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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Ciel veut ainsi
    Que mon mal je regrette.
    Je m’en irai dedans les bois
    Conter mes amoureux discours.
    Où êtes-vous allées, mes belles amourettes ?
    Changerez-vous donc de lieu tous les jours ? [146]
     
    C’est là aussi qu’un soir il grava, non point sur la vitre de sa chambre, comme on le raconte généralement, mais sur le mur, avec un tison ou un morceau de plâtre tombé du plafond, trois mots : Toute femme varie.
    Car il n’y avait que trois mots et non un distique.
    Brantôme, qui eut la chance de voir ce graffiti, nous apporte à ce sujet un témoignage indiscutable. Un ex-valet de chambre de François I er « me voulut, dit-il, montrer tout, et, m’ayant mené à la chambre du roi, il me montra un écrit au côté de la fenêtre :
    « –“Tenez, dit-il, lisez cela, monsieur : si vous n’avez pas vu de l’écriture du roy mon maître, en voilà.” Et, l’ayant lu, en grandes lettres il y avait ces mots : Toute femme varie. »
    Ce n’est que bien plus tard qu’on fit de cette phrase un distique en y ajoutant « Bien fol est qui s’y fie », vers provenant d’ailleurs d’une vieille chanson du troubadour Marcabrun [147]  – en attendant que le librettiste de Rigoletto y ajoutât une allusion coquine à la plume au vent…
    En janvier 1547, Henry VIII d’Angleterre mourut, ce qui réjouit fort le roi de France. L’ambassadeur Jean de Saint-Mauris, qui était présent lorsqu’on apporta la nouvelle à François I er , nous dit qu’on le « vit au même instant fort rire et se réjouir avec ses dames, étant pour lors au bal ».
    Puis il songea que le défunt avait son âge et, nous dit Martin du Bellay, « il devint plus pensif qu’auparavant… »
    Quelques jours après, François I er attrapa un rhume dont personne ne se soucia, mais, le 11 février, il avait « trois accès de fièvre tierce », et la Cour commença à parler à voix basse d’un mal incurable.
    La duchesse d’Étampes fut effondrée. La disparition du roi, elle le savait, signifiait pour elle la ruine, l’obligation de quitter le palais et, sans doute, quelques terribles vengeances de la part de Diane de Poitiers.
    Le roi ne sentait pas l’approche de la mort. Il chevauchait, courait les bois et même, à l’occasion, faisait une politesse à une chambrière… Le 12 mars, alors qu’il était à Rambouillet, il subit un quatrième accès de fièvre. Il fut tellement secoué que l’ambassadeur Saint-Mauris écrivit : « Il se retrouve telle pourriture que les médecins désespèrent de la curation. »
    Le 29 mars, alors que Diane de Poitiers avait peine à cacher sa joie, il fit venir le dauphin à son chevet et lui dit :
    — Mon fils, je recommande la duchesse d’Étampes à votre courtoisie. C’est une dame.
    Puis il ajouta :
    — Ne vous soumettez pas à la volonté d’autres, comme je me suis soumis à la sienne.
    Le matin, François I er , se sentant perdu, avait ordonné à sa favorite de quitter son chevet. M me  d’Étampes s’était alors « pâmée par terre » en faisant un bruit épouvantable, criant avec une emphase comique : « Terre, engloutis-moi… » Puis elle avait gagné rapidement Limours…
    Deux jours passèrent encore. Le roi s’éteignait doucement, tandis que, dans une pièce voisine, Diane et les Guise attendaient avec impatience l’avènement de Henri II.
    Le 31 mai au matin, on entendit des gémissements lugubres :
    — Voilà qu’il passe, le galant, dit cyniquement la grande sénéchale.
    C’était vrai. Quelques minutes plus tard, le roi de France avait rendu l’âme.
     
    De quoi était-il mort ? On ouvrit son corps pour le savoir, et « on trouva, écrit Saint-Mauris, une apostume en son estomac, les rognons gâtés et toutes les entrailles pourries et avoit la partie du gosier échancrée, le poumon entamé ».
    Pour le bon peuple de France, qui avait suivi pendant trente ans les frasques amoureuses de François I er , la question ne se posa même pas.
    — Il est puni par où il a péché, disait-on, en clignant de l’œil.
    Et un couplet circula bientôt :
     
    L’an mil cinq cent quarante sept
    François mourut à Rambouillet,
    De la vérole qu’il avait !
     
    Plus tard, une légende, née on ne sait où, fit de François I er la victime d’une sombre machination. Écoutons Loys Gordon, sieur de la Nauche et médecin d’Uzerche : « Le grand roi François I er rechercha la femme d’un avocat de

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