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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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guerre aux mécréants, elle mit la main sur les biens confisqués aux protestants, ou saisis chez les juifs…
    Mais elle réussit à faire mieux encore, le jour où elle obtint que le roi lui donnât les plus beaux joyaux de la couronne.
    Les historiens modernes ont évalué ce cadeau à quelque trente millions de notre monnaie…
    Connaissant l’avidité extrême de sa maîtresse, le roi utilisait tous les prétextes pour lui octroyer de nouvelles rentes. Un jour, il lui accorda « cinq mille cinq cents livres, en faveur de bons, agréables et recommandables services qu’elle a cydevant faits à la reyne ».
    Ce qui était tout de même un comble.
     
    Bien entendu, l’attitude extravagante du roi ne tarda pas à être critiquée par certains hommes politiques indépendants, les ambassadeurs étrangers, par exemple. C’est ainsi que Alvarotto, le représentant à Paris du duc de Ferrare, écrivait : « Pour Sa Majesté, il ne paraît pas qu’elle pense à autre chose qu’à jouer à la balle, à aller chasser parfois et à courtiser à toute heure la sénéchale : après le déjeuner et, le soir après le dîner, ce qui fait qu’en moyenne il doit bien rester avec elle au moins huit heures. S’il arrive qu’elle soit dans la chambre de la reine, il la fait appeler. C’est au point que chacun se lamente et remarque qu’il se tient plus mal que le feu roi… D’aucuns en tirent cette conclusion que le roi ne voit pas clair et qu’il est mené, comme on dit, par le bout du nez [154] … »
    Mais les ambassadeurs étrangers n’étaient pas les seuls à oser critiquer l’aveuglement du roi.
    Lorsque Charles de Lorraine, archevêque de Reims, remplaça, sur la demande de sa protectrice, le cardinal de Tournon, une épigramme circula à la cour et même dans Paris :
     
    Sire, si vous laissez, comme Charles désire,
    Comme Diane veut, par trop vous gouverner,
    Fondre, pétrir, mollir, refondre, retourner,
    Sire, vous n’êtes plus, vous n’êtes plus que cire…
     
    Ce quatrain cruel n’empêcha pas Henri II de continuer à combler sa maîtresse d’honneurs et de présents.
    À l’automne 1547, il lui offrit « en considération des grands et recommandables services rendus par son feu mari, Louis de Brézé », le château de Chenonceaux qui appartenait à la couronne.
    Cette fois, le roi allait trop loin, et la reine, sortant de sa réserve habituelle, lui rappela publiquement que Chenonceaux était inaliénable en vertu d’un édit royal de 1539, et qu’il n’avait pas le droit d’en disposer.
    Allait-il devoir reprendre son cadeau à la grande sénéchale ? Non, car Diane fit front et, grâce à une habile procédure, parvint à conserver Chenonceaux. Ce fut son second château – car elle avait déjà celui d’Anet – et elle put s’estimer, dès lors, bien lotie…
     
    En 1548, enfin, la grande sénéchale reçut le titre de duchesse de Valentinois (et le duché bien entendu).
    Cette faveur scandalisa la Cour.
    Tous les ducs de sang royal s’offusquèrent – vainement, est-il besoin de le dire – en voyant que la fille de Saint-Vallier était élevée au rang d’une dynaste souveraine.
    La favorite, qui signa désormais « Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, comtesse d’Albon, dame de Saint-Vallier », devint plus méprisante et plus avide que jamais. Et le Florentin Ricaroli put écrire dans une lettre : « On ne peut dire à quel point est parvenue la grandeur et l’omnipotence de la duchesse de Valentinois. Et on en vient à regretter M me  d’Étampes… »
    De telles faveurs rendaient officielle la liaison de Henri II. Tout le monde en parlait sans se cacher, et les hommages dus à la reine allaient vers la favorite, ainsi qu’on put le constater lorsque le roi fit son entrée solennelle à Lyon, suivi de Catherine, de Diane et de la Cour.
    Tous les écussons dont la ville était ornée portaient le chiffre qui avait fait scandale au sacre. Et, lorsque les notabilités vinrent présenter leurs hommages, ils défilèrent devant la favorite d’abord, faisant passer la reine au deuxième plan.
    Enfin, pour couronner cette journée où Catherine de Médicis subit la plus grande humiliation de son existence, une jeune et belle fille vêtue en Diane chasseresse, cheveux blonds flottant au vent, croissant sur la tête et carquois à l’épaule, vint saluer le roi.
    Elle portait une légère tunique en voiles blanc et noir (couleurs de la favorite),

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