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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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vie de son beau-frère, s’était opposé au duel.
    Une semaine après la mort du roi chevalier, La Châtaigneraie, manœuvré par Diane de Poitiers qui voulait en finir avec la famille de M me  d’Étampes, adressa à Henri II cette étrange lettre :
     
    Sire, au différend qui est entre Chabot et moi, j’ai jusqu’à présent, seulement regardé à la conservation de mon honneur sans toucher à celui des dames, même de celle dont il s’agit. Mais voyant que, pour ma justification, il est requis que je dise que Chabot a agi de sa belle-mère à sa volonté, et qu’il m’a dit lui-même l’avoir chevauchée en couchant avec elle, pour ce, je vous supplie très humblement me donner camp à toute outrance ; dedans lequel j’entends lui prouver par armes ce que j’ai dit.
     
    Henri II ayant décidé que le débat serait tranché par un duel judiciaire, on aménagea une lice et des tribunes non loin du château de Saint-Germain [152] , et, le 15 juin 1547, devant la Cour au complet, les deux hommes se présentèrent en armures.
    Ils étaient très différents de silhouette : Jarnac, mince, fluet ; La Châtaigneraie, trapu, massif, athlétique. L’issue du combat ne faisait de doute pour personne, et la grande sénéchale souriait, confiante.
    Soudain, le héraut d’armes lança le cri traditionnel : « Laissez-les aller, les bons combattants ! »
    On vit alors les deux adversaires se précipiter l’un sur l’autre avec une fureur sauvage. Les coups d’épée résonnaient terriblement sur les boucliers, et l’on crut que le pauvre Jarnac allait être écrasé sans avoir le temps de combattre.
    Tout à coup, on le vit se courber, se couvrir la tête de son bouclier, se fendre à fond et, d’un coup rapide, trancher le jarret gauche de La Châtaigneraie…
    Le colosse s’écroula.
    Un silence de mort régnait dans les tribunes. Diane et Henri II, les yeux écarquillés, regardaient leur « champion » allongé sur le sol. Ils étaient stupéfaits et furieux.
    Une voix leur fit redresser la tête. C’était celle de Jarnac, qui criait à sa victime :
    — La Châtaigneraie, rends-moi mon honneur ! À Dieu et au roi, crie merci de l’offense que tu m’as faite !
    La Châtaigneraie ne répondit pas. Il se vidait de son sang comme un poulet et n’était déjà presque plus de ce monde.
    Le connétable de Montmorency vint l’examiner et ne le trouva pas bien :
    — Je crois qu’il le faut ôter, dit-il simplement.
    Pendant qu’on transportait le mourant – qui trépassa peu après –, Jarnac demanda au roi de lui rendre publiquement son honneur.
    Henri II avait l’esprit lent. Il demeura longtemps silencieux, cherchant à comprendre ce qui s’était passé. Enfin, il déclara d’une voix blanche que Jarnac était lavé des accusations qu’on avait portées contre lui ; puis il se retira précipitamment, suivi de la Cour et de Diane qui, pâle et les lèvres serrées, ne cherchait même pas à cacher sa colère…
    Ainsi se termina ce duel singulier grâce au « coup de M. de Jarnac » – qui n’avait d’ailleurs rien de déloyal…
    Le lendemain, à La Hardouinaye, M me  d’Étampes apprit avec la joie qu’on imagine que l’honneur de sa famille avait été sauvé et que la grande sénéchale était sur le point d’avoir une jaunisse…

25
    Le ménage à trois du roi Henri II
    Les chaînes du mariage sont parfois si lourdes
    qu’on n’est pas de trop de trois pour les porter.
     
    Roland Mercier
     
    À l’aube tiède du 25 juillet 1547, la ville de Reims s’éveilla parée comme un reposoir. Dans les rues encore désertes, les maisons, décorées de riches tapisseries, de draps piqués de fleurs, de couronnes de roses et d’oriflammes endormies, se coloraient peu à peu de la clarté dorée d’un « petit jour » d’été.
    Une ville étrange sortait de la nuit. Une ville de rêve et de contes de fées que les premiers promeneurs découvrirent avec émerveillement et fierté. Le visage familier de la vieille cité disparaissait sous des guirlandes, des banderoles, des arcs de triomphe, des colonnes de jaspe, des voûtes de feuillage et des fontaines de vin…
    Pour quel événement Reims s’était-elle donc ainsi métamorphosée ?
    Pour une fête propre à réjouir tous les braves gens du royaume : pour le couronnement du nouveau roi de France…
     
    À huit heures, toutes les cloches de la ville annoncèrent l’approche de

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