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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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exemple : Il sied d’avancer les lèvres de temps à autre pour faire entendre une sorte de sifflement, habitude familière aux princes qui se promènent dans la foule.
    Le même auteur conseillait également de se « dandiner en marchant » et de copier les Italiens, chez qui, dit-il, « pour faire honneur à quelqu’un, on pose un pied sur l’autre, et l’on se tient à peu près sur une seule jambe, comme la cigogne ».
    La mode était aux poses alanguies ; aussi trouvait-on gracieux de « tenir les yeux mi-clos et de tendre les lèvres comme pour un baiser ».
    Saluer était un art difficile : « On ploie seulement le genou droit, avec un doux contournement et mouvement du corps, dit Mathurin Cardier. On ôte le bonnet de la main droite, on le tient en bas à la gauche et à la main droite au bas de l’estomac avec les gants. Il y a le salut de rencontre ; s’il s’agit de l’homme, on l’embrasse par accolade ; s’il s’agit d’un rang plus élevé, on l’embrasse dessous le bras, d’autant plus bas on l’embrasse qu’il est plus grand socialement. S’il est égal, on l’embrasse d’un bras dessus l’épaule, l’autre dessous. Pour la femme, on la baise sur la bouche. »
    La duchesse de Valentinois, rompue aux usages raffinés de la Cour, enseignait admirablement tous ces gestes curieux et faisait des enfants royaux des adolescents qui pouvaient « sortir dans le monde »…
     
    La reine continuait à sourire et à jouer la comédie de l’amitié. Pourtant rien ne lui était épargné. Le jour de son sacre à Saint-Denis, Diane fut à ses côtés en surcot d’hermine, en robe de gala à l’antique tout comme elle, et l’on pouvait se demander laquelle des deux était la reine.
    Un incident symbolique eut lieu d’ailleurs au cours de la cérémonie : la couronne étant trop lourde pour Catherine, une fille de Diane la lui retira et vint la déposer aux pieds de sa mère sur un coussin [160] …
    La reine ne broncha pas. Rien ne semblait l’atteindre…
    Pourtant, un soir, excédée sans doute, elle laissa paraître quelque humeur. Elle lisait dans sa chambre, lorsque Diane entra et lui demanda :
    — Que lisez-vous, Madame ?
    — Je lis les histoires de ce royaume, lui répondit la reine avec un sourire aimable, et j’y trouve que de tous les temps les putains ont dirigé les affaires des rois !…
    Ce qui jeta un froid.

26
    Diane de Poitiers veut « sa guerre »
    C’est une noble ambition que de vouloir
    posséder « quelque chose à soi »…
     
    Léon Gambetta
     
    Vers 1549, les braves gens qui parlaient de la famille de Guise avaient coutume de dire : « Lorsqu’une femme parvient à entrer dans le lit du roi, tous ses amis veulent nager dans la rivière [161] … »
    Ce qui témoignait d’un peu de malice et d’une grande clairvoyance, car cette maison, protégée par Diane de Poitiers, avait, depuis l’avènement de Henri II, réussi à prendre, en effet, une importance considérable.
    Dotée abondamment d’archevêchés, d’abbayes, de charges politiques, elle commençait à représenter, dans le royaume, une force qui allait constituer bientôt un danger pour le trône.
    Mais Diane, qui ne pensait qu’à enrichir la famille à laquelle ses deux filles s’étaient unies, ne semblait pas s’en soucier. Elle ne pouvait prévoir qu’à cause de son favoritisme aveugle un roi de France se verrait, un jour, contraint aux navrantes nécessités de l’assassinat.
    L’influence sans cesse croissante des Guises dans le gouvernement ulcérait bien des gens de la Cour. Mais le plus fâché de tous était sans doute le connétable de Montmorency, qui se voyait peu à peu évincé.
    En effet, la duchesse de Valentinois, sachant que le roi aimait beaucoup le connétable, s’employait à réduire autant que possible son crédit.
    Tâche difficile, car Henry II considérait Montmorency presque comme un frère aîné, lui passant tout, lui permettant même d’étonnantes familiarités, ce qui n’était pas, d’ailleurs, sans chatouiller la jalousie des Guises. Je ne citerai qu’un exemple : un jour que le roi lui rendait visite avec quelques amis, le connétable demanda le plus naturellement du monde :
    — Est-ce que vous permettez, sire, que je me lave les pieds ?
    Henri acquiesça, sans montrer de surprise. Montmorency fit alors apporter une bassine d’eau chaude, se déchaussa et se livra tranquillement à ses ablutions devant le

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