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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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pourvu que vous me trouviez auparavant un artiste de sa taille.
    Malgré l’amitié du roi, Benvenuto Cellini se sentit dès lors en danger, et, par un jour de printemps 1545, il fit ses bagages et reprit la route de l’Italie.
    C’est ainsi que la France perdit l’un des plus grands artistes de la Renaissance…

23
    François I er est-il mort de la Belle Ferronnière ?
    La façon de donner vaut souvent mieux que ce qu’on donne…
     
    sagesse des nations
     
    L’usage un peu excessif qu’il avait fait des femmes donnait à François I er un physique nettement au-dessus de son âge. C’est ainsi qu’à cinquante-deux ans il avait l’air d’un vieillard.
    Pouvant, il aimait encore se montrer galant homme lorsque l’occasion s’en présentait, et tout le monde était d’accord à la Cour pour dire qu’il savait encore tenir sa place dans un lit…
    Bien entendu, il n’avait plus cette fougue qui lui permettait jadis de prouver, huit à dix fois coup sur coup, ses bons sentiments à la dame de ses pensées. Mais il s’en consolait en écoutant ou en racontant lui-même des histoires fort grivoises, ce qui faisait ressembler le palais à un corps de garde. Une anecdote nous le prouve. Un soir que le chancelier Gaillard était assis au bout d’un banc, dans la grande salle du palais, alors que le roi se trouvait sur sa chaise royale, on se mit à évoquer les paillardises d’un chevalier.
    — Or ça, s’écria tout à coup le roi, beau sire chancelier, dites-moi, s’il vous plaît, quelle distance il y a entre Gaillard et paillard ?
    Le chancelier Gaillard se leva.
    — La distance de mon banc à votre chaise, sire, dit-il.
    Cette réplique audacieuse plut beaucoup à François I er qui en rit longtemps.
     
    L’attitude immodeste du souverain fit alors disparaître de la Cour le peu de retenue que les dames y avaient encore conservée ; et l’on entendait à Fontainebleau de bien curieuses choses. Il me suffira de donner un exemple. La chanson à la mode, celle que toutes les princesses fredonnaient à longueur de journée sans la moindre gêne, s’intitulait : J’ai un ciron sur la motte… [145] .
    Ce ciron , ou autre chose, les démangeait tellement qu’elles ne pensaient plus qu’à se faire « beluter », au point, nous dit un historien du temps, « que l’on auroit pu croire qu’un démon sensuel les habitoit… ».
    Brantôme nous donne cet exemple frappant :
    « J’ay ouy parler d’une belle et honneste dame, surtout fort spirituelle, de plaisante et bonne humeur, laquelle, se faisant un jour tirer sa chausse par son valet de chambre, lui demanda s’il n’entroit point pour cela en rut, tentation et concupiscence ; – encore, dit-elle et franchit le mot tout outre. Le valet pensant bien dire, pour le respect qu’il luy portoit, lui répondit que non. Elle soudain haussa la main et luy donna un grand soufflet. “– Allez, dit-elle, vous ne me servirez jamais plus ; vous êtes un sot, je vous donne votre congé…” »
    Effrontées, perverses et ardentes au plaisir, ces dames recherchaient tous les moyens propres à donner un piment nouveau aux rencontres amoureuses. C’est ainsi que Sauval nous dit qu’elles se mettaient une pommade destinée à faire pousser de façon anormalement grande les poils issus à « la nature », afin de pouvoir ensuite « les friser et les retrousser comme la moustache d’un Sarrasin ». Ce qui devait être ravissant…
     
    Pour la première fois de sa vie, François I er se sentit, en 1546, un impérieux besoin de solitude. M me  d’Étampes, toujours en ébullition, le fatiguait, et il lui arrivait d’aller passer quelques jours à Chambord « où deux cents personnes pouvaient vivre sans se rencontrer jamais, si elles le désiraient ». Ce château avait été construit sur le plan du roi, au cœur de la forêt, en un endroit où il était, dit-on, devenu l’amant d’une jeune Blésoise, lorsqu’il avait dix-sept ans.
    Tombeau d’un amour de la jeunesse, Chambord était fastueux, mais lugubre.
    C’est là que le roi venait composer des vers désabusés :
     
    Où êtes-vous allées mes belles amourettes ?
    Changerez-vous donc de lieu tous les jours ?
    À qui dirai-je mon tourment ?
    Mon tourment et ma peine ?
    Rien ne répond à ma voix :
    Les arbres sont secrets, muets et sourds
     
    Où êtes-vous allées, mes belles amourettes ?
    Changerez-vous donc de lieu tous les jours ?
    Ah ! puisque le

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