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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Henri II.
    Précédant le groupe de princes du sang qui l’accompagnaient, le jeune souverain, monté sur un cheval blanc richement harnaché, fut reçu à la porte principale de la ville par le gouverneur, les notables et tous les habitants « en grande joie ».
    À cet endroit avait été dressé un édifice étrange surmonté d’un gros soleil « en forme de pomme rayonnante ». Le gouverneur de Reims attira l’attention de Henri II sur ce détail.
    Le roi, intrigué, arrêta son cheval, et tout le cortège s’immobilisa. Aussitôt le soleil s’ouvrit, libérant un énorme cœur qui descendit par un jeu de cordes jusque devant le souverain.
    Avant que la foule n’ait eu le temps d’applaudir cette « merveille », le cœur se fendit par le milieu, découvrant une charmante jeune fille fort peu vêtue qui présenta les clefs de la ville à Henri II.
    Le roi eut l’œil pétillant devant cette apparition et le bon peuple, émerveillé, poussa des cris de joie.
    La nymphe récita alors un petit compliment et rentra dans le cœur qui se referma. Puis, comme par enchantement, tout remonta dans le soleil « qui s’épanouit aussitôt en fleur de lys [153]  ».
    Après cet intermède, le cortège se dirigea vers une place où les Rémois avaient cru bon d’édifier une espèce de montagne recouverte de velours sur laquelle des femmes nues, aux prises avec des satyres, composaient d’audacieux tableaux vivants. Le roi contempla un instant ce spectacle vraiment inattendu avant les solennités du sacre et continua sa route en pensant que la journée commençait bien…
    À la cathédrale, il n’y avait pas de femmes nues, ni de spectacles légers ; pourtant l’amour et l’adultère y furent évoqués par le roi lui-même d’une façon qui stupéfia tout le monde. Il parut dans une tunique de satin bleu azuré semé de fleurs de lys d’or et orné d’une broderie représentant son initiale mêlée à celle de Diane de Poitiers.
    Lorsque les évêques virent le double D dans l’ H , ils se regardèrent en hochant la tête, pensant que le nouveau roi allait encore plus loin que son père dans la voie du scandale.
    Diane de Poitiers était d’ailleurs là, occupant, pour la première fois, en public, la place d’honneur, alors que la reine (enceinte de trois mois, il est vrai) avait été reléguée dans une tribune écartée.
    Si la plupart des prélats furent choqués par la présence de Diane, aucun n’osa émettre de critique, le cardinal de Lorraine, qui devait oindre le nouveau roi, étant un des plus fidèles alliés de la grande sénéchale.
    Les protestations auprès de ce prince de l’Église n’eussent donné aucun résultat. Souriant, onctueux, il se serait sans doute contenté de répondre en baissant les paupières sur son regard trop brillant :
    — Votre seul devoir est de prier, mon fils !
    Car, s’il n’avait pas encore atteint sa vingtième année, le cardinal de Lorraine possédait beaucoup d’expérience, ayant été nommé archevêque à l’âge de neuf ans…
     
    Après ce sacre mémorable, Henri, Diane et Catherine allèrent s’installer à Fontainebleau.
    La grande sénéchale, qui avait fait chasser les ministres protégés par M me  d’Étampes pour les remplacer par ses amis, devint alors toute-puissante. C’est elle qui régnait sur le royaume par l’intermédiaire d’un roi amoureux et de ministres qui lui devaient tout.
    Or, contrairement à la duchesse d’Étampes, elle ne chercha pas tout d’abord à se mêler des affaires de l’État. Son ambition était plus sordide : elle voulait simplement accumuler titres, rentes et domaines. Animée par une cupidité sans borne, elle rêvait de posséder la plus grosse fortune de France et, pendant les douze ans que régnera Henri II, elle n’intriguera que dans ce but, ce qui la conduira, hélas ! à s’occuper de politique…
    Pour commencer, elle réussit un assez beau coup ; à chaque changement de règne, les possesseurs des diverses charges du royaume devaient, pour être maintenus dans leurs fonctions, payer un impôt appelé « droit de confirmation » ; Diane en exigea le montant. Trois cent mille écus d’or lui furent donc versés aux dépens du Trésor.
    Elle parvint encore à se faire attribuer les sommes provenant de la taxe sur les cloches, ce qui fit dire à Rabelais : « Ce roi a pendu toutes les cloches du royaume au col de sa jument… »
    Enfin, sous couleur de faire la

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