l’extase », signa un papier par lequel elle donnait à son mari les domaines de Chevreuse, Dourdan et Limours…
    Alors, il lui ordonna de se vêtir :
    — Vous partirez bientôt pour la Bretagne, où vous vivrez désormais.
    Quelques heures plus tard, une litière escortée d’hommes en armes emmenait la duchesse vers le sombre et lugubre château de La Hardouinaye, où elle devait rester dix-huit ans séquestrée…
     
    À peine arrivée en Bretagne, et malgré l’étroite surveillance dont elle était l’objet, l’ex-favorite chargea quelques hommes sûrs d’établir une liaison suivie et discrète avec la Cour, afin d’être tenue au courant de ce qui s’y passait.
    Or c’était le moment où tout le monde se passionnait à Saint-Germain pour une très curieuse affaire qui mettait en cause l’honneur du jeune seigneur Guy Chabot de Jarnac, beau-frère de la duchesse d’Étampes.
    Ce gentilhomme, que l’on savait désargenté, se faisait remarquer depuis longtemps par une élégance raffinée et un train de vie des plus brillants.
    Un jour de 1546, le dauphin, poussé par Diane de Poitiers qui cherchait toutes les occasions de salir la famille de sa rivale, avait demandé au jeune homme comment il pouvait « mener un tel état ».
    Jarnac s’était contenté de rappeler en souriant que son père venait d’épouser en secondes noces la très riche Madeleine de Puy-Guyon.
    — Elle m’entretient , avait-il ajouté en employant, imprudemment, un terme ambigu.
    Aussitôt, le dauphin, ravi, était allé raconter à qui voulait l’entendre que Guy Chabot était l’amant de sa belle-mère. Ce bruit, colporté par toutes les mauvaises langues de la Cour, n’avait pas tardé à venir, on s’en doute, aux oreilles du jeune gentilhomme. Furieux, il s’était écrié avec indignation que « meschant et lasche était celui qui avait ainsi menti, quel qu’il fust ».
    L’insulte visait, bien entendu, l’héritier du trône. Celui-ci, ne pouvant demander réparation, car son rang lui interdisait de se mesurer avec un simple gentilhomme, avait chargé alors l’un de ses bons amis, François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie, de se déclarer offensé par les paroles de Jarnac et d’être son « champion ».
    La Châtaigneraie, jeune brute au grand cœur, avait accepté, racontant aussitôt que « Jarnac lui avoit dit personnellement cette vilaine parole : “Je couche avec ma belle-mère” »…
    Mais François I er , sur la pression de M me  d’Étampes qui craignait pour la

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